La petite boutique aux poisons de Sarah Penner

Résumé

« Je jure solennellement devant Dieu, Créateur de toutes choses, de ne jamais administrer de poisons… » A ce serment prêté jadis par les apothicaires, Nella ne souscrit plus depuis longtemps. Belladone, ellébore, arsenic : on peut se procurer toutes sortes de poisons dans sa boutique du 3, Back Alley – à condition qu’un homme violent en soit la victime… Et il y en beaucoup, des hommes violents, dans le Londres de 1791…
Deux siècles plus tard, une mystérieuse petite fiole ressurgit dans la boue de la Tamise aux pieds de Caroline, une Américaine au cœur brisé. Et avec elle, toute une histoire de femmes, trop longtemps oubliée…

L’avis de Cassandre

J’ai entendu beaucoup de bien de ce roman depuis sa parution en grand format. Avec une aussi jolie couverture et un titre prometteur, difficile pour moi de ne pas craquer !

Nous suivons deux femmes, à deux époques différentes et de manière alternée. D’une part, il y a Nella, une apothicaire qui vit à Londres en 1791. Sa spécialité ? Empoisonner les hommes sur demandes des femmes, en toute discrétion. D’autre part, nous rencontrons Caroline, une Américaine en séjour à Londres. Son histoire d’amour de dix ans semble se terminer d’une manière assez brutale. En balade, elle trouve une fiole, rejetée par la Tamise. Celle-ci l’obsède : elle veut à tout prix découvrir son histoire.

Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez que j’affectionne les romans mettant en scène des femmes et qui alternent les époques. La petite boutique aux poisons a fait mouche : je l’ai lu en une seule soirée et c’est assez rare pour être souligné. Les chapitres défilent rapidement et on a envie de connaître l’histoire unique de Nella. J’ai aimé les thématiques de l’apothicaire, des potions, des poisons mais aussi de la transmission. Sarah Penner parvient à captiver son lectorat avec une écriture fluide et addictive.

Pour conclure, un roman avec lequel j’ai passé un bon moment. Un premier roman prometteur !

La petite boutique aux poisons de Sarah Penner, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 416 pages, 9€

Le renard d’Anna Milbourne et Christine Pym

Résumé

Chut ! Tout le monde dort… ou presque. Les tout-petits auront plaisir à découvrir la vie nocturne d’un jardin en compagnie d’un jeune renard très curieux. Au fil des pages et des rabats à soulever, ils feront la connaissance d’une grenouille, d’une souris et d’un hibou.

L’avis de Cassandre

Le Renard est un album de petit format qui s’adresse aux tout-petits, à partir d’un an. Il met en scène un adorable renard noctambule. La nuit est tombée, le renard sort de sa cachette et va faire de drôles de rencontres. Afin de suivre ses aventures, le jeune lecteur peut soulever des rabats qui révéleront des surprises.

Nous avons déjà eu l’occasion de lire plusieurs albums de cette collection mais celui-ci est notre préféré. Le renard est malicieux et attachant. C’est un plaisir de le suivre, le temps d’une soirée. Les rabats permettent à l’enfant d’être acteur de l’histoire.

Les illustrations sont douces, j’ai aimé l’univers et les adorables personnages.

Le renard d’Anna Milbourne et Christine Pym, paru en janvier 2023 aux éditions Usborne, 12 pages, 6,95€

Ou peut-être une nuit de Charlotte Pudlowski

Résumé

Charlotte Pudlowski a 26 ans quand sa mère lui apprend qu’elle-même, enfant, a subi un inceste. Pourquoi un si long silence ? Pourquoi sa mère, dont elle est si proche, ne lui avait-elle rien dit ? Et comment peut-on si mal connaître une violence qui concerne près de 10 % de la population ? Ce tabou familial est aussi le plus grand tabou social. Alors la journaliste mène l’enquête, questionne des experts, rencontre des victimes, et explore les mécanismes du trauma incestueux à travers un podcast bouleversant. Diffusé à l’automne 2020, il totalise près d’un million d’écoutes et déclenche un vif débat. Avec ce livre, elle approfondit son récit, saisissant les strates implacables du silence et montrant comment les mots peuvent être une arme. La parole est-elle enfin libérée ?

