Catégorie : Littérature française

La double vie de Dina Miller de Zoe Brisby

Résumé

Qui pourrait croire en voyant cette jeune femme gracile qu’elle vient de tuer l’un des plus grands criminels ?

1961, en pleine guerre froide, Kennedy lance le programme Mercury, point de départ de la conquête spatiale. Huntsville, Alabama, bat au rythme de son Centre spatial et de la toute jeune NASA. Dans le quartier huppé de Rocket District, où vivent les scientifiques et leurs familles, Dina Miller s’installe avec une mission : faire justice. Si les jolies maisons aux façades colorées et au gazon immaculé sont parfaitement entretenues, elles cachent pourtant bien des secrets… Ces brillants chercheurs qui œuvrent au futur radieux de l’Amérique, citoyens exemplaires, époux et pères de famille respectables, sont-ils aussi irréprochables qu’ils le prétendent ?

L’avis de Cassandre

J’ai découvert Zoe Brisby avec son roman précédent, Les mauvaises épouses, qui m’avait entièrement convaincue. Je la retrouve aujourd’hui dans La double vie de Dina Miller qui est dans la même veine.

Dina Miller est une jeune femme de vingt-cinq ans qui n’a plus rien à perdre. Engagée par le Mossad, elle débute une nouvelle mission en Alabama. L’histoire se déroule en 1961, dans une ambiance de guerre froide. La Russie a envoyé Youri Gagarine dans l’espace. La NASA compte bien riposter. Dina s’installe à Rocket District, un quartier huppé où vivent les scientifiques, leurs épouses parfaites et leurs enfants merveilleux. Un décor fait de carton-pâte avec des pelouses vertes et tondues, un club d’épouses idéales et des maisons à la Desperate Housewives. La mission de Dina est d’exfiltrer le mari de l’une d’elle, suspecté d’être un ancien médecin nazi.

Une nouvelle fois, Zoe Brisby nous offre un roman qui se dévore. J’ai adoré Dina, cette femme, agent du Mossad qui travaille sous couverture. Elle prend de nombreux risques et ne reculera devant rien pour réussir. En parallèle, il s’agit d’une héroïne féministe qui éveille les consciences. S’il s’agit d’une oeuvre de fiction, elle est basée sur des faits réels, notamment les expériences des Nazis menées sur les populations juives pendant la guerre. Ou pire, celles des américains menées sur les minorités, en particulier noires, dans les années 1960…

Si vous ne connaissez pas encore Zoe Brisby, je ne peux que vous recommander de découvrir sa plume et de vous laisser embarquer dans cette ambiance américaine si particulière !

La double vie de Dina Miller de Zoe Brisby, paru en mars 2024 aux éditions Albin Michel, 272 pages, 19,90€

Des ronds dans l’eau de Morgane Alvès

Résumé

Un matin, l’esprit de Joséphine s’emballe lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte. En l’absence de son mari, Vincent, en déplacement pour le week-end, son cœur se gonfle de ce bonheur à venir. Elle n’est sûre de rien, se dit qu’il est trop tôt pour se réjouir mais imagine déjà un monde plus grand. Elle attend Vincent, encore et encore le dimanche soir. Il ne rentrera pas.
Sans lui, la jeune femme perd pied. Devant la cruelle synchronisation des événements, elle ne sait plus si elle est prête à accueillir un bébé. Pour la première fois de sa vie, elle choisit l’inconnu et part pour la Bretagne, à Locmariaquer, dans cette vieille maison en ruine que Vincent voulait à tout prix conserver en mémoire de son grand-père. Joséphine s’enfuit, n’emportant rien d’autre que son chat Georges, et laisse à Paris sa vie, son métier, ses amis, espérant trouver face à la mer un nouveau souffle.

L’avis de Cassandre

Joséphine et Vincent forment un couple fusionnel et très complice. Un quotidien sans vague, jusqu’au weekend qui marquera l’Avant et l’Après. Vincent part avec ses amis et laisse Joséphine seule à Paris. La trentenaire découvre qu’elle est enceinte. Vincent, quant à lui, ne reviendra jamais…

Des ronds dans l’eau est un roman des plus bouleversants. Il est écrit à la troisième personne et Joséphine en est son personnage principal. On la suit dans les différentes étapes du deuil et dans la découverte de la maternité. Ces deux événements parfaitement incompatibles, vont pourtant devoir cohabiter. Comment peut-on penser à devenir mère quand son univers tout entier s’écroule ? Comment survivre à l’absence de l’autre ? Comment accepter l’inacceptable et se tourner vers l’avenir ?

