Catégorie : Les avis de Cassandre

Le cri du corps d’Alexandre Chardin

Résumé

Adam a treize ans, et ce jour-là, il tombe sur le terrain de foot. C’est ici qu’il a marqué ses plus beaux buts, mais aujourd’hui, il n’a pas glissé au milieu d’une partie, non, il est tombé à terre pendant une rixe. Il était venu avec une batte, pour en découdre et bien rigoler ; en face il y avait des poings et des couteaux, avec les frères de sa bande, le sang, il allait défendre l’honneur du quartier. Les pompiers et la police arrivent si vite qu’il n’a pas le temps de se relever pour leur échapper, et Adam décide de faire semblant d’être blessé : c’est décidé, il ne va pas bouger d’un millimètre, mystifier tout le monde, les flics, sa mère et les docteurs, s’il faut ! Sauf qu’Adam, derrière tes paupières fermées, tu le sais, non, que tu ne fais pas semblant ? Tu le sais, que le jeu est allé trop loin ?…

L’avis de Cassandre

Adam est un collégien qui vit dans une cité. Il fait partie d’une bande qu’il appelle « ses frères ». Avec la bande rivale, ils ont l’habitude de se battre à coup de battes, tourner des vidéos et régler leurs comptes. Jusqu’au jour où pendant une rixe de trop, Adam se retrouve seul sur le terrain de foot. Ses « frères » ont pris la poudre d’escampette à l’arrivée de la police. Adam a un plan : il fait le mort, les pompiers le conduisent à l’hôpital. Peu de temps après, le lecteur est pris d’un doute : que se passe-t-il réellement ?

Ce court roman se lit d’une seule traite. On suit Adam qui est hospitalisé et qui va faire le point sur sa vie. Il y a sa famille, ce père violent et désormais absent, sa sœur qui est dure avec lui, ses frères qui l’ont abandonné, le collège et aussi Lison qui lui fait tourner la tête. Sous ses airs de gros durs, se cache un adolescent sensible qui a un bon fond. Comment ne pas être ému par le drame qui s’abat sur Adam et par cette grande injustice ?

Le cri du corps est l’histoire d’une renaissance, d’une deuxième vie qui s’offre à Adam.

Le cri du corps d’Alexandre Chardin, paru en mars 2024 aux éditions Sarbacane, 144 pages, 13,90€

La Mousse de Nina Six

Résumé

Et si la puberté était une catastrophe naturelle ?

2010, Thalle, petite ville de province. Nina se prépare, dans son pavillon où elle vit avec ses parents, à partir pour le collège. Avec ses baskets qui copient une marque connue et ses vêtements larges, elle tente, tant bien que mal, de se donner une allure, et surtout de cacher son corps encore peu formé, contrairement aux filles de son âge. À cause de sa bouille de bébé, elle subit les moqueries de ses camarades, y compris de Camille qui n’assume pas, auprès de ses nouvelles copines populaires, son ancienne amitié avec Nina. C’est donc avec son habituelle boule au ventre que Nina sort de chez elle. Mais ce matin-là, quelque chose a changé, dans l’air, elle le sent…

Et pour cause, non seulement les compteurs météorologiques s’affolent et prédisent l’arrivée imminente d’une tempête et le signe d’une inondation gigantesque, mais une mousse qui paraît étrangement vivante a recouvert tout le vieil aqueduc désaffecté qui encercle la ville…

L’avis de Cassandre

En 2010, Nina Six est collégienne dans une petite ville. L’héroïne se sent seule, abandonnée par sa « meilleure amie » Camille, au profit d’une bande d’ados populaires. Nina est moquée, insultée, brutalisée. Elle est petite, son corps n’est pas encore « formé » et son apparence enfantine est le prétexte tout trouvé pour la transformer en paria de sa classe. Comme si ça ne suffisait pas, Nina s’inquiète : entre la fin du monde annoncée pour 2012 et un violent orage qui va bientôt s’abattre sur la ville… Finalement, on se demande si la tempête intérieure (hormonale) ne serait pas pire que la tempête extérieure (météorologique).

