Étiquette : féminisme

Le Réseau Jane de Heather Marshall

Résumé

Trois femmes. Trois époques. Un seul combat.
Evelyn, elle, n’a pas eu le choix. Dans les pieuses années 1960, les filles-mères étaient envoyées en foyer où, après avoir accouché, leur bébé leur était retiré. Vingt ans plus tard, c’est à un réseau clandestin, le réseau Jane, que Nancy, jeune étudiante de Toronto, se voit contrainte de s’adresser. Et puis il y a Angela, qui ne peut pas avoir d’enfants dans un monde où l’avortement est enfin devenu un droit… Mais pour combien de temps ?
Ces trois femmes l’ignorent encore, mais elles partagent plus que des convictions : une histoire commune…

L’avis de Cassandre

Le Réseau Jane est l’histoire de trois Canadiennes aux destins croisés. Nous rencontrons d’abord Evelyn Taylor, en 1960. La jeune femme est enceinte et son fiancé étant décédé, ses parents la placent dans un foyer religieux. Elle y passera sa grossesse, devra accoucher et confier l’enfant à l’adoption et pourra rentrer chez elle par la suite. Mais rien ne se passe comme prévu et les jeunes femmes (ou filles) vivent dans des conditions révoltantes. Plusieurs années plus tard, nous retrouvons Evelyn, devenue médecin. En parallèle, nous suivons Nancy dans les années 1980 qui fera la rencontre d’Evelyn. Enfin, en 2017, Angela découvre une lettre perdue depuis dix ans à l’attention de Nancy qu’elle ne connaît pas.

Si l’avortement est l’une des thématiques du roman, ce sujet n’en est cependant pas le principal. Le Réseau Jane est un roman sur la maternité et sur les femmes. On y parle du droit des femmes, de celui de disposer de leur propre corps, de choisir ou non la maternité et de s’affranchir du patriarcat. Le destin de ces femmes est terrible et m’a fait réfléchir sur les combats d’hier et ceux d’aujourd’hui. Elles ont vécu dans un passé pas si lointain et qui est si révoltant ! Je me suis attachée aux trois femmes et j’ai été émue par leur histoire.

Le Réseau Jane est un récit fictif qui s’appuie toutefois sur des témoignages, notamment concernant les foyers où les femmes n’étaient pas pensionnaires mais détenues ou encore la légalisation de l’avortement. Un roman poignant et bouleversant !

Le Réseau Jane de Heather Marshall, paru en mars 2024 aux éditions Pocket, 448 pages, 9€

La fille qui prenait les armes d’Amy Harmon

Résumé

Massachusetts, 1780. Depuis la petite ferme isolée du Massachusetts où elle travaille comme servante depuis ses dix ans, Deborah Samson rêve de Boston, de New York et de Philadelphie, de découvrir des endroits qui n’ont pas encore de nom… À vingt et un ans, elle attend impatiemment le jour où elle pourra enfin goûter à la liberté et explorer le monde. Alors, quand la guerre pour l’indépendance des colonies éclate, elle trouve dans la cause américaine, opposée à l’oppression anglaise, un écho singulier à sa propre situation. Enflammée par les rêves de liberté d’un pays tout entier, Deborah bande sa poitrine, enfile un uniforme et s’enrôle dans l’armée continentale. Sa taille élancée fait d’elle un soldat convaincant, mais les risques sont considérables et, confrontée à l’horreur du champ de bataille, elle devra lutter pour garder son identité secrète… Inspirée d’une histoire vraie, une fresque saisissante de la guerre d’indépendance américaine portée par une héroïne forte et libre qui s’émancipe de tous les carcans de son temps.