L’histoire de Joséphine m’a profondément émue. J’ai aimé la suivre dans son processus de reconstruction, notamment à son projet de retaper leur maison de vacances en Bretagne. J’ai aussi été conquise par les rencontres solaires que fera la jeune femme.

Pour conclure, une lecture à la fois touchante et lumineuse écrite par une jeune plume emplie de pudeur et sensibilité.

Des ronds dans l’eau de Morgane Alvès, paru en avril 2023 aux éditions Flammarion, 448 pages, 21,90€

A l’encre rouge de Marjorie Tixier

Résumé

Lysiane pense qu’elle a encore l’âge de tous les possibles, la légèreté de toutes les illusions, l’assurance des promesses. Pas question de reprendre l’auberge des Flandres tenue par sa famille, elle veut être chanteuse, elle en est sûre. Prête à tout pour cela, Lysiane se laisse engloutir dans un espace-temps défragmenté que la musique et l’alcool cristallisent, abandonnant sa fille aux bons soins de ses parents. Jusqu’à ce que cette quête de gloire ne tourne court. Alors Lysiane décide que cette enfant qui grandit sans elle sera finalement sa revanche sur la vie. Mais il y a des revanches bien cruelles…

L’avis de Cassandre

A l’encre rouge est le troisième roman de Marjorie Tixier et le troisième que je lis. L’écrivaine nous dresse à chaque fois un portrait de femme(s) qui traverse de terribles épreuves. Celui-ci ne déroge pas à la règle.

Lysiane est la fille d’un couple d’aubergistes, Pierre et Jeanne. Ils vivent tous les trois à Cassel, dans le Nord de la France. Le couple travaille beaucoup et vient d’un milieu modeste, il n’a hélas que trop peu de temps à consacrer à Lysiane. Cette dernière, âgée de dix-sept ans, s’amourache d’un chanteur en devenir qui la quitte en lui laissant une surprise non-désirée : un enfant. Jeanne supplie sa fille de garder l’enfant, elle accepte, à contrecœur. A la naissance, Lysiane confie sa fille, Jolene à sa mère et part à Lille. Elle a un rêve en vue : devenir chanteuse et briller. Sa carrière tournera vite court…

Si on peut comprendre que Lysiane ait besoin de rattraper sa jeunesse perdue, l’absence de ses parents durant l’enfance, il y a des choses qu’on ne peut accepter. Lysiane délaisse sa fille qui n’a d’ailleurs pas le droit de l’appeler « maman ». Elle est cruelle, infâme, et quand elle n’est pas indifférente à sa fille, elle se sert d’elle. Certaines scènes sont psychologiquement difficiles parfois même insoutenables. Comment peut-on gâcher la vie de son enfant par pure vengeance ? Marjorie Tixier aborde parfaitement les relations toxiques et les maltraitances psychologiques.

A l’encre rouge se lit facilement, la plume de l’écrivaine est toujours aussi agréable. Le titre est d’ailleurs bien choisi et très évocateur des sentiments dévastateurs qu’il renferme. Une histoire qui nous tient en haleine jusqu’au dénouement qu’on espère plus lumineux.

A l’encre rouge de Marjorie Tixier, paru en janvier 2024 aux éditions Pocket, 336 pages, 8,30€

Sève d’Olivier Gallien

Résumé

De retour en Corse sur ses terres familiales, Ghjulia est accueillie par son cousin Jean, accompagné d’une jeune femme à la beauté hypnotisante. La joie des retrouvailles est de courte durée. Bientôt, Ghjulia se sent épiée, et des douilles de fusil apparaissent à proximité de la maison. Dans la torpeur d’une fin d’été caniculaire, les esprits s’échauffent et les perceptions se faussent. Les secrets profondément enfouis dans le maquis refont surface et la végétation environnante ne suffit plus à abriter Ghjulia du danger qui gronde. Sur ces terres arides, la mort rôde et la violence s’apprête à éclater.