L’avis d’Audrey

Concernant la thématique de l’inceste, j’ai déjà lu plusieurs titres tels que Ne le dis pas à maman de Toni Maguire, un témoignage terrible et impossible à oublier. Si je ne suis pas concernée personnellement par le sujet, il a toujours éveillé en moi un profond sentiment d’injustice et de révolte. Je fais partie des personnes qui pensent qu’il faut parler, dénoncer et lutter.

Cela peut surprendre mais j’avais hâte de lire ce titre. Et je l’ai lu presque d’une seule traite, non sans effroi, bien sûr. Charlotte Pudlowski a grandi dans une famille aimante où on se dit tout, où on s’aime fort. Pourtant, ce n’est que lorsque Charlotte avait 26 ans que sa mère a avoué que son père, le grand-père de Charlotte, a « essayé d’abuser d’elle ». Qu’est-ce que cela signifie vraiment ? Pourquoi ce si long silence ? Pourquoi ne pas en avoir parlé et continué à le côtoyer ? Charlotte a d’abord laissé décanter l’inimaginable avant de pousser sa mère à parler, à cesser de se taire.

Ce titre est un mélange de documentaire, de témoignage et d’essai. Charlotte Pudlowski aborde le silence. Celui des victimes d’inceste, celui des mères qui savaient, celui de l’entourage qui peut avoir des doutes mais préfère occulter l’horreur… J’ai trouvé intéressantes les explications autour de ce silence et ce qui se passe dans le cerveau des victimes. Parce que oui, il s’agit d’un véritable traumatisme, le cerveau peut court-circuiter les événements, la victime peut aussi subir une dissociation. Ces passages s’appuient sur des études scientifiques, des sondages, des interviews de victimes ou de spécialistes ainsi que sur des livres.

En définitive, ce n’est pas un texte facile mais c’est un livre à lire absolument, de ceux qui aideront à briser le silence. Merci à Babelio et aux éditions Livre de poche pour cette découverte inoubliable.

Ou peut-être une nuit de Charlotte Pudlowski, paru en janvier 2023 aux éditions Livre de poche, 256 pages, 8,40€

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi

Résumé

Leyla, Shabaneh et Rodja se sont rencontrées sur les bancs de l’université à Téhéran. Soudées par un lien indéfectible, elles s’efforcent, envers et contre tout, de mener une vie libre. Leyla s’est mariée avec Misagh et a débuté une carrière de journaliste. Shabaneh est habitée par ses lectures et les souvenirs de la guerre. Rodja vient d’être acceptée en doctorat à Toulouse – il ne lui manque plus que son visa. Mais cet équilibre fragile vacille quand Misagh part seul pour le Canada.

En un été et un automne, entre espoirs et déconvenues, toutes trois affrontent leurs contradictions. Suffit-il de partir pour être libre ?

L’automne est la dernière saison est le reflet sensible et bouleversant de la société iranienne d’aujourd’hui. Une histoire prodigieuse et universelle d’amour et d’amitié.

L’avis de Cassandre

En premier lieu, je remercie sincèrement l’équipe de Kube et les éditions Zulma grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman via une opération Book Club.