Je me suis reconnue en Nina, une jeune fille à part car elle ne répond pas aux « standards physiques », la moindre différence étant sujette aux moqueries puériles. On a presque tous traversé cette période où on se sent à la fois seul et incompris. Nina Six (l’autrice) parvient à mettre des mots sur la cruelle période de l’adolescence à travers un personnage qui porte son nom et qu’on devine autobiographique.

J’ai aimé les illustrations, la nature qui reprend le dessus sur une ville dont le projet principal a été abandonné et qui suscite de nombreuses manifestations. Il y a un côté assez onirique avec la mousse qui recouvre l’aqueduc, se déploie et dont on ne sait pas grand chose. Les illustrations douces sont contrastées par celles de la tempête qui menace.

Un joli titre qui me donne envie de lire son précédent intitulé Les pissenlits. Je remercie Babelio et les éditions Sarbacane pour cet envoi, dans le cadre d’une opération Masse Critique.

La Mousse de Nina Six, paru en janvier 2024 aux éditions Sarbacane, 112 pages, 22€

Ce feu qui nous consume de Rory Power

Résumé

« Je connais ce visage. C’est le mien. C’est celui de ma mère. Là, devant moi, il y a une inconnue avec mon visage. Et elle est morte. »
Margot Nielsen se rend pour la première fois dans la ville natale de sa mère. En explorant l’ancienne propriété familiale en ruine, elle pensait enfin renouer avec ses racines. Mais à vouloir déterrer les secrets de famille, on court le risque de se brûler les ailes. 

L’avis de Cassandre

Margot a dix-sept ans et a toujours vécu seule avec sa mère. Selon cette dernière, elles n’ont aucune famille. Elles ne sont que deux et se suffisent à elles-mêmes (ou pas). Margot en a assez des secrets et découvre un beau jour qu’elle a une grand-mère maternelle. Le silence de sa mère la pousse à partir à la rencontre de cette grand-mère inconnue.

Dès le début de l’histoire, Rory Power instille une ambiance particulière, sombre et étrange. La mère de Margot n’entretient pas une relation normale avec sa fille. Elle fuit constamment, dissimule et leurs liens sont conflictuels. Et puis, il y a cette flamme qu’elle entretient en permanence comme si sa vie en dépendait… Si la mère est bizarre, la grand-mère n’est pas en reste. Quand Margot arrive chez elle, non seulement un incendie se déclare sur ses terres, mais en plus, une jeune fille est retrouvée morte. La grand-mère reste impassible et refuse de répondre aux nombreuses questions de sa petite-fille. Dans quel pétrin Margot s’est-elle fourrée ?

Le moins qu’on puisse dire est que ce roman est original. Qu’on se sent mal dans cette ferme familiale où malgré les incendies qui se succèdent, une froideur extrême se dégage. On pressent un événement effroyable à venir, sans qu’on puisse déterminer ni quoi ni comment. Pour cette raison, il m’a été difficile de reposer ma lecture avant d’en connaître le dénouement.

Pour conclure, un roman atypique à l’ambiance glauque et au final inattendu !

Ce feu qui nous consume de Rory Power, paru en avril 2024 aux éditions Robert Laffont, 384 pages, 19€

La traversée de Jim d’Alia Cardyn et Nathaniel H’limi

Résumé

Jim, jeune pré-adolescent, voit son monde s’effondrer le jour où il apprend qu’il est atteint d’un cancer. Ce livre raconte son voyage vers la rémission.

« Bonjour, je m’appelle Jim. Ceci est mon histoire. Je veux la raconter parce que le jour où mon monde a été secoué par la maladie, j’aurais aimé savoir où j’allais. J’aurais surtout aimé savoir que la vie continue, même avec un cancer. Que l’on continue à rêver, à s’aimer, à rire, à pleurer, à être juste soi, parfois si petit, parfois si fort. »

L’avis de Cassandre

J’aime beaucoup les écrits d’Alia Cardyn et ses travaux autour de la maternité, des femmes et de leurs droits. J’ai eu envie de découvrir cet album important sur le cancer pédiatrique car je savais que l’écrivaine trouverait les mots justes pour parler de ce sujet sensible.