L’avis de Cassandre

Comme son prénom le laisse présupposer, Ghjulia est Corse. La quadragénaire a cependant fui l’île de beauté pour la grisaille parisienne. Peut-on réellement couper les ponts avec ses origines ? Suite à la mort brutale de son frère, Antoine, Ghjulia doit revenir dans le domaine familial. La maison, laissée à l’abandon, est mollement occupée par le cousin Jean. Rapidement, l’héroïne découvre des douilles de fusil sur ses terres. Elle se sent épiée. Le malaise grandit.

Sève est un roman noir particulier. Il est très court et intense à la fois. Il y a peu de personnages : Ghjulia, Jean, une jeune cousine éloignée, Julie et quelques tierces personnes et cela suffit. On se retrouve sur des chemins escarpés et dangereux. L’été est moite, étouffant. L’ambiance devient vite poisseuse. On pressent une catastrophe, un point de non-retour mais lesquels ?

J’ai dévoré ce roman en quelques heures et je l’ai trouvé marquant. Il parle notamment du poids des origines, de celles dont on ne peut jamais tout à fait se défaire. Le titre est d’ailleurs bien trouvé, la sève qui coule dans nos veines et qui nous définit, au fond. L’écriture d’Olivier Gallien est rythmée et percutante. On est happé dans ce récit et à la fin, profondément sonné. Une excellente surprise !

Sève d’Olivier Gallien, paru en janvier 2024 aux éditions Robert Laffont, 192 pages, 18€

Par la force des choses de Claire Norton

Résumé

Si vous aviez su ce que la vie vous réservait, auriez-vous fait les mêmes choix ?

Farouchement indépendante, Lisa n’a jamais cru au « grand amour ». Pour elle, un couple est avant tout un partenariat. Et la vie, une succession de décisions à prendre.
Pragmatique, elle s’efforce d’oublier la rencontre magique faite lors d’une nuit festive, afin de poursuivre son chemin, sereinement.
Mais le destin est têtu : lorsque, quelques années plus tard, elle recroise cet homme, toutes ses certitudes volent en éclats.
Lisa doit alors se confronter à ses contradictions, à ses choix et, par la force des choses, à ceux des autres et à leurs conséquences.
 
Rien n’est plus difficile à décrire qu’un amour qui emporte tout sur son passage. C’est pourtant ce tour de force que réussit Claire Norton en nous entraînant dans l’inoubliable histoire de Lisa et Victor. Une fresque amoureuse et familiale, bouleversante, qui défie le temps.

L’avis de Cassandre

Par la force des choses est le troisième roman que je lis de Claire Norton et il est de loin mon préféré. On y fait la rencontre de Lisa, une jeune femme qui ne croit pas en l’amour (et encore moins en l’Amour). Elle entretient une relation sans engagement avec Charles, une situation qui lui convient mieux à elle qu’à lui. Et lorsqu’elle tombe enceinte de manière inopinée, Lisa fait le choix de la raison en emménageant avec Charles. Quelques années plus tard, les certitudes de la jeune mère volent en éclats quand elle rencontre Victor. Mais dans la vie, rien n’est simple, surtout quand on est marié et qu’on a des enfants.

Si le résumé peut paraître classique, la force de ce roman réside dans la fine analyse de l’écrivaine des sentiments amoureux. Claire Norton nous offre une histoire bouleversante sur l’amour et sur les choix, la difficulté de prendre une décision qui pourrait tout balayer sur son chemin. Un titre qui invite aussi à réfléchir. Cette histoire d’amour serait-elle aussi belle si elle n’était pas jalonnée d’obstacles aussi cruels ? Que j’ai aimé ce roman ! Lisa pour sa ténacité, son renoncement et son dévouement, sa douceur aussi. Et Victor, un homme tellement touchant, épris et meurtri à la fois. Je ne veux pas vous en dire plus mais ce roman a été impossible à lâcher pour moi, je voulais connaître son dénouement et celui-ci a été à la hauteur de mes attentes. La fin m’a bouleversée et conquise.

Par la force des choses est un coup de cœur, un roman délicat qui parle de l’essentiel avec des mots soigneusement choisis.

