Catégorie : Littérature générale

Entre toutes les mères d’Ashley Audrain

Résumé

Blythe Connor n’a qu’une seule idée en tête : ne pas reproduire ce qu’elle a vécu. Lorsque sa fille, Violet, naît, elle sait qu’elle lui donnera tout l’amour qu’elle mérite. Tout l’amour dont sa propre mère l’a privée. Mais les nouveau-nés ne se révèlent pas forcément être le fantasme qu’on s’est imaginé. Violet est un bébé agité, qui ne sourit jamais. Très vite, Blythe se demande ce qui ne va pas. Ce qu’elle fait mal. Si le problème, c’est sa fille. Ou elle. Puisque Violet se comporte différemment avec son père, ce dernier met les doutes de sa femme sur le compte de l’épuisement. Sûrement parce qu’il ne peut imaginer ce qu’elle a vécu enfant. Peut-être parce que personne ne peut l’imaginer.

L’avis de Cassandre

Blythe est le personnage principal de ce roman. Pendant ses études, elle rencontre Fox, un homme intelligent et fou d’elle. Ils se marient et plusieurs années plus tard, Blythe tombe enceinte. Si fonder une famille peut sembler anodin, pour la jeune femme, cela fait remonter de grandes fêlures de l’enfance. Sa mère l’a abandonnée quand elle était jeune ado, elle-même ayant vécu une enfance chaotique et maltraitée. De mères en filles, le destin de ces femmes semble être une maternité vouée à l’échec. Blythe fait de son mieux pour être une bonne mère mais Violet, sa fille, lui donne dès le début du fil à retordre, tant que la jeune mère se demande s’il n’y a pas un problème chez elle…

Entre toutes les mères est un roman qui a su me tenir en haleine durant quelques heures. Il soulève des questionnements sensibles, des choses qu’on n’ose pas toujours s’avouer quand on devient parents. Dans ce récit, nous sommes loin de la famille parfaite, de la maternité idéalisée. Très rapidement, notre héroïne culpabilise, s’épuise, se perd. Entre le poids écrasant de sa propre enfance, les injonctions de son entourage et de la société pour qu’elle soit une bonne mère, Blythe sombre chaque jour un peu plus. Est-ce sa faute ? La faute de son enfant ? Celle de son mari ? Ou un peu de tous à la fois ?

Ce roman se lit comme un thriller psychologique. Le malaise ressenti par le lecteur est grandissant. Avec le seul point de vue de Blythe, on se demande quelle est la part de vérité dans ce qu’elle vit et comment peut se terminer une histoire aussi sombre. A vrai dire, Entre toutes les mères ne se limite pas à un simple thriller. Il traite avec brio de la thématique de la maternité, de l’héritage et de toutes les attentes qui pèsent sur les épaules des femmes. Un coup de cœur pour ce récit glaçant et réaliste, un premier roman remarquable !

Entre toutes les mères d’Ashley Audrain, paru en mars 2022 aux éditions Le livre de poche, 384 pages, 8,90€

Sergent Ladykiller de Delphine Audret

Résumé

Lorsque Chiara atterrit à l’aéroport de Jacksonville pour rejoindre son frère Jack, membre des Marines, elle est à bout de forces. Une rupture amoureuse accablante, une vie professionnelle sens dessus dessous, un compte en banque désespérément vide… Il était temps pour elle de changer d’air.

Mais que ce soit clair : elle veut reprendre ses études et rien ne la détournera de son objectif. Rien ni personne… sauf peut-être Flynn, le meilleur ami et compagnon d’armes de Jack, que son frère n’arrête pas de lui mettre dans les pattes. Grâce à lui, elle se rend compte que si, finalement, il lui reste un peu de force. Juste assez pour envoyer paître cet agaçant et séduisant militaire qui lui tape sur les nerfs. Mais Flynn se révèle être bien plus qu’un énième “sergent Ladykiller”.

C’est un tireur accompli qui ne manque jamais sa cible quand il vise le cœur…

L’avis d’Audrey

Chiara est contrainte d’aller vivre chez son petit frère, suite à une déception amoureuse et une faillite financière. Elle quitte tout pour s’installer à Jacksonville chez Jack, son frère, qui fait partie des Marines. A son arrivée à l’aéroport, son frère étant bloqué à la base, c’est son meilleur ami Flynn qui vient la chercher.