L’avis de Cassandre

Deborah Samson est âgée de vingt et un ans en 1780. Elle a grandi dans le Massachussetts et a toujours rêvé grand. Elle aimerait voyager, découvrir le monde, courir comme un garçon, s’accomplir. Ce qui n’est pas compatible quand on est embauchée dans une famille en tant qu’aide-ménagère. Quand la guerre d’Indépendance est déclarée et que les dix garçons de la famille sont progressivement enrôlés, Deborah n’a plus vraiment sa place. Elle décide alors de braver tous les interdits et de se faire passer pour un jeune homme pour rejoindre les forces armées…

Deborah Samson a réellement existé. Elle a été incroyablement courageuse et s’est battue avec bravoure. Amy Harmon a décidé de la faire connaître et lui rendre hommage à travers une histoire fictionnelle mais basée sur des faits réels. J’ai été bluffée par ce personnage hors du commun. J’ai trouvé Deborah intelligente, féministe, avant-gardiste et très inspirante. J’ai adoré la suivre dans ses aventures aux multiples rebondissements.

La fille qui prenait les armes
est un roman qui se dévore malgré son grand nombre de pages. Il y a aussi une dimension romantique qui m’a énormément plu. Les autres personnages sont touchants, en particulier le Général John Paterson.

Pour conclure, je suis ravie d’avoir découvert l’histoire de Deborah Samson à travers la jolie plume d’Amy Harmon !

La fille qui prenait les armes d’Amy Harmon, paru en octobre 2023 aux éditions Charleston, 512 pages, 22,90€

Pleurer pour un rien, c’est déjà beaucoup de Chloé Lume

Résumé

Le chemin en vers d’une jeune fille d’aujourd’hui tombée enceinte sans le vouloir

Il y a deux secrets dans la vie d’Adèle :

• un secret bien à elle : elle est enceinte de son amoureux, Nilo ;

• et un drame familial qui les dévore tous et s’apprête à ressurgir.

Alors, entre amour malmené, amitié combattive, drame familial et regard de la société, Adèle a-t-elle vraiment la place d’exister pour elle ?

Un premier roman en vers d’une maestria lumineuse.

L’avis de Cassandre

Adèle et Nilo, dix-sept ans, s’aiment profondément. Le couple s’est formé il y a quelques années et les deux adolescents sont très soudés. Jusqu’au jour où Adèle a un retard de règles, un doute croissant et puis, les deux traits verticaux sur le test de grossesse, tel un bouton « pause ». Le monde d’Adèle s’écroule. La jeune fille est perdue, ne sait pas quoi faire, ni à qui parler.

Dans la littérature Young Adult, il existe de nombreux livres qui abordent la thématique de grossesse non désirée. J’ai trouvé celui-ci particulièrement brillant et réussi. Premièrement, j’ai été conquise par la forme, il s’agit de prose en vers libres. On y trouve des pensées, des calligrammes, des échanges de SMS, aussi. Ce style me plaît car la lecture est rapide mais pas moins intense.

J’ai été touchée par Adèle, Nilo mais aussi par la famille d’Adèle qui est écrasée par le poids des non-dits et des blessures anciennes qu’on a voulu taire. L’interêt de ce roman n’est pas tant le choix final mais plutôt le cheminement pour y parvenir. Adèle se retrouve face à un choix qu’elle aurait voulu ne jamais avoir à faire. Chloé Lume retranscrit les émotions de la jeune fille avec beaucoup de sensibilité. Elle nous montre que choisir de poursuivre ou non sa grossesse est un choix définitif et extrêmement difficile. J’ai apprécié la documentation et la bienveillance autour de ce sujet sensible.

Pour conclure, j’ai dévoré ce roman en quelques heures et j’ai été bouleversée par la tempête que traverse le couple d’adolescents. J’ai grandement apprécié la présence de l’entourage et les précieux conseils qui leur sont prodigués. Une lecture essentielle et une plume douce et poétique. Un sans faute !

Pleurer pour un rien, c’est déjà beaucoup de Chloé Lume, paru en février 2024 aux éditions Sarbacane, 336 pages, 17€

Césure – 5 femmes partagent leur désir d’ailleurs de Laure Garancher

Résumé

Pourquoi partir ? Se retrouver ? Vivre différemment ? Découvrir ses origines ? Apprendre et se sentir utile ? Rompre avec la routine ? Cinq femmes qui ont fait le choix de partir et de revenir nous entraînent dans le sillage de leur voyage à travers un road-BD inspirant !