Par la force des choses de Claire Norton, paru en septembre 2023 aux éditions Robert Laffont, 552 pages, 20,90€

Les Pyromanes de Vincent Delareux

Résumé

Dans un village reculé de Normandie, Thérèse Sommer attise les passions et dicte sa loi : à son mari qu’elle trompe, à sa mère qu’elle méprise, à ses amants qu’elle consume.
Libre et indépendante, maîtresse de son petit monde, on ne lui connaît pas de rivale. Jusqu’à la naissance de sa fille.
Enfant non désirée, Françoise grandit entre haine et maltraitance. Nuit et jour, elle implore le Ciel et les saints de la libérer de la tyrannie de sa mère. L’une d’elles est de trop.
Françoise doit faire un choix : cultiver la flamme d’un cierge pour son salut ou allumer le brasier de la colère ?

L’avis de Cassandre

L’an dernier, je découvrais Vincent Delareux avec son premier roman, Le cas Victor Somer, que j’avais adoré. Quel plaisir de le retrouver pour cette rentrée littéraire ! L’histoire s’intéresse aux grands-parents et parents de Victor, en particulier sa mère, Françoise, et sa grand-mère, Thérèse. Je vous rassure, les romans peuvent se lire séparément.

Nous partons dans un petit village normand, au début des années 1950. Thérèse est mariée à Serge, un marin doublé d’un poivrot. Mais qu’importent les liens sacrés du mariage, les hommes du village défilent chez elle, comme dans un moulin. Thérèse reçoit sans doute une punition divine quand elle découvre qu’elle est enceinte (de qui ?). Enfer et damnation ! A la naissance, Thérèse n’a aucun attachement pour sa fille, Françoise, dont elle se séparerait volontiers.

La petite ne reçoit aucun amour, aucune attention. Elle est négligée et subit rapidement des mauvais traitements. Son seul bonheur est sa grand-mère, Jeanne, qui fait ce qu’elle peut pour elle, malgré son grand âge. L’histoire se déroule sur plusieurs dizaines d’années.

Le récit n’est pas toujours facile, les scènes de maltraitance physique et psychologique sont assez nombreuses et font froid dans le dos. Comment la petite Françoise va-t-elle grandir ? Pourquoi Thérèse est-elle aussi impitoyable et égocentrique ? L’auteur s’intéresse ici aux origines du mal et à l’impact des sévices subis durant l’enfance. J’ai trouvé ce roman noir particulièrement réussi et j’ai beaucoup aimé le style d’écriture qui m’a fait penser à un conte moderne.

Pour conclure, un deuxième roman qui va encore plus loin que le précédent et qui confirme le talent de Vincent Delareux. Des sujets difficiles mais hélas, encore bien actuels.

Les Pyromanes de Vincent Delareux, paru en août 2023 aux éditions L’Archipel, 464 pages, 20€

Black Mesa d’Ophélie Roque

Résumé

À peine le père enjambait-il le seuil que le fils, fébrilement, annonçait qu’il avait acheté une terre – à Black Mesa, Arizona – qu’il comptait fichtrement la rejoindre au plus tôt, et que si le vieux voulait pas crever, il avait tout intérêt à le suivre.
« C’est comme si c’te chienne de vie avait décidé à ma place. »
Il fallut un certain temps avant que le père ne réagisse. Titubant légèrement à travers la pièce, il s’approcha de son fils et – pour la toute dernière fois – lui mit une raclée. Les coups s’arrêtèrent aussi soudainement qu’ils avaient commencé. Le souffle court, le vieux s’adossa au chambranle incertain de la cheminée, avant d’annoncer – l’air las – qu’il partirait aussi.
« D’toute façon, y a plus rien pour nous, ici ! »
Mais la terre – là-bas, à l’Ouest – voudrait-elle bien d’eux ?

L’avis de Cassandre

1887, Franck trime à l’abattoir toute la Sainte journée, dans des conditions abjectes, pour quelques malheureuses piécettes. Un jour de trop, il se sectionne un doigt. Il voit cela comme le signe, celui de partir vers l’Ouest, vers une autre vie. D’ailleurs, il vient d’acheter des terres à Black Mesa, en Arizona. Il paraît qu’elles sont hyper fertiles et qu’il deviendra riche. Il ne pourra le vérifier qu’une fois sur place. Il emporte alors son maigre paquetage, son vieux père, Ron et partent en convoi mené par des passeurs. Parviendront-ils à traverser le désert aride, sans mourir de soif, de maladie ou se faire tuer par des bandits ou des indiens ?