Sergent Lady Killer est une romance dans une ambiance militaire et j’ai adoré ça ! En plus d’apprendre des termes ou des mots nouveaux, j’ai très vite imaginé le décor dans lequel évolue Chiara. 

Chiara a du caractère, elle ne se laisse pas marcher les pieds, j’ai apprécié que cela ne soit pas une jeune fille frêle et innocente. J’ai aimé la volonté qu’elle a de vouloir changer sa vie, de tourner la page malgré la succession d’évènements qui ne jouaient pas en sa faveur. 

Flynn est également un personnage que j’ai beaucoup aimé. Il est beau, il le sait. Mais il m’a touché par sa gentillesse, sa présence constante pour tous les personnages que l’on a pu croiser dans ce roman. Il est le meilleur ami rêvé.

Globalement, je n’ai pas trouvé de point négatif à ce livre, je l’ai lu d’une traite et il ne m’a jamais semblé long. Au contraire, j’ai été triste de tourner la dernière page. Je recommande ce livre pour se changer les idées et se divertir.

Sergent Ladykiller de Delphine Audret, paru en mars 2024 aux éditions Hugo Publishing, 350 pages, 8,90€

Kyland de Mia Sheridan

Résumé

Tenleigh lutte au quotidien pour survivre dans la petite ville minière sinistrée où elle réside avec sa sœur et leur mère à la santé fragile. Ce qui la fait tenir, c’est le rêve auquel elle s’accroche : obtenir la bourse d’études décernée chaque année au meilleur élève du lycée. Un précieux sésame qui lui permettrait d’échapper enfin à la dureté de son existence et de faire sortir un jour sa famille de la misère.

C’est compter sans Kyland qui travaille lui aussi d’arrache-pied pour décrocher cette bourse, et quitter Dennville, cette bourgade qui a plongé sa famille dans le malheur. Défiant la faim, la solitude et le destin, il est bien décidé à ne laisser rien ni personne se mettre en travers de sa route, et sûrement pas cette fille, sa principale rivale dans la compétition.

Jusqu’au jour où tout bascule. Rapprochés par le hasard, Tenleigh et Kyland vont peu à peu s’apprivoiser et devenir amis. Or de l’amitié à l’amour, il n’y a qu’un pas que tous deux sont bien décidés à ne pas franchir au risque d’entraver leurs projets. Sauf que tout semble les pousser irrésistiblement l’un vers l’autre.

Un seul des deux obtiendra la bourse. Un seul des deux aura la possibilité de réaliser son rêve. Qu’adviendra-t-il de celui qui restera ?

L’avis de Cassandre

Tenleigh et Kyland sont deux lycéens en dernière année. Ils vivent tous deux dans un village reculé du Kentucky, dans les Appalaches. Les conditions de vie sont misérables. Côté emploi, la mine est l’employeur principal (pour ne pas dire unique). Mais un coup de grisou a eu lieu il y a peu, emportant de nombreux hommes. C’est le cas du père et du frère de Kyland. Depuis, il vit seul avec sa mère infirme. Tenleigh ne s’en sort guère mieux. Un père qui a pris la poudre d’escampette, une mère souffrant de troubles psychiatriques, une grande sœur serveuse et une caravane en fin de vie pour logement. A cette misère, ajoutez les hivers rudes, la faim qui tord le ventre et surtout : le désespoir.

Tenleigh et Kyland l’ont bien compris, leur seule porte de sortie, c’est une bourse dédiée au meilleur étudiant du lycée et leur permettant un financement intégral de ses études universitaires. Mais quand ils apprennent à faire connaissance et que des sentiments naissent entre eux, ils savent que leur histoire sera vouée à l’échec. J’ai été très touchée par les personnages principaux et secondaires, ces laissés pour compte, les oubliés des États-Unis. Impossible de rester insensible à ce quotidien de misère et cette criante injustice. J’ai surtout été attristée par la faim et la résignation.

Si ce roman est parfois dur, l’histoire d’amour est lumineuse. J’ai adoré suivre nos lycéens dans leurs premiers émois, l’attachement naissant, les doutes et les choix qui auront un impact irréversible sur leur futur. Kyland est un roman addictif et captivant. Mia Sheridan nous offre tous les ingrédients pour une romance réussie et passionnante !

Kyland de Mia Sheridan, paru en février 2024 aux éditions Hugo Publishing, 376 pages, 19€

Twisted Hate tome 3 d’Ana Huang

Résumé

Depuis des années, Jules Ambrose, étudiante en droit, entretient une relation compliquée avec le frère de sa meilleure amie, Josh Chen, étudiant en médecine. Cependant, lorsque Jules commence un stage à la clinique où Josh est bénévole, les deux mettent leurs différends de côté.