L’histoire se déroule en Iran et nous suivons alternativement, trois jeunes femmes et amies durant deux saisons seulement, l’été, puis l’automne. Leyla ouvre la marche. Son mari qu’elle aimait et adulait est parti pour le Canada. Elle n’a pas voulu le suivre, persuadée qu’il renoncerait à son départ pour elle. Depuis, son cœur est en miettes et elle déprime, n’a plus goût à rien. Shabaneh, quant à elle, est rêveuse, toujours la tête plongée dans un roman. Elle est ingénieure dans un cabinet. Arsalan est l’un de ses collègues de travail et souhaite l’épouser. Shabaneh est partagée, elle n’est pas sûre de l’aimer et se sent rapidement prise au piège. Cette femme m’a profondément émue. Elle porte sur elle le poids de nombreux malheurs et s’oublie elle-même. Elle s’occupe énormément de son frère, Mahan, atteint de handicap mental et dont leur mère ne tolère pas sa seule vue… Enfin, il y a Rodja, celle qui s’est inscrite en Doctorat en France et qui a fait une demande de visa étudiant. Une démarque bien plus ardue qu’il n’y paraît.

J’ai été touchée par ce récit choral porté par des femmes. Nasim Marashi parvient à nous faire ressentir le poids du régime iranien en ne l’évoquant jamais clairement. Elle mentionne juste un bombardement. Elle réussit à nous en faire prendre conscience dans l’ambiance générale du roman. Les femmes conduisent, étudient, travaillent mais il y a un tel fossé avec les hommes iraniens. Elles sont hautement diplômées mais occupent des postes nettement inférieurs à ceux des hommes. On ressent aussi le poids des traditions, le mariage, la famille, du qu’en dira-t-on. Et puis, il y a la censure, celle du journal dans lequel travaille Leyla, tel un miroir à l’auto-censure de Nasim Marashi lorsqu’elle a écrit son roman.

Ces trois femmes évoluent en quelques mois. Durant l’été (première partie), elles sont en proie aux doutes, aux hésitations, aux rêves avortés et aux désillusions. On ressent une profonde tristesse, une mélancolie voire même une forme de résignation. A l’automne, elles ont mûri, fait des choix et deviennent maîtresses de leur propre destin, dans une mesure toute relative.

Pour conclure, ce roman est une très belle découverte et un portrait réaliste de la jeunesse iranienne tiraillée par l’envie de partir et par la peur de tout quitter.

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi, paru en janvier 2023 aux éditions Zulma, 272 pages, 22€

J’en ai assez d’hésiter. D’avoir peur, d’être indécise, de trancher, de toujours me sentir coupable. De ne pas arriver à décider pour moi-même comme tout le monde. J’aimerais être Madame de Barry et que Louis XV m’épouse. Je serais bien obligée de lui obéir, c’est le roi, et personne ne s’y opposerait. Même pas moi.

Les manquants de Marie-Eve Lacasse

Résumé

Thomas est parti. Ça fait déjà deux ans. On ne sait pas où. On ne sait ni pourquoi, ni avec qui. On ne sait rien. Et de ce rien il faut bien faire quelque chose. Alerter la police ou non. En parler ou se taire. Rendre cette histoire réelle ou pas. Faire avec. Inventer un récit. Convoquer le fantôme. Vivre avec lui. Ou bien le faire sortir par la porte. L’oublier jusqu’à ce qu’il revienne en rêve. Par la fenêtre. Par la forêt. Par ce détail ou cet objet qui rappelle sa mémoire, sans cesse. Et puis un jour, Claire, sa femme, Joan et Hélène, ses amies, sont convoquées au commissariat. C’est qu’il y a quelque chose de louche autour de la disparition de Thomas Cassar. On ne disparaît pas comme ça. Il y a toujours quelque chose. Il y a toujours quelqu’un.

L’avis de Cassandre

Babelio m’a proposé de recevoir Les manquants dans le cadre d’une opération Masse Critique privilégiée (merci infiniment ainsi qu’aux éditions Seuil). Ce n’est pas le genre de roman que je lis habituellement et c’est pourquoi j’ai accepté, j’aime sortir des sentiers battus et faire des découvertes.