Le western n’est pas mon genre de prédilection mais j’aime lire des romans différents et varier les styles. La couverture et le titre ont attiré mon attention et je ne regrette pas du tout cette immersion dans l’Ouest Américain. Ophélie Roque signe un premier roman talentueux. J’ai été happée par sa plume acérée et par ses descriptions très immersives. Elle décrit la pauvreté, le labeur, les pèquenauds, la misère, la puanteur aussi. J’ai été touchée par la relation père-fils, par la dureté, les roustes et les non-dits. Entre les lignes, on devine toutefois un lien fort qui les unit. Notre duo va sérieusement en baver et faire des rencontres saugrenues.

Black Mesa un voyage qui fait écho à tous ceux entrepris par les oubliés des États-Unis. Un récit qui prend aux tripes et qu’on ne lit que d’une seule traite.

Black Mesa d’Ophélie Roque, paru en mars 2023 aux éditions Robert Laffont, 198 pages, 19€

L’affaire Sophie M. de Lionel Abbo et Yohan Perez

Résumé

16 décembre 2022, 6h du matin. Le corps de de la chanteuse Sophie M. est retrouvé, sans vie, dans la chambre de son appartement. Victoire Miller, en charge de l’affaire, ne constate aucune effraction ou objet dérobé, pas la moindre trace ADN, juste un objet étrange qui semble n’avoir rien à faire sur une scène de crime : un exemplaire de Sophie la girafe, ce jouet en latex que mâchouillent habituellement les nourrissons…

« Est-il possible d’oublier un enfant sur le chemin de ses vacances, comme on égare une glacière ou une vulgaire valise ? Est-il concevable de vouloir un bébé puis de changer d’avis et de l’abandonner, soit qu’il ne soit pas à son goût, trop bruyant, trop envahissant, malodorant ou pire, mal voyant, soit que son enfante.ment fût le fruit du hasard ? Que dit la société des parents qui préfèrent le couple à la famille ? Pourquoi, au mois de décembre 1951, Mr et Mme Rampeau ont-ils quitté la France pour le Kenya, accompagné de leur jeune ange de neuf mois, et en sont revenus, un mois plus tard, les mains vides ? La véritable raison, nulle ne la connaît. » 

L’avis de Cassandre

Nom d’une girafe, la célèbre chanteuse, Sophie Marsault est retrouvée assassinée à son domicile ! A ses côtés, le tueur a laissé un exemplaire du non moins célèbre jouet en caoutchouc, Sophie la girafe. Pendant que la France pleure, Victoire se retrouve en charge de l’enquête criminelle.

L’affaire Sophie M. est un roman aussi addictif qu’original. J’ai adoré l’intrigue, absolument loufoque et l’humour des auteurs, Lionel Abbo et Yohan Perez. On y trouve de nombreux jeux de mots et des clins d’œil à des célébrités qui existent réellement. J’ai trouvé ce roman rafraîchissant. Le genre de lecture fluide et sans prise de tête !

Le personnage de Victoire m’a bien plu, en particulier son côté tête brûlée. Elle va faire équipe avec Gabriel, que j’ai trouvé énigmatique. J’ai très envie d’en savoir plus sur ce drôle de duo. La bonne nouvelle est qu’une suite est prévue pour bientôt ! En attendant, laissez-vous tenter par ce joli roman jaune. Vous ne verrez plus jamais Sophie la girafe de la même façon !

L’affaire Sophie M. de Lionel Abbo et Yohan Perez, paru en juillet 2023 aux éditions Hugo Publishing, 256 pages, 19,95€

Qui sème des graines de folie croque la vie de Charlotte Léman

Résumé

Marie court, tout le temps. Elle jongle entre l’intendance du quotidien, un travail prenant et deux ados qu’elle élève seule : Marie est une Wonder Woman des temps modernes. Mais sa mécanique s’enraye lorsqu’elle perd son emploi du jour au lendemain. Elle décide de profi ter de son infortune pour prendre un nouveau départ, loin du tumulte de la vie parisienne.
Alors que Marie commence à se demander si elle n’a pas fait une erreur en quittant ses repères, une voisine l’invite à rejoindre le Cercle des Floralies, un groupe de femmes atypiques qui cultivent la joie de vivre. Et, un événement arrivant rarement seul, elle découvre une mystérieuse missive dans sa boîte aux lettres.
Et s’il était temps pour Marie de lâcher prise et de semer « des graines de folie » ?