En travaillant ensemble, ils découvrent bientôt leur attirance commune et couchent ensemble. N’arrivant pas à oublier leur aventure, ils se mettent d’accord sur une relation purement physique qui se transforme progressivement en quelque chose de plus.

Mais alors qu’ils sont en train de tomber amoureux, le passé de Jules ressurgi, en la personne de Max qui sort de prison et vient réclamer son dû.

Elle va se mettre en danger pour éloigner Max, au péril de sa vie…

Josh a qui elle se confie, va s’éloigner

Depuis des années, Jules Ambrose, étudiante en droit, entretient une relation compliquée avec le frère de sa meilleure amie, Josh Chen, étudiant en médecine. Cependant, lorsque Jules commence un stage à la clinique où Josh est bénévole, ils décident d’un commun accord de mettre leurs différends de côté.

L’avis d’Audrey

Twisted Hate est le troisième opus de la série d’Ana Huang. Cette fois-ci nous suivons Josh Chen, le frère d’Ava que nous avons suivi pendant le premier tome. Josh est interne en médecine, et bénévole pendant son temps libre dans une clinique qui vient d’embaucher Jules Ambrose, la meilleure amie d’Ava, mais aussi la fille avec qui Josh ne s’entend pas. Afin d’être professionnel, ils ont décidé de faire un pacte, et de se respecter le temps du contrat de Jules. Mais c’était sans compter sur l’attirance qui s’est développée entre eux !

J’ai aimé suivre ces deux personnages. Jules est une fille décrite par ses amies dans les deux tomes précédents comme extravertie, honnête et sûre d’elle. On découvre au fil des pages que c’est une personne qui, au contraire est pleine de doutes et dont le passé l’a profondément marquée.

J’ai apprécié l’évolution des comportements entre Jules et Josh, voir l’attention qu’ils se portent l’un l’autre. Mais aussi, l’histoire qu’apporte le passé de Jules. Ça permet d’approfondir un peu plus l’intrigue globale.

J’ai hâte de découvrir le quatrième tome, avec l’histoire de Stella, la dernière fille du groupe de copines qui est assez discrète.

Twisted Hate tome 3 d’Ana Huang, paru en février 2024 aux éditions Hugo Publishing, 400 pages, 18,50€

La double vie de Dina Miller de Zoe Brisby

Résumé

Qui pourrait croire en voyant cette jeune femme gracile qu’elle vient de tuer l’un des plus grands criminels ?

1961, en pleine guerre froide, Kennedy lance le programme Mercury, point de départ de la conquête spatiale. Huntsville, Alabama, bat au rythme de son Centre spatial et de la toute jeune NASA. Dans le quartier huppé de Rocket District, où vivent les scientifiques et leurs familles, Dina Miller s’installe avec une mission : faire justice. Si les jolies maisons aux façades colorées et au gazon immaculé sont parfaitement entretenues, elles cachent pourtant bien des secrets… Ces brillants chercheurs qui œuvrent au futur radieux de l’Amérique, citoyens exemplaires, époux et pères de famille respectables, sont-ils aussi irréprochables qu’ils le prétendent ?

L’avis de Cassandre

J’ai découvert Zoe Brisby avec son roman précédent, Les mauvaises épouses, qui m’avait entièrement convaincue. Je la retrouve aujourd’hui dans La double vie de Dina Miller qui est dans la même veine.

Dina Miller est une jeune femme de vingt-cinq ans qui n’a plus rien à perdre. Engagée par le Mossad, elle débute une nouvelle mission en Alabama. L’histoire se déroule en 1961, dans une ambiance de guerre froide. La Russie a envoyé Youri Gagarine dans l’espace. La NASA compte bien riposter. Dina s’installe à Rocket District, un quartier huppé où vivent les scientifiques, leurs épouses parfaites et leurs enfants merveilleux. Un décor fait de carton-pâte avec des pelouses vertes et tondues, un club d’épouses idéales et des maisons à la Desperate Housewives. La mission de Dina est d’exfiltrer le mari de l’une d’elle, suspecté d’être un ancien médecin nazi.