Césure est une réflexion sur le voyage à travers les parcours croisés de cinq femmes. Chacune a ses raisons de vouloir partir et en revient transformée. Découpés en 6 chapitres, les portraits d’Emilie, Laurence, Maylis, Elena et Victoire, évoquent successivement leur jeunesse, la préparation de leur périple, la communication et leurs difficultés sur place et enfin le retour

Cette BD replace les femmes au coeur de leurs initiatives, les confrontent à leurs difficultés tout en les réconciliant avec leurs origines, leurs familles et elles-mêmes. 

L’avis de Cassandre

Elles s’appellent Emilie, Laurence, Maylis, Elena et Victoire. Elles ne se connaissent pas mais ont une passion commune : Voyager. Césure est un roman graphique où chacune des cinq femmes est dessinée par une illustratrice différente. Le livre est séparé en chapitres thématiques tels que leur enfance, la préparation de leur voyage, les difficultés rencontrées sur place ou encore, le retour en France métropolitaine. On alterne ainsi les différents points de vues de nos héroïnes.

Césure est un titre qui m’a fait beaucoup de bien. Je me suis attachée à ces femmes différentes mais qui partagent tant en commun. Elles nous expliquent leur passion pour le voyage, leurs choix de vie, ce que voyager leur apporte. Césure est aussi un message aux femmes qui nous montre qu’on peut voyager seule et qu’on ne devrait pas avoir peur, au contraire. Ce roman graphique donne envie de tout plaquer, de découvrir le monde qui nous entoure et de s’émanciper. J’ai aussi aimé l’invitation à la déconnexion et au lâcher prise, pouvoir se laisser porter, prendre du recul, s’émerveiller et pourquoi pas méditer ?

J’ai également adoré les illustrations, très actuelles et qui correspondent toutes à l’univers de chacune des protagonistes. L’objet-livre est superbe, une jolie couverture colorée et reliée.

Pour conclure, un livre qui donne envie de faire ses valises sur le champ !

Césure – 5 femmes partagent leur désir d’ailleurs de Laure Garancher, paru en janvier 2024 aux éditions Nathan, 192 pages, 24€

No Kids de Julie Rey

Résumé

On veut un avenir : un vrai, un grand, avec des rêves dedans.

 Malika, dix-sept ans, milite pour le mouvement écologiste No Kids. Morten est amoureux de Malika et la soutient dans son combat. Kylian, le meilleur ami de Morten, veut faire accepter son asexualité. L’équilibre du trio est bouleversé lorsque Malika tombe enceinte et décide d’avorter. Sur ce chemin effrayant et solitaire, elle trouvera dans les carnets de sa grand-mère, engagée auprès de Gisèle Halimi et du Mouvement de libération des femmes, une aide inespérée.

L’avis de Cassandre

No Kids est un roman à la construction singulière. Il est présenté comme une pièce de théâtre intimiste, avec peu de personnages mais beaucoup de profondeur. Nous rencontrons Morten (oui, c’est un prénom scandinave !) et Malika. Ils sont en couple depuis huit mois (et demi) et militent pour le mouvement No Kids. Ce groupe cherche à éveiller les consciences sur l’impact environnemental gigantesque lié au fait d’avoir des enfants. Leurs actions sont surtout pacifistes. Il y a aussi Kylian, le meilleur ami de Morten qui ne parvient pas à surmonter le décès de son père ni à faire accepter son asexualité à ses proches. L’histoire de nos personnages sont entrecoupés d’extraits de journal intime de la défunte grand-mère de Malika, militante et amie de Gisèle Halimi. Les combats d’autrefois et ceux d’aujourd’hui ne sont-ils pas un peu les mêmes ?