L’avis de Cassandre

Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je suis une inconditionnelle de la collection Instants Suspendus des éditions L’Archipel ! De surcroît, j’avais adoré le précédent roman de Charlotte Léman, La délicieuse imposture du chant des sirènes. Impossible pour moi de louper cette parution !

Dans ce nouveau roman, j’ai rencontré Marie, 45 ans, qui occupe un emploi à responsabilités dans la logistique à Paris. Mais voilà que la DRH la convoque et l’informe de son licenciement. Notre héroïne, mère-célibataire, est contrainte de quitter la capitale pour la campagne. Au programme, envoi de candidatures et rendez-vous démoralisants au Pôle Emploi. Pour couronner le tout, ses adolescents sont franchement insupportables (voire même ingrats, des ados quoi !). Heureusement, Marie va faire la connaissance d’un groupe de femmes qui se réunit chaque jeudi. L’occasion pour elle de s’intégrer !

Une nouvelle fois, il s’agit d’un roman que j’ai lu très rapidement. J’ai adoré Marie, cette femme surmenée qui a perdu confiance en elle et qui fait tellement pour les autres qu’elle s’oublie elle-même. Son groupe d’amies est juste génial, j’ai ri et été touchée par leurs rencontres hebdomadaires. Et puis, il y a l’amour bien sûr ! Marie reçoit des lettres d’un admirateur secret. Elle qui pensait que les relations amoureuses étaient loin derrière elle !

Charlotte Léman nous offre un roman réconfortant qui traite de sujets qui m’ont plu : le chômage, le manque de confiance, la charge mentale et l’amitié. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un excellent moment de lecture !

Qui sème des graines de folie croque la vie de Charlotte Léman, paru en juin 2023 aux éditions L’Archipel, 384 pages, 20€

America(s) de Ludovic Manchette et Christian Niemec

Résumé

Philadelphie, juillet 1973. Voilà un an qu’Amy est sans nouvelles de sa grande soeur partie tenter sa chance au Manoir Playboy, à Los Angeles. Inquiète, la jeune adolescente décide de la rejoindre. Pour cela, il lui faudra traverser les États-Unis. Seule.
Dans une Amérique de la contre-culture secouée par le scandale du Watergate et traumatisée par la guerre du Viêtnam, sa route sera longue, semée d’imprévus, de belles rencontres et d’individus singuliers : vétéran, couple en cavale, hippies de la dernière heure…

L’avis de Cassandre

Le premier roman de Ludovic Manchette et Christian Niemec, Alabama 1963, fut une excellente surprise. C’est donc avec une certaine impatience que je me suis plongée dans America(s).

Juillet 1973, Amy est une adolescente qui quitte le domicile familial et décide de faire du stop (et de parfois prendre le bus) pour rallier Philadelphie à Los Angeles. Si vous n’êtes pas très géographie, comme moi : les deux villes sont à l’opposé et il y a une sacrée trotte ! Amy a en tout et pour tout un sac à dos et douze dollars pour seuls bagages. Son bagout et son intrépidité vont lui permettre de traverser le pays et de faire des rencontres inattendues. Le plus important n’est pas la destination mais le voyage (comme souvent).

J’ai été émue par le personnage d’Amy, qui a vécu un événement traumatisant il y a peu et qui a une famille absente et décevante à la fois. Certains passages m’ont mise en colère voire révoltée. C’est comme si elle avait atterri dans la mauvaise famille, elle qui est si solaire. On a envie de la prendre en stop, parcourir des miles en sa présence. Ses rencontres (pas toujours bonnes !) sont généralement lumineuses. Les voyages forment la jeunesse et ce road-trip est avant tout un moyen pour elle de se découvrir et de se tourner vers l’avenir.

America(s) est un roman émouvant mais jamais larmoyant. Le duo d’auteurs traite de sujets difficiles avec pudeur et espoir. Enfin, j’ai aimé les rencontres avec des personnages bien réels comme Bruce Springsteen ! A la fin du roman, vous trouverez d’ailleurs de jolis clichés de cette époque. Pour conclure, ce roman m’a fait énormément bien et m’a aussi donné envie de voyager ! Une vraie bouffée d’air frais !

America(s) de Ludovic Manchette et Christian Niemec, paru en mars 2023 aux éditions Pocket, 304 pages, 8,30€