Jim est un pré-adolescent qui s’apprête à recevoir un diagnostic lourd et effrayant, on lui annonce qu’il a un cancer. Il nous raconte le rendez-vous avec le médecin, le choc, la colère. Il nous parle de ses séances avec une psychologue qu’il surnomme Marinette la Coquette. On le suit dans son protocole hospitalier, pendant ses soins. Jim va rencontrer d’autres malades avec lesquels il va se lier d’amitié. J’ai été très émue par cet album et j’ai aimé la manière dont le sujet est abordé. Bien sûr, le récit est dur mais on ne tombe pas dans le larmoyant et à l’inverse, pas dans l’édulcoré non plus. Alia Cardyn parvient à expliquer le cancer, rassurer et nous montrer que la vie continue, qu’il y a des moments de bonheur, de rire, de partage, d’amour et d’amitié malgré la maladie. J’ai aussi apprécié la partie sur le fait que l’enfant n’est pas responsable de la maladie et sur l’acceptation de la question sans réponse « pourquoi moi ? ».

Un album bouleversant et essentiel pour sensibiliser sur la maladie et aussi pour pouvoir y faire face et accompagner un proche malade. Les illustrations de Nathaniel H’limi complètent parfaitement le texte.

La Traversée de Jim d’Alia Cardyn et Nathaniel H’limi, paru en mars 2024 aux éditions Robert Laffont, 72 pages, 14,90€

Incroyables métamorphoses de Sophie Blitman et Marlène Normand

Résumé

Les animaux se transforment en changeant de forme, de couleur, de sexe, de taille, etc. C’est essentiel pour grandir, se protéger, séduire ou encore pour attaquer. Ces changement sont liés à l’évolution des espèces mais aussi aux changements climatiques pour assurer leur survie. 
Des animaux préhistoriques en passant par des insectes, des poissons, des oiseaux mais aussi des mammifères… Découvre tous les animaux qui se cachent derrière ces incroyables transformations et vibre au rythme de 11 BD drôles et touchantes, au plus près des animaux. 

L’avis de Cassandre

Impossible de ne pas être subjugué par une aussi jolie couverture. Les couleurs sont superbes, les dessins précis et détaillés et le regard du renard polaire est hypnotique. J’étais impatiente de me plonger dans cet album-documentaire.

On y parle des nombreux pouvoirs des animaux et plus précisément, des métamorphoses dont ils sont capables pour s’adapter à leur environnement, éviter un prédateur, se reproduire ou tout simplement passer un hiver difficile. Nous partons pour un tour du monde animalier, à la rencontre d’espèces connues et méconnues qui vont nous révéler leurs petits secrets.

J’ai trouvé cet album passionnant et très bien documenté. Il y a finalement très peu de choses que je connaissais déjà. L’album est composé de différentes parties thématiques, on y trouve des anecdotes détaillées par animal ainsi qu’une planche de bande dessinée humoristique mettant en scène un autre animal, sur chaque double-page. Tout comme la couverture, de grandes illustrations sont présentes dans l’album, elles sont très détaillées et colorées, un travail minutieux et ravissant.

Pour conclure, il s’agit d’un magnifique album qui ravira les enfants dès 7 ans et leurs parents. Une vraie mine d’informations qui nous offre une réflexion intéressante sur les capacités d’adaptation des animaux, notamment face aux enjeux climatiques.

Incroyables métamorphoses de Sophie Blitman et Marlène Normand, paru en mars 2024 aux éditions Nathan, 56 pages, 14,95€

A bicyclette sous l’Occupation de Cécile Jugla et Amandine Meyer

Résumé

Claude a 10 ans et vit à Paris pendant l’Occupation allemande. Les Parisiens se débrouillent comme ils peuvent car on manque de tout… Ils ont troqué leur automobile pour le vélo. Et chez les Bertin, le vélo est une affaire de famille : avant la guerre, le père de Claude était un coureur cycliste hors pair !
Ce matin, Claude et sa sœur prennent le tandem pour partir chez pépé et mémé se ravitailler à la campagne. Au cours de leur traversée de Paris, tu croiseras avec eux des files d’attente devant les magasins, des contrôles allemands, un jeune Juif caché chez le réparateur de cycles… et tu découvriras leur lien avec la Résistance !
Un album-aventure pour découvrir la vie sous l’Occupation à bord d’un véhicule emblématique de l’époque, qu’on utilise encore : la bicyclette.