J’ai accroché au style du roman : peu de personnages, seulement trois décors différents et trois personnages secondaires mais qui se suffisent à eux-mêmes. Dans No Kids, on parle de sujets majeurs et de droits comme celui à l’avortement et celui de pouvoir décider pour son propre corps. On parle évidemment d’écologie, de féminisme mais aussi d’amour et de tolérance. J’ai adoré Malika et Morten, leur relation amoureuse qui rencontre des tumultes et qui est imparfaite mais tellement belle à la fois.

La cause No Kids est un véritable coup de poing qui rappelle aussi qu’avoir des enfants n’est pas l’objectif de chacun et que personne ne devrait rien trouver à y redire.

Pour conclure, un texte court et percutant qui se dévore en quelques heures à peine, j’ai adoré !

No Kids de Julie Rey, paru en janvier 2024 aux éditions Robert Laffont, 336 pages, 16€

Le souffle des rêves de Clarisse Sabard

Résumé

New York, 1987. Entre son emploi de chroniqueuse musicale et les pressions de son mari pour avoir un enfant, Abigail suffoque. Pourquoi ne pas faire un tour en Irlande, le pays de sa grand-mère, décédée quelques mois plus tôt ? Celui de sa mère, aussi, une comédienne qui ne l’a pas élevée…
Là-bas, à Cork, Abby fait bientôt la découverte d’un lot de cassettes audio enregistrées naguère par Granny : la vieille dame y raconte son passé méconnu, trouble, son arrivée à New York en 1910, la prohibition, la guerre des gangs… Et en filigrane, ce qui unit ces trois femmes d’un même sang : un seul et même rêve, et qui souffle encore.

L’avis de Cassandre

J’ai lu de nombreux romans de Clarisse Sabard et ceux-ci me plaisent tellement que je les débute sans même lire le résumé !

En 1987, nous rencontrons Abby, une journaliste qui vit à New York avec son mari Michael, un éminent avocat. Ce dernier et la belle-famille d’Abby exercent sur elle une forte pression et attendent d’elle le Graal : un enfant. Abby, elle, rêve surtout de faire carrière et de donner du sens à sa vie. Leur mariage bat de l’aile et sur un coup de tête, elle prend le premier vol direction l’Irlande. Ce voyage n’est pas anodin, sa mère s’y trouve et Abby va pouvoir renouer avec ses racines irlandaises. Ce roman choral s’étend sur plusieurs époques, des années 1910 à nos jours.

Il s’agit d’une saga familiale sur trois générations de femmes. Lucy, la grand-mère de notre héroïne, aujourd’hui disparue, lui a laissé une valise pleine de cassettes et de lettres lui racontant sa vie. La jeune femme va découvrir l’extraordinaire histoire de sa Granny. Lucy a grandi en Irlande et a émigré aux Etats-Unis en 1910, à l’âge de dix ans. Là-bas, ils vont connaître la pauvreté, la violence, les gangs. Le rêve américain est déjà bien loin. J’ai aimé découvrir cette époque et les suivantes. Clarisse Sabard nous captive et nous fait voyager, de la campagne irlandais à la Grosse Pomme. Le côté historique m’a plu : le naufrage du Titanic, la Prohibition, le conflit Nord-Irlandais etc..

Je me suis fortement attachée à ces femmes fortes, qui se sont battues pour s’élever et s’affranchir. J’ai été particulièrement touchée par les liens entre elles et par la thématique de la transmission.
Clarisse Sabard signe un roman très réussi, êtes-vous prêts pour le voyage ?

Le souffle des rêves de Clarisse Sabard, paru en mars 2023 aux éditions Pocket, 528 pages, 9,20€

Memphis de Tara M. Stringfellow

Résumé

Dans la chaleur étouffante de l’été 1995, après un énième débordement de colère de son père, Joan North trouve refuge avec sa mère et sa jeune soeur dans la majestueuse maison qui a vu les femmes de sa famille grandir. Tapissé de lierre et de chèvrefeuille où nichent colibris, abeilles et papillons, ce verdoyant havre de paix semble raconter sa propre histoire. En poussant la gigantesque porte de bois, Joan sait qu’elle va découvrir d’innombrables fantômes. Celui de son grand-père, lynché après être devenu le premier inspecteur noir de la ville. Celui de sa grand-mère qui, guidée par une rage incandescente, transforma son salon en lieu de rassemblement du mouvement révolutionnaire noir de Memphis. Et sa propre terreur, qui la submerge en même temps que ses souvenirs lorsqu’elle passe le seuil de la véranda.