Une nouvelle fois, Zoe Brisby nous offre un roman qui se dévore. J’ai adoré Dina, cette femme, agent du Mossad qui travaille sous couverture. Elle prend de nombreux risques et ne reculera devant rien pour réussir. En parallèle, il s’agit d’une héroïne féministe qui éveille les consciences. S’il s’agit d’une oeuvre de fiction, elle est basée sur des faits réels, notamment les expériences des Nazis menées sur les populations juives pendant la guerre. Ou pire, celles des américains menées sur les minorités, en particulier noires, dans les années 1960…

Si vous ne connaissez pas encore Zoe Brisby, je ne peux que vous recommander de découvrir sa plume et de vous laisser embarquer dans cette ambiance américaine si particulière !

La double vie de Dina Miller de Zoe Brisby, paru en mars 2024 aux éditions Albin Michel, 272 pages, 19,90€

Des ronds dans l’eau de Morgane Alvès

Résumé

Un matin, l’esprit de Joséphine s’emballe lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte. En l’absence de son mari, Vincent, en déplacement pour le week-end, son cœur se gonfle de ce bonheur à venir. Elle n’est sûre de rien, se dit qu’il est trop tôt pour se réjouir mais imagine déjà un monde plus grand. Elle attend Vincent, encore et encore le dimanche soir. Il ne rentrera pas.
Sans lui, la jeune femme perd pied. Devant la cruelle synchronisation des événements, elle ne sait plus si elle est prête à accueillir un bébé. Pour la première fois de sa vie, elle choisit l’inconnu et part pour la Bretagne, à Locmariaquer, dans cette vieille maison en ruine que Vincent voulait à tout prix conserver en mémoire de son grand-père. Joséphine s’enfuit, n’emportant rien d’autre que son chat Georges, et laisse à Paris sa vie, son métier, ses amis, espérant trouver face à la mer un nouveau souffle.

L’avis de Cassandre

Joséphine et Vincent forment un couple fusionnel et très complice. Un quotidien sans vague, jusqu’au weekend qui marquera l’Avant et l’Après. Vincent part avec ses amis et laisse Joséphine seule à Paris. La trentenaire découvre qu’elle est enceinte. Vincent, quant à lui, ne reviendra jamais…

Des ronds dans l’eau est un roman des plus bouleversants. Il est écrit à la troisième personne et Joséphine en est son personnage principal. On la suit dans les différentes étapes du deuil et dans la découverte de la maternité. Ces deux événements parfaitement incompatibles, vont pourtant devoir cohabiter. Comment peut-on penser à devenir mère quand son univers tout entier s’écroule ? Comment survivre à l’absence de l’autre ? Comment accepter l’inacceptable et se tourner vers l’avenir ?

L’histoire de Joséphine m’a profondément émue. J’ai aimé la suivre dans son processus de reconstruction, notamment à son projet de retaper leur maison de vacances en Bretagne. J’ai aussi été conquise par les rencontres solaires que fera la jeune femme.

Pour conclure, une lecture à la fois touchante et lumineuse écrite par une jeune plume emplie de pudeur et sensibilité.

Des ronds dans l’eau de Morgane Alvès, paru en avril 2023 aux éditions Flammarion, 448 pages, 21,90€

La fille qui prenait les armes d’Amy Harmon

Résumé

Massachusetts, 1780. Depuis la petite ferme isolée du Massachusetts où elle travaille comme servante depuis ses dix ans, Deborah Samson rêve de Boston, de New York et de Philadelphie, de découvrir des endroits qui n’ont pas encore de nom… À vingt et un ans, elle attend impatiemment le jour où elle pourra enfin goûter à la liberté et explorer le monde. Alors, quand la guerre pour l’indépendance des colonies éclate, elle trouve dans la cause américaine, opposée à l’oppression anglaise, un écho singulier à sa propre situation. Enflammée par les rêves de liberté d’un pays tout entier, Deborah bande sa poitrine, enfile un uniforme et s’enrôle dans l’armée continentale. Sa taille élancée fait d’elle un soldat convaincant, mais les risques sont considérables et, confrontée à l’horreur du champ de bataille, elle devra lutter pour garder son identité secrète… Inspirée d’une histoire vraie, une fresque saisissante de la guerre d’indépendance américaine portée par une héroïne forte et libre qui s’émancipe de tous les carcans de son temps.