L’avis de Cassandre

La Seconde Guerre Mondiale est un sujet que je trouve passionnant. Alors un docu-fiction à destination des enfants, j’étais très intriguée.

Claude a dix ans en 1942. Avec sa grande sœur, Simone, ils vont partir en tandem de Paris vers la campagne, chez leurs grands-parents pour se ravitailler. Mais le parcours de 35km n’est pas de tout repos et nombreux sont les dangers de la capitale en guerre.

J’ai été conquise par cet album ! J’ai adoré suivre ces deux personnages et leur traversée en tandem. On découvre Paris sous l’Occupation et tout ce que cela engendre : les pénuries, la faim, le couvre-feu, les contrôles, les restrictions, la Résistance et bien d’autres encore. On y découvre les décors, les vêtements, les véhicules de l’époque. On se projette facilement en 1942 et on imagine la vie des Parisiens, en particulier des enfants. Cet album est bien documenté et plein de détails historiques.

Côté illustrations, j’ai là aussi adoré. Elles sont sobres, douces et les décors sont immersifs. Elles sont belles et collent parfaitement au texte. Un album original et bien conçu !

A bicyclette sous l’Occupation de Cécile Jugla et Amandine Meyer, paru en avril 2024 aux éditions Nathan, 32 pages, 12,95€

Je t’ai aimé dans une autre vie de David Arnold

Résumé

Evan et Shosh ont des rêves. Il veut dessiner la faune et la flore en Alaska. Elle veut devenir une star à Hollywood.
Mais Evan doit s’occuper de sa mère malade et de son petit-frère hypersensible. Et Shosh ne sait plus vivre sans alcool depuis l’accident de voiture qui a emporté sa soeur.
Alors que l’avenir semble sombre et incertain, une voix qui ne chante que pour eux les porte irrésistiblement l’un vers l’autre.
Et s’ils étaient destinés à s’aimer par-delà l’espace et le temps, et, ensemble, à tout surmonter ?
Un récit réjouissant et poétique sur la puissance de l’amour sous toutes ses formes.

L’avis de Cassandre

Je ne dis jamais non à une histoire d’amour, surtout celles du genre Young Adult dont je ne me lasse pas. Et si Adam Silvera la recommande, c’est un vrai plus à mes yeux !

Dans ce roman, nous alternons les chapitres et les personnages. Nous suivons Evan dont le père est parti, les laissant seuls sa mère, son jeune frère et lui. Sa mère doit prendre un deuxième job pour nourrir ses fils, et quand une mauvaise nouvelle leur tombe dessus, l’univers d’Evan s’écroule. Il en vient à renoncer à ses rêves. En parallèle, Shosh a aussi laissé un avenir brillant en stand-by suite au décès brutal de sa sœur avec qui elle était fusionnelle. Elle cumule les excès et termine régulièrement au poste de police. Ces deux protagonistes souffrent chacun de leur côté et sombrent de plus en plus. Ils ne se connaissent pas encore et ont un drôle de point commun, ils sont les seuls à entendre des chansons.

Je dois vous avouer ressortir de cette lecture quelque peu mitigée. J’ai aimé l’écriture, le côté poétique et surnaturel (les chansons qu’ils entendent, les entractes entre les parties qui parlent de réincarnation de nos personnages, toujours sur la thématique de l’amour). J’ai apprécié les personnages secondaires, notamment Maya, la psychologue d’Evan ou Will, son petit-frère. Mais les personnages principaux me semblaient trop fades. J’ai surtout peiné à m’attacher à Shosh, peut-être car ce sont des chapitres écrits à la troisième personne et pas à la première comme ceux d’Evan. J’ai aussi trouvé que l’histoire manquait de rebondissements et d’action, j’aurais aimé quelques remous à leur histoire.