Claire est mariée depuis vingt ans à Thomas et mère de deux grands enfants. L’image de la famille parfaite se ternit quand Thomas part, sans rien laisser derrière lui. Pourquoi ? Est-il encore en vie ? Si oui, où est-il ? Tant de questions restées sans réponses. La vie de Claire est en suspens. Deux ans plus tard, Claire est conviée au commissariat de police pour répondre à des questions.

Les manquants est un roman choral où les chapitres alternent trois voix de femmes : Claire et ses amies d’enfance, Hélène et Joan. Chacune se livre dans un monologue, pas toujours linéaire. Elles racontent leurs études, leur amitié, le mariage de Claire et Thomas mais aussi leur vie intime, ce qui les a façonnées. On en oublierait parfois presque la disparition de Thomas, tant elles ont à raconter. J’ai apprécié le style d’écriture, très « parlé » et la narration sous forme de monologue. Il ne s’agit pas réellement d’un interrogatoire de police mais bien d’une confession à cœur ouvert.

J’ai trouvé ce roman surprenant dans son choix narratif, c’est le premier point positif à mes yeux. J’ai aussi apprécié l’atmosphère lourde, pesante, annonciatrice de la catastrophe à venir. Un ouvrage captivant et surprenant, une plume à découvrir !

Les manquants de Marie-Eve Lacasse, paru en mars 2023 aux éditions Seuil, 256 pages, 19€

Ego – Libère-moi de Maxime Girardeau

Résumé

Dans les décombres d’un carambolage en plein Paris, la police découvre des morceaux de corps affreusement mutilés. Contrairement à ses collègues, la capitaine Laurence Milhau doute que ces morts soient liées à un règlement de comptes. Dans le même temps, le commissaire Franck Somerset refait surface après des mois d’absence pour lui demander un service : identifier officieusement un jeune inconnu mêlé à la disparition suspecte du fondateur d’une startup nommée EGO. Pourquoi tant de mystère ? 
Pour Milhau et Somerset, c’est une étrange affaire qui s’annonce, faite de manipulation et de mensonges, de propagande et de vérités alternatives, qui les mettra sur la piste d’une invention tout aussi extraordinaire que dangereuse si elle venait à tomber entre de mauvaises mains…

L’avis de Cassandre

J’ai découvert Persona, premier roman de l’auteur et j’avais beaucoup aimé. J’étais impatiente de me plonger dans Ego – Libère-moi. S’il s’agit de deux enquêtes différentes, nous retrouvons les mêmes personnages. Il s’agit d’une suite se déroulant deux ans après la précédente.

L’intrigue démarre sur les chapeaux de roues. Un grand-père est victime d’un accident de la route mortel. Dans sa voiture, sont retrouvés des morceaux de corps humains. Qui ont-ils ? Pourquoi ont-ils été démembrés ? Par qui ? L’enquête soulève de nombreuses questions sans réponses. En parallèle, nous retrouvons Elga, une jeune femme informaticienne chez Microsoft, qui jouait un rôle important dans Persona. Elga est très inquiète car son compagnon, Nicolas, ne donne plus signe de vie depuis son arrivée aux États-Unis. Ce dernier a créé EGO, une intelligence artificielle capable d’analyser le profil psychologique d’une personne via les réseau sociaux. Cet outil avant-gardiste pourrait bien susciter bien des convoitises…

Très rapidement, je me suis plongée dans l’histoire et j’ai eu du mal à reposer mon livre. Le roman est découpé en différentes parties mettant en scène plusieurs protagonistes. J’ai apprécié le fait de pouvoir vivre l’intrigue sous tous les angles. La thématique de l’intelligence artificielle est fascinante. Les GAFAM et la technologie sont très présents.

EGO est un savant mélange de thriller technologique et politique. J’ai aimé la manière dont l’intrigue est menée et retrouver certains personnages de Persona. L’écriture de Maxime Girardeau me plaît toujours autant. J’apprécie le regard qu’il porte sur la société. Pour conclure, un roman qui fait réfléchir sur les enjeux et menaces de l’intelligence artificielle, glaçant !

