Catégorie : Littérature générale

La petite boutique aux poisons de Sarah Penner

Résumé

« Je jure solennellement devant Dieu, Créateur de toutes choses, de ne jamais administrer de poisons… » A ce serment prêté jadis par les apothicaires, Nella ne souscrit plus depuis longtemps. Belladone, ellébore, arsenic : on peut se procurer toutes sortes de poisons dans sa boutique du 3, Back Alley – à condition qu’un homme violent en soit la victime… Et il y en beaucoup, des hommes violents, dans le Londres de 1791…
Deux siècles plus tard, une mystérieuse petite fiole ressurgit dans la boue de la Tamise aux pieds de Caroline, une Américaine au cœur brisé. Et avec elle, toute une histoire de femmes, trop longtemps oubliée…

L’avis de Cassandre

J’ai entendu beaucoup de bien de ce roman depuis sa parution en grand format. Avec une aussi jolie couverture et un titre prometteur, difficile pour moi de ne pas craquer !

Nous suivons deux femmes, à deux époques différentes et de manière alternée. D’une part, il y a Nella, une apothicaire qui vit à Londres en 1791. Sa spécialité ? Empoisonner les hommes sur demandes des femmes, en toute discrétion. D’autre part, nous rencontrons Caroline, une Américaine en séjour à Londres. Son histoire d’amour de dix ans semble se terminer d’une manière assez brutale. En balade, elle trouve une fiole, rejetée par la Tamise. Celle-ci l’obsède : elle veut à tout prix découvrir son histoire.

Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez que j’affectionne les romans mettant en scène des femmes et qui alternent les époques. La petite boutique aux poisons a fait mouche : je l’ai lu en une seule soirée et c’est assez rare pour être souligné. Les chapitres défilent rapidement et on a envie de connaître l’histoire unique de Nella. J’ai aimé les thématiques de l’apothicaire, des potions, des poisons mais aussi de la transmission. Sarah Penner parvient à captiver son lectorat avec une écriture fluide et addictive.

Pour conclure, un roman avec lequel j’ai passé un bon moment. Un premier roman prometteur !

La petite boutique aux poisons de Sarah Penner, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 416 pages, 9€

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi

Résumé

Leyla, Shabaneh et Rodja se sont rencontrées sur les bancs de l’université à Téhéran. Soudées par un lien indéfectible, elles s’efforcent, envers et contre tout, de mener une vie libre. Leyla s’est mariée avec Misagh et a débuté une carrière de journaliste. Shabaneh est habitée par ses lectures et les souvenirs de la guerre. Rodja vient d’être acceptée en doctorat à Toulouse – il ne lui manque plus que son visa. Mais cet équilibre fragile vacille quand Misagh part seul pour le Canada.

En un été et un automne, entre espoirs et déconvenues, toutes trois affrontent leurs contradictions. Suffit-il de partir pour être libre ?