Pour conclure, une lecture agréable narrée par la belle plume de David Arnold mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Je t’ai aimé dans une autre vie de David Arnold, paru en mars 2024 aux éditions Robert Laffont, 432 pages, 19€

Eduquer : tout ce qu’il faut savoir d’Isabelle Filliozat

Résumé

Elle montre comment favoriser chez tout enfant l’autonomie, la responsabilité, les compétences émotionnelles, le plaisir de s’exprimer.
Il ne s’agit nullement de n’énoncer aucune règle, de ne jamais dire non à son enfant, de lui laisser tout faire sans limites. Une éducation positive implique un cadre, elle enseigne la tolérance à la frustration. Mais elle refuse la violence, sous ses formes les plus manifestes comme les plus subtiles. Par-dessus tout, elle respecte les besoins, les rythmes et les droits de l’enfant.
Dans ce livre, qui présente le panorama de plus de quarante ans de recherche, Isabelle Filliozat montre de façon lumineuse et simple comment cultiver ses compétences parentales, sans se mettre la pression, sans se culpabiliser.
Pour être un parent heureux et confiant, dans une société plus empathique.

L’avis de Cassandre

J’ai beaucoup entendu parler d’éducation positive ou d’éducation bienveillante et j’avoue que j’avais de nombreux aprioris sur cette méthode. Je m’imaginais l’éducation un peu « Bisounours » et permissive, en opposition à l’éducation « classique » et autoritaire. J’avais envie d’approfondir le sujet, d’autant plus car j’apprécie les écrits d’Isabelle Filliozat, psychothérapeute.

Dans ce livre pratique, on découvre ce qu’est réellement l’éducation positive. Isabelle Filliozat commence par expliquer les résultats de différentes expériences et statistiques autour des enfants, les traumatismes, l’autorité, les règles, le stress, les carences affectives, les problèmes auxquels sont confrontés les enfants mais aussi la place des enfants en France. J’ai trouvé cette partie passionnante et bien explicitée. Isabelle Filliozat nous donne ensuite des clés pour mettre en place des actions selon les problèmes rencontrés. Elle s’appuie sur son expérience personnelle avec ses enfants, sa propre enfance, celle de ses parents, les enfants de son entourage mais aussi d’autres parents et autres thérapeutes.

Ce guide permet de faire le point sur sa propre éducation et celle que l’on donne à ses enfants. J’ai pu prendre du recul par rapport à des situations du quotidien, des interprétations parfois biaisées sur le comportement de mon enfant. J’ai grandement apprécié les outils qui y sont donnés et le fait qu’il y ait des actions concrètes à mettre en place. Comme tout guide pratique, il y a des choses qui font plus écho en moi que d’autres. Un titre passionnant qui m’a fait ouvrir les yeux sur les réels besoins de l’enfant et comment je peux y répondre en tant que parent.

Éduquer : tout ce qu’il faut savoir d’Isabelle Filliozat, paru en mars 2024 aux éditions Robert Laffont, 368 pages, 21€

Le Réseau Jane de Heather Marshall

Résumé

Trois femmes. Trois époques. Un seul combat.
Evelyn, elle, n’a pas eu le choix. Dans les pieuses années 1960, les filles-mères étaient envoyées en foyer où, après avoir accouché, leur bébé leur était retiré. Vingt ans plus tard, c’est à un réseau clandestin, le réseau Jane, que Nancy, jeune étudiante de Toronto, se voit contrainte de s’adresser. Et puis il y a Angela, qui ne peut pas avoir d’enfants dans un monde où l’avortement est enfin devenu un droit… Mais pour combien de temps ?
Ces trois femmes l’ignorent encore, mais elles partagent plus que des convictions : une histoire commune…

L’avis de Cassandre

Le Réseau Jane est l’histoire de trois Canadiennes aux destins croisés. Nous rencontrons d’abord Evelyn Taylor, en 1960. La jeune femme est enceinte et son fiancé étant décédé, ses parents la placent dans un foyer religieux. Elle y passera sa grossesse, devra accoucher et confier l’enfant à l’adoption et pourra rentrer chez elle par la suite. Mais rien ne se passe comme prévu et les jeunes femmes (ou filles) vivent dans des conditions révoltantes. Plusieurs années plus tard, nous retrouvons Evelyn, devenue médecin. En parallèle, nous suivons Nancy dans les années 1980 qui fera la rencontre d’Evelyn. Enfin, en 2017, Angela découvre une lettre perdue depuis dix ans à l’attention de Nancy qu’elle ne connaît pas.