Confrontée aux tragédies des générations qui l’ont précédée dans cette demeure, Joan devine intimement, du haut de ses dix ans, que la violence n’est jamais loin…

Le portrait bouleversant de trois générations de femmes noires, qui célèbre la complexité de ce qui se transmet au sein d’une famille, d’une communauté et d’une nation tout entière.

L’avis de Cassandre

Voilà un roman que j’aurais décidément dû sortir de ma PAL bien avant, tant je l’ai aimé. Memphis est l’histoire de trois générations de femmes afro-américaines, ayant vécu dans la même maison. Nous suivons donc Hazel, la grand-mère, ses filles Miriam et August ainsi que Joan et Mya, les filles de Miriam. Nous alternons aussi bien les personnages que les époques, oscillant entre les années 1940 jusqu’au début des années 2000.

De quoi parle ce roman ? De la condition des femmes et surtout, des femmes noires aux États-Unis, mais pas que. Memphis traite surtout de violences, celle faite aux femmes, aux Noirs, aux enfants, la ségrégation, le racisme, le viol aussi. Pour ces raisons, l’histoire comporte des chapitres difficiles mais ô combien nécessaires.

Tara M. Stringfellow m’a émue. Ses personnages sont attachants et m’ont beaucoup fait réfléchir. Elles refusent d’être des victimes et se battent pour leurs droits, pour leur famille et pour elles-mêmes. La vie ne leur a pas fait de cadeaux, elles ont souffert et vécu l’indicible mais elles vont tirer des leçons de leurs malheurs et en faire une force.

Memphis est un roman qui prend aux tripes, qui fait pleurer aussi. Derrière les nuages, se cache tout de même une belle lueur d’espoir. J’ai apprécié la dimension historique du récit, on y trouve d’ailleurs des faits réels comme l’assassinat de Martin Luther King, les différentes guerres qui ont marqué les États-Unis, l’attaque terroriste de 2001. L’écrivaine s’est également inspirée de sa propre histoire familiale.

Pour conclure, il s’agit d’un gros coup de cœur, une belle leçon de courage, de féminisme et de pardon aussi. Lisez ce roman !

Memphis de Tara M. Stringfellow, paru en janvier 2023 aux éditions Charleston, 368 pages, 22,90€

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi

Résumé

Leyla, Shabaneh et Rodja se sont rencontrées sur les bancs de l’université à Téhéran. Soudées par un lien indéfectible, elles s’efforcent, envers et contre tout, de mener une vie libre. Leyla s’est mariée avec Misagh et a débuté une carrière de journaliste. Shabaneh est habitée par ses lectures et les souvenirs de la guerre. Rodja vient d’être acceptée en doctorat à Toulouse – il ne lui manque plus que son visa. Mais cet équilibre fragile vacille quand Misagh part seul pour le Canada.

En un été et un automne, entre espoirs et déconvenues, toutes trois affrontent leurs contradictions. Suffit-il de partir pour être libre ?

L’automne est la dernière saison est le reflet sensible et bouleversant de la société iranienne d’aujourd’hui. Une histoire prodigieuse et universelle d’amour et d’amitié.

L’avis de Cassandre

En premier lieu, je remercie sincèrement l’équipe de Kube et les éditions Zulma grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman via une opération Book Club.