L’avis de Cassandre

Deborah Samson est âgée de vingt et un ans en 1780. Elle a grandi dans le Massachussetts et a toujours rêvé grand. Elle aimerait voyager, découvrir le monde, courir comme un garçon, s’accomplir. Ce qui n’est pas compatible quand on est embauchée dans une famille en tant qu’aide-ménagère. Quand la guerre d’Indépendance est déclarée et que les dix garçons de la famille sont progressivement enrôlés, Deborah n’a plus vraiment sa place. Elle décide alors de braver tous les interdits et de se faire passer pour un jeune homme pour rejoindre les forces armées…

Deborah Samson a réellement existé. Elle a été incroyablement courageuse et s’est battue avec bravoure. Amy Harmon a décidé de la faire connaître et lui rendre hommage à travers une histoire fictionnelle mais basée sur des faits réels. J’ai été bluffée par ce personnage hors du commun. J’ai trouvé Deborah intelligente, féministe, avant-gardiste et très inspirante. J’ai adoré la suivre dans ses aventures aux multiples rebondissements.

La fille qui prenait les armes
est un roman qui se dévore malgré son grand nombre de pages. Il y a aussi une dimension romantique qui m’a énormément plu. Les autres personnages sont touchants, en particulier le Général John Paterson.

Pour conclure, je suis ravie d’avoir découvert l’histoire de Deborah Samson à travers la jolie plume d’Amy Harmon !

La fille qui prenait les armes d’Amy Harmon, paru en octobre 2023 aux éditions Charleston, 512 pages, 22,90€

Le Silence de Dennis Lehane

Résumé

En cet été de 1974, à South Boston, quartier irlandais de Boston, Mary Pat Fennessy mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble. D’autant que la récente politique de déségrégation mise en œuvre par la ville provoque des tensions raciales et qu’une grande manifestation se prépare. Dans la recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes se fermer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, aussi dévastatrice soit-elle.

L’avis de Cassandre

Si j’ai vu plusieurs des adaptations cinématographiques des romans de Dennis Lehane, Le Silence est le tout premier que je lis du grand auteur. Et certainement pas le dernier.

L’histoire se déroule en 1974, dans un quartier irlandais de Boston. Pour lutter contre le racisme, un plan de déségrégation est mis en place. A Boston, on parle du Busing. L’idée est de tirer au sort des élèves du lycée « Blanc » et d’autres du lycée « Noir » et de les envoyer en bus dans l’autre lycée. Cela créera des manifestations et de grandes tensions. Revenons à l’histoire. On y rencontre Mary Pat, quarante-deux ans, Irlandaise qui élève seule sa fille Jules, depuis la mort de son fils aîné. Voilà qu’un soir, Jules, seulement âgée de dix-sept ans ne rentre pas. Sa mère semble être la seule personne à réellement la chercher. Pressentant que quelque chose de dramatique est arrivé, Mary Pat n’a rien à perdre et soulèvera des montagnes pour découvrir la vérité.

Je ne pensais pas ressentir autant d’émotions en lisant ce roman. Mary Pat est une anti-héroïne. Elle est violente, raciste, mal dégrossie aussi. Elle jure comme un charretier, file des gnons et dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Elle n’a que faire de l’opinion des autres. Mais elle est aussi une mère, a été une épouse, a soif de vérité. Elle s’embarque dans un combat où toutes les portes se ferment autour d’elle mais elle ne recule devant rien. Si elle a de nombreux défauts, on s’attache irrémédiablement à elle. Elle nous touche pour sa détermination, sa gouaille, tout l’amour qu’elle porte à sa fille même si elle peine à le verbaliser.

S’il y a une enquête policière, Le Silence ne se limite pas à ce genre. C’est avant tout un grand roman américain. Un roman qui parle d’une époque qui marque un tournant dans l’Histoire des États-Unis. Un roman sur la vengeance, sur la ségrégation, sur la lutte des classes et les oubliés du rêve américain. Je pourrais vous parler de ce livre pendant des heures mais je préfère vous conseiller de le lire. C’est un immense coup de cœur porté par la plume talentueuse de Dennis Lehane. Je n’oublierai jamais le personnage de Mary Pat, aussi fictif soit-il !

Le Silence de Dennis Lehane, paru en avril 2023 aux éditions Gallmeister, 448 pages, 25,40€

Reminders of him de Colleen Hoover

Résumé

Après avoir passé cinq ans en prison à la suite d’une erreur tragique, Kenna Rowan retourne dans la ville du drame qui a détruit sa vie avec la volonté inébranlable de retrouver sa fille de quatre ans. Mais tout le monde dans la vie de sa fille est déterminé à l’exclure, peu importent les efforts qu’elle déploie pour reconstruire sa vie.