Ego – Libère-moi de Maxime Girardeau, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 496 pages, 9€

La gare du Nord est singulière. Elle a quelque chose que les six autres gares parisiennes abritant de grandes lignes ne possèdent pas. C’est un lieu à l’atmosphère mélancolique, triste par endroits, pessimiste à d’autres. Et puis, il y a un foisonnement, une effervescence incontrôlée, une surtension qui se propage de corps en corps. Cette gare constitue un temple bipolaire.

Chamanes de Sébastien Baud et Corine Sombrun

Résumé

Depuis la nuit des temps, les chamanes nous fascinent. Qui sont-ils ? Quel est leur rôle ? Quels sont leurs outils ? Des premiers récits de la rencontre aux histoires de chamanes d’aujourd’hui, l’ethnologue Sébastien Baud explore les liens entre visible et invisible, humain et animal, culture et nature, tels que les sociétés à chamanes les conçoivent. Corine Sombrun, quant à elle, nous présente la recherche passionnante des liens entre transe et neurosciences.

L’avis de Cassandre

J’aime lire pour différentes raisons : envie d’évasion, évacuer mon stress quotidien, ressentir mille émotions mais parfois aussi pour me cultiver et apprendre de nouvelles choses. Avec une couverture aussi jolie et un titre très prometteur, difficile de ne pas craquer. Sébastien Baud, ethnologue et chercheur accompagné de Corine Sombrun, cofondatrice du TranceScience Research Institute nous offrent un ouvrage hautement documenté. Vous y découvrirez les origines du chamanisme, leur rôle, leurs manières d’agir, également. Les chapitres sont thématiques et s’appuient sur des éléments factuels. J’ai aimé trouver des photographies et illustrations à de multiples reprises.

J’ai trouvé l’histoire des chamanes fascinante. Ces sages à la fois thérapeutes, guérisseurs, conseillers et voyants sont les intermédiaires entre le monde visible et invisible. Leurs liens avec la nature et l’invisible me captivent. Enfin, j’ai aimé la dernière partie consacrée au chamanisme d’aujourd’hui qui bouscule nos certitudes.

Pour conclure, il s’agit d’une vraie mine d’information qui m’aura donné envie d’en savoir… encore plus !

Chamanes de Sébastien Baud et Corine Sombrun, paru en janvier 2023 aux éditions Michel Lafon, 235 pages, 7,20€

A tout jamais de Colleen Hoover

Résumé

Lily, depuis que sa fille Emerson est née, lui a promis que le cycle de la violence s’arrêterait avec elles. Que jamais plus, les femmes de leur famille n’endureraient des abus. Alors elle a pris la décision de quitter son mari et père de sa petite fille. Elle ne s’attendait pas à croiser Atlas, son amour d’adolescente par hasard, et elle ne sait pas quelle place il pourrait occuper dans sa vie. A-telle seulement envie de le revoir ? D’avoir à nouveau une vie sentimentale ? De recommencer sa vie et de croire à l’amour éternel, elle qui a appris de la plus dure des façons qu’il était bien difficile à trouver. Atlas n’est plus du tout le même que l’adolescent en perdition qu’elle a connu. Il a un restaurant, a passé de longues années loin d’elle. Leur histoire peut-elle recommencer là où elle s’était arrêtée ?

L’avis de Cassandre

Dire que j’ai adoré Jamais plus, le premier opus de la duologie, serait un euphémisme. Cette histoire m’avait profondément touchée et j’étais ravie d’apprendre que Colleen Hoover écrivait une suite.