L’histoire se déroule en Iran et nous suivons alternativement, trois jeunes femmes et amies durant deux saisons seulement, l’été, puis l’automne. Leyla ouvre la marche. Son mari qu’elle aimait et adulait est parti pour le Canada. Elle n’a pas voulu le suivre, persuadée qu’il renoncerait à son départ pour elle. Depuis, son cœur est en miettes et elle déprime, n’a plus goût à rien. Shabaneh, quant à elle, est rêveuse, toujours la tête plongée dans un roman. Elle est ingénieure dans un cabinet. Arsalan est l’un de ses collègues de travail et souhaite l’épouser. Shabaneh est partagée, elle n’est pas sûre de l’aimer et se sent rapidement prise au piège. Cette femme m’a profondément émue. Elle porte sur elle le poids de nombreux malheurs et s’oublie elle-même. Elle s’occupe énormément de son frère, Mahan, atteint de handicap mental et dont leur mère ne tolère pas sa seule vue… Enfin, il y a Rodja, celle qui s’est inscrite en Doctorat en France et qui a fait une demande de visa étudiant. Une démarque bien plus ardue qu’il n’y paraît.

J’ai été touchée par ce récit choral porté par des femmes. Nasim Marashi parvient à nous faire ressentir le poids du régime iranien en ne l’évoquant jamais clairement. Elle mentionne juste un bombardement. Elle réussit à nous en faire prendre conscience dans l’ambiance générale du roman. Les femmes conduisent, étudient, travaillent mais il y a un tel fossé avec les hommes iraniens. Elles sont hautement diplômées mais occupent des postes nettement inférieurs à ceux des hommes. On ressent aussi le poids des traditions, le mariage, la famille, du qu’en dira-t-on. Et puis, il y a la censure, celle du journal dans lequel travaille Leyla, tel un miroir à l’auto-censure de Nasim Marashi lorsqu’elle a écrit son roman.

Ces trois femmes évoluent en quelques mois. Durant l’été (première partie), elles sont en proie aux doutes, aux hésitations, aux rêves avortés et aux désillusions. On ressent une profonde tristesse, une mélancolie voire même une forme de résignation. A l’automne, elles ont mûri, fait des choix et deviennent maîtresses de leur propre destin, dans une mesure toute relative.

Pour conclure, ce roman est une très belle découverte et un portrait réaliste de la jeunesse iranienne tiraillée par l’envie de partir et par la peur de tout quitter.

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi, paru en janvier 2023 aux éditions Zulma, 272 pages, 22€

J’en ai assez d’hésiter. D’avoir peur, d’être indécise, de trancher, de toujours me sentir coupable. De ne pas arriver à décider pour moi-même comme tout le monde. J’aimerais être Madame de Barry et que Louis XV m’épouse. Je serais bien obligée de lui obéir, c’est le roi, et personne ne s’y opposerait. Même pas moi.

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby

Résumé

Summer ira peut-être en enfer mais elle ira avec Charlie…

Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifs atomiques. Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle… Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin.

L’avis de Cassandre

L’histoire se déroule à Artemisia Lane, banlieue de Las Vegas, en 1952. Plusieurs familles américaines vivent sur une base militaire. A quelques kilomètres de là, les hommes réalisent des essais nucléaires en plein désert du Nevada pendant que leurs parfaites épouses leur concoctent de bons petits plats. Les week-end, on organise des barbecues et on observe les explosions, toujours plus impressionnantes. Plus le temps passe et plus Summer, la femme d’Edward, un haut gradé, s’inquiète de ces essais nucléaires. Quand Charlie, une femme sensuelle (et que chacun juge comme vulgaire) s’installe à Artemisia Lane, le quotidien de Summer se retrouve bouleversé à tout jamais.

Je ne pensais pas lire ce roman presque d’une seule traite. J’ai trouvé l’histoire captivante et l’immersion s’est faite dès les premières pages. J’ai aimé Summer, une femme passive, effacée, qui vit à travers son mari et qui va peu à peu s’émanciper. A l’inverse, Charlie n’a pas peur de grand chose, même pas des coups de son mari. Elle n’a que faire des jugements des autres, elle fume, elle conduit et porte des escarpins rouges. Si tout les oppose, le coup de cœur est pourtant presque immédiat. Charlie exerce une véritable force magnétique sur Summer, et vice-versa. Où les conduira leur soif de liberté ?