La seule personne qui n’a pas encore rejeté Kenna est Ledger Ward, propriétaire d’un bar local et l’un des derniers liens avec sa fille. Mais si quelqu’un devait apprendre que Ledger devient peu à peu un pilier de la vie de Kenna, tous deux risqueraient de perdre la confiance des personnes qui leur sont chères.

Malgré la pression qui les entoure, ils se découvrent et s’attachent, mais à mesure que leur idylle grandit, le risque s’accroît. Kenna doit trouver un moyen d’absoudre les erreurs de son passé afin de construire un avenir fait de résilience, de pardon et d’espoir.

L’avis d’Audrey

Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais été déçue par les romans de Colleen Hoover. Je n’ai même plus besoin de lire les résumés pour me décider, je lis toutes ses parutions sans hésiter !

Nous rencontrons Kenna qui vient de sortir de prison suite à un accident de voiture dans lequel son petit ami est décédé. Elle tente de reprendre sa vie en main et retrouver sa fille Diem, qu’elle n’a jamais connu à cause de cet accident et de son incarcération. De retour dans la ville où a eu lieu le drame qui l’a conduite en prison, Kenna fait la rencontre de Ledger, un homme qui a bon cœur et est prêt à lui venir en aide.

J’ai adoré les deux personnages principaux, Kenna et Ledger, et pouvoir suivre leurs pensées, parfois très tourmentées. J’ai aimé voir leur relation évoluer, la douceur que Ledger témoigne envers Kenna. Certains personnages secondaires sont également adorables et j’aurais juste aimé qu’ils prennent un peu plus de place dans l’histoire.

Enfin, j’ai été touchée par les différents messages véhicules par l’histoire : le pardon, l’acceptation, la rédemption. Je suis encore une fois très contente d’avoir fait confiance à Colleen Hoover et j’ai passé un bon moment avec Reminders of him.

Reminders of him de Colleen Hoover, paru en janvier 2024 aux éditions Hugo Publishing, 350 pages, 18,50€

La maison noire de Yûsuke Kishi

Résumé

Dans le cabinet d’assurances où il travaille, Shinji Wakatsuki fait figure d’employé modèle. Méticuleux, rigoureux, il traque sans relâche les incohérences dans les avis de décès. Car Wakatsuki le sait : nombre d’assurés sont prêts à faire de fausses déclarations pour obtenir un dédommagement.
Jusqu’au jour où un certain Komoda le sollicite pour un constat dans sa maison.
Sur place, le choc. Le corps d’un enfant de douze ans se balance au bout d’une corde. Suicide ? L’instinct de Wakatsuki lui dicte qu’il s’est passé autre chose dans cette demeure lugubre où flotte l’odeur de la mort.

L’avis de Cassandre

La maison noire est le second roman de l’auteur Yûsuke Kishi traduit en français (après La leçon du mal) mais il a été initialement publié en 1996, au Japon.

Wakatsuki est un agent d’assurance spécialisé en assurance-vie. Chaque jour, l’employé-modèle épluche les nécrologies et doit regarder si tous les critères sont remplis pour que sa société verse les indemnités aux bénéficiaires ou non. Un jour, un client nommé Komoda l’invite à se rendre chez lui pour une formalité. En pénétrant dans cette maison sinistre et sordide, Komoda et Wakatsuki constatent le suicide du beau-fils de Komoda. Très vite, l’assureur a des doutes. Est-ce un meurtre mis en scène afin de toucher les indemnités ? Wakatsuki n’est pas au bout de ses surprises…

Si ce roman a été écrit il y a près de 30 ans, je l’ai trouvé très moderne. Certains passages abordent des problèmes sanitaires et environnementaux et on se rend compte que ceux-ci n’ont malheureusement pas changé et sont même aggravés.

Dans La maison noire, j’ai particulièrement aimé l’ambiance qui devient de plus en plus sombre et inquiétante au fil des chapitres. Certains points de l’intrigue sont prévisibles sans que cela gâche le plaisir de la lecture. On bascule progressivement dans l’horreur, ce qui est loin de me déplaire.

Pour conclure, un thriller japonais réussi et passionnant, une thématique originale et une fin à la hauteur de mes attentes. Oserez-vous pénétrer dans la maison noire ?

La maison noire de Yûsuke Kishi, paru en février 2024 aux éditions Belfond, 304 pages, 22€