J’ai retrouvé Lily, aujourd’hui divorcée et maman de la petite Emerson qui a déjà bien grandi. Elle a un accord à l’amiable avec Ryle, son ex-mari pour se partager la garde de l’enfant. Elle reste malgré tout sur ses gardes, elle ne se sent pas à l’abri d’un nouvel accès de colère. En parallèle, nous retrouvons Atlas, l’amour de jeunesse de Lily. Leur histoire reprend là où on l’a laissée dans Jamais plus, pour notre plus grand bonheur.

J’ai adoré les protagonistes de l’histoire et en particulier, de découvrir le point de vue d’Atlas. J’ai été touchée par cet homme qui s’est retrouvé dans le dénuement le plus total et qui a su rebondir et avancer. Le mal que lui a fait sa famille m’a fait froid dans le dos. Lily, quant à elle, a connu la violence sous différentes formes. Aujourd’hui, on espère que ces souffrances sont derrière eux et qu’ils pourront enfin être heureux et vivre sereinement.

Cette duologie n’est pas facile à lire, les thématiques sont dures et peuvent heurter les plus sensibles. Pourtant, Colleen Hoover trouve les mots justes pour nous faire réagir et nous alerter sur les violences conjugales et familiales. Elle retranscrit avec réalisme l’emprise sous laquelle sont les victimes.

Pour conclure, cette duologie m’a émue et ébranlée. J’ai adoré les personnages principaux et la romance, bien entendu. Préparez vos mouchoirs, vous risquez de verser quelques larmes !

A tout jamais de Colleen Hoover, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 384 pages, 18,50€

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby

Résumé

Summer ira peut-être en enfer mais elle ira avec Charlie…

Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifs atomiques. Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle… Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin.

L’avis de Cassandre

L’histoire se déroule à Artemisia Lane, banlieue de Las Vegas, en 1952. Plusieurs familles américaines vivent sur une base militaire. A quelques kilomètres de là, les hommes réalisent des essais nucléaires en plein désert du Nevada pendant que leurs parfaites épouses leur concoctent de bons petits plats. Les week-end, on organise des barbecues et on observe les explosions, toujours plus impressionnantes. Plus le temps passe et plus Summer, la femme d’Edward, un haut gradé, s’inquiète de ces essais nucléaires. Quand Charlie, une femme sensuelle (et que chacun juge comme vulgaire) s’installe à Artemisia Lane, le quotidien de Summer se retrouve bouleversé à tout jamais.

Je ne pensais pas lire ce roman presque d’une seule traite. J’ai trouvé l’histoire captivante et l’immersion s’est faite dès les premières pages. J’ai aimé Summer, une femme passive, effacée, qui vit à travers son mari et qui va peu à peu s’émanciper. A l’inverse, Charlie n’a pas peur de grand chose, même pas des coups de son mari. Elle n’a que faire des jugements des autres, elle fume, elle conduit et porte des escarpins rouges. Si tout les oppose, le coup de cœur est pourtant presque immédiat. Charlie exerce une véritable force magnétique sur Summer, et vice-versa. Où les conduira leur soif de liberté ?

En plus de personnages attachants et captivants, j’ai aimé le côté historique du récit. Ces essais nucléaires sont un véritable scandale. Les deux femmes visitent d’ailleurs la « ville-test » située à proximité des explosions. Les maisons sont construites à l’identique que celles dans lesquelles vivent nos héroïnes et habitées par des mannequins qui fondent rapidement sous la chaleur et la radioactivité. C’est l’une des images les plus marquantes à mes yeux. Charlie et Summer semblent vivre dans un décor en carton-pâte, presque en huis clos, tellement loin de la civilisation. Je me suis sentie oppressée et mal à l’aise. En plus de cela, elles sont réduites au simple statut d’épouses ou de mères dans une société totalement patriarcale.

Ce roman est pour moi un coup de cœur, à la fois pour ses thématiques que pour la relation sulfureuse entre les deux femmes. En tant que lecteur, on assiste aux premières loges d’un drame en devenir. J’ai été conquise par l’écriture de Zoé Brisby, il s’agissait de mon tout premier roman de l’écrivaine.