En plus de personnages attachants et captivants, j’ai aimé le côté historique du récit. Ces essais nucléaires sont un véritable scandale. Les deux femmes visitent d’ailleurs la « ville-test » située à proximité des explosions. Les maisons sont construites à l’identique que celles dans lesquelles vivent nos héroïnes et habitées par des mannequins qui fondent rapidement sous la chaleur et la radioactivité. C’est l’une des images les plus marquantes à mes yeux. Charlie et Summer semblent vivre dans un décor en carton-pâte, presque en huis clos, tellement loin de la civilisation. Je me suis sentie oppressée et mal à l’aise. En plus de cela, elles sont réduites au simple statut d’épouses ou de mères dans une société totalement patriarcale.

Ce roman est pour moi un coup de cœur, à la fois pour ses thématiques que pour la relation sulfureuse entre les deux femmes. En tant que lecteur, on assiste aux premières loges d’un drame en devenir. J’ai été conquise par l’écriture de Zoé Brisby, il s’agissait de mon tout premier roman de l’écrivaine.

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby, paru en mars 2023 aux éditions Albin Michel, 336 pages, 20,90€

Aimer sainement d’Amal Tahir

Résumé

L’amour est trop compliqué pour toi ? Tu t’es déjà posé cent fois la question sur la façon de faire durer une relation dans le temps, de tomber amoureuse ou amoureux sainement ? Tu vis des schémas répétitifs et tu souhaites comprendre tes mécanismes relationnels ?

Mais comment se libérer des dynamiques toxiques ? Comment penser l’amour hétérosexuel autrement qu’à travers nos représentations du couple idéal et le prisme du système patriarcal ?

Après avoir interrogé nos façons d’aimer et donné sa perception des relations amoureuses, Amal te délivre ses conseils et de nombreux exercices d’introspection pour t’aider dans ta déconstruction et te guider sur le chemin d’une relation saine, apaisée, spontanée et égalitaire.

L’avis de Cassandre

Les relations amoureuses toxiques, on en parle beaucoup mais qu’est-ce que c’est exactement ? Si je n’ai jamais été personnellement concernée par ce type de relations, c’est une thématique qui m’a toujours intéressée. Pourquoi certaines filles sont toujours attirées par le même type d’homme qui leur fait systématiquement du mal ? Pourquoi, malgré les signaux qui devraient les alerter, ne réagissent-elles pas ?

Amal Tahir est coach dans différents domaines : les relations amoureuses, la sexualité positive et le mindset. Elle est très présente sur les réseaux sociaux et a déjà publié plusieurs ouvrages. Je ne la connaissais pas avant de me plonger dans Aimer sainement et je dois dire que c’est une belle découverte. Amal est une féministe qui prône le body positive et booste notre confiance en soi. Elle fait preuve d’humour et de bienveillance, j’aimerais voir plus de personnes comme elle sur les réseaux !

Alors, de quoi parle cet ouvrage ? On y trouve les clés pour détecter une relation ou un comportement toxique, comment déconstruire ce type de relation et les outils pour se reconstruire et repartir sur une base saine. On y aborde des sujets multiples : les premiers rendez-vous, les projets de vie de couple, la sexualité mais aussi d’autres thématiques comme les traumatismes qui font ce que nous sommes aujourd’hui. J’ai apprécié les clés que nous donne Amal Tahir à travers des exemples bien concrets et auxquels on peut s’identifier (quelle que soit son orientation sexuelle d’ailleurs !). L’autrice brise la glace en tutoyant son lectorat et cela renforce le lien entre elle et lui.

Pour conclure, un ouvrage bien utile, efficace et qui fait réfléchir ! Il m’a permis, au passage, de découvrir la captivante Amal Tahir !

Aimer sainement d’Amal Tahir, paru en novembre 2022 aux éditions Leduc, 438 pages, 17€