Si l’avortement est l’une des thématiques du roman, ce sujet n’en est cependant pas le principal. Le Réseau Jane est un roman sur la maternité et sur les femmes. On y parle du droit des femmes, de celui de disposer de leur propre corps, de choisir ou non la maternité et de s’affranchir du patriarcat. Le destin de ces femmes est terrible et m’a fait réfléchir sur les combats d’hier et ceux d’aujourd’hui. Elles ont vécu dans un passé pas si lointain et qui est si révoltant ! Je me suis attachée aux trois femmes et j’ai été émue par leur histoire.

Le Réseau Jane est un récit fictif qui s’appuie toutefois sur des témoignages, notamment concernant les foyers où les femmes n’étaient pas pensionnaires mais détenues ou encore la légalisation de l’avortement. Un roman poignant et bouleversant !

Le Réseau Jane de Heather Marshall, paru en mars 2024 aux éditions Pocket, 448 pages, 9€

Hurlements d’Alexis Laipsker

Résumé

« J’ai enlevé cinq femmes. Je les fais souffrir. Lentement. Avec une savante cruauté. Ce n’est que le début. »
C’est par cette glaçante menace que le célèbre commissaire Venturi se voit défier par un criminel machiavélique qui n’a négligé aucun détail pour concevoir sa machination morbide.
La dernière victime, sauvée de peu, n’est autre qu’Olivia Montalvert, la criminologue avec qui le vieux briscard revenu de tout fait équipe, si tant est qu’il ne soit pas mis sur la touche par la police des polices ! Cet éternel insatisfait, plus pressé que jamais, se lance dans une course contre la montre où l’erreur n’est pas permise.
De son côté, le lieutenant Julien Dastray découvre une femme affreusement mutilée sur la scène d’un théâtre abandonné. Dastray se jette dans une traque infernale. Mais pour quelle raison ce flic solitaire se trouvait-il sur les lieux ? Se pourrait-il que le criminel exerce une emprise sur lui ?
N’a-t-il pas tout prévu ?
Depuis le début…

L’avis de Cassandre

J’ai découvert Alexis Laipsker il y a quelques années et je ne loupe aucune de ses parutions. Dans le précédent polar intitulé Les poupées, nous avons rencontré un drôle de duo : Victor Venturi, commissaire accompagné d’Olivia Montalvert, criminologue surnommée Menthe à l’eau. Nous les retrouvons à nouveau dans une enquête toute fraîche.

Dans cet opus, le corps d’une femme est découvert dans un théâtre désaffecté. La victime a été atrocement mutilée et la pauvre est toujours en vie, ses souffrances sont inimaginables. Le sadique qui a commis cela a revendiqué d’autres disparitions et a prévenu Venturi : le jeu ne fait que commencer !

Dans Hurlements, nos personnages principaux vont devoir s’armer de patience et faire preuve de jugeote pour arrêter un détraqué. Ce polar est particulièrement sombre et sanglant, il faudra avoir le cœur et les tripes bien accrochés ! J’ai été totalement bernée, à mille lieues de me douter de l’identité du méchant (vraiment très méchant). J’ai également adoré la partie psychologie du coupable qu’Olivia parvient à cerner au fil de l’intrigue.

Une fois de plus, Alexis Laipsker nous offre un véritable page-turner. Je suis heureuse d’avoir retrouvé notre duo perspicace et complémentaire dans une enquête aussi diabolique. Il ne me reste plus qu’à me jeter sur la suite !

Hurlements d’Alexis Laipsker, paru en mars 2024 aux éditions Pocket, 432 pages, 8,60€