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby, paru en mars 2023 aux éditions Albin Michel, 336 pages, 20,90€

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver

Résumé

Pathétique… Quand Remington, la soixantaine, annonce à sa femme son ambition de courir le marathon, Serenata n’en revient pas. Lui qui n’a jamais couru plus de dix mètres de la chambre au salon… Est-ce la peur de vieillir ? L’oisiveté de sa retraite forcée ? Peut-être la silhouette très pneumatique de Bambi, sa nouvelle coach ? Ou bien tout simplement le conformisme, ce culte du corps, de la performance, qui règne sur l’époque ? Las, la résolution de Remington n’a rien d’une lubie et leur couple s’essouffle.
Chronique d’une vie conjugale en bout de course…

L’avis de Cassandre

Après l’excellent A prendre ou à laisser, je poursuis ma découverte de la talentueuse Lionel Shriver avec ce roman au titre intriguant.

Serenata et Remington sont sexagénaires et mariés depuis des décennies. Serenata prête sa voix aux personnages de livres audio et de jeux vidéos et a toujours été une grande sportive. Elle a longtemps perçu le sport comme une véritable religion. Ses excès lui ont causé des dommages irréversibles au niveau des genoux. Forcée de troquer ses baskets contre des chaussons, elle repousse le plus possible l’opération et rumine dans son coin. Remington, quant à lui, vient d’être licencié de son emploi au service des transports. Compte-tenu de son âge, il doute sincèrement de retrouver un travail un jour. Pour occuper son temps libre, il lui prend une nouvelle lubie : courir un marathon alors qu’il n’a jamais pratiqué aucun sport. Aigrie par son handicap récent, Serenata ne le prend pas au sérieux puis, voyant qu’il persiste, lui en veut franchement de lui « voler son loisir ».

Dès les premières lignes, j’ai été happée par l’écriture de Lionel Shriver. J’ai, à nouveau, plongé au cœur d’un foyer qui menace d’imploser. La distance qui se creuse entre nos deux personnages est plus grande encore que les kilomètres avalés par Remington. J’ai apprécié cette thématique principale du sport en général, qui ne se limite pas à la course. Ce titre m’a fait réfléchir sur les dérives, car oui, on peut faire trop de sport. L’autrice évoque notamment le culte du corps, la quête perpétuelle du challenge, le fait de comptabiliser ses pas et le fait de sans cesse se comparer aux autres comme si notre vie en dépendait. Que veut-on réellement prouver et surtout, à qui ? Ne vous méprenez pas, ce roman ne parle pas uniquement de sport. Lionel Shriver aborde la vie de couple, la vie de famille (les grands enfants du couple sont parfaitement ingrats et perchés !) mais aussi la perception de la vieillesse et son acceptation.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. L’écriture de Lionel Shriver est très corrosive. J’ai aimé ses personnages borderline aussi bien le couple central que ceux qui gravitent autour. Je note, en particulier, la fille du couple, endoctrinée et qui se réfère sans cesse à Dieu, Bambi, la coach qui ne connaît aucune limite et tous ces « malades » du sport. L’autrice parvient à nous faire rire et réfléchir en même temps. Un roman à ne pas manquer !

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 480 pages, 9,20€

Au bout du compte, il avait été décidé que les New-Yorkais n’étaient pas tout à fait prêts à se soumettre à l’autorité d’une voix de femme, et Serenata n’avait pas obtenu le poste. Comme le lui avait raconté Remington par la suite, après avoir réécouté son audition, un des membres de l’équipe avait déclaré qu’un passager écoutant cette voix sensuelle n’entendrait pas le message et qu’il envisagerait surtout de se faire le haut-parleur.

– C’est… carrément un Dieu.

– Crois-en mon expérience, il vaut mieux éviter de sortir avec un dieu. Ils finissent toujours par se révéler de simples mortels avec un faux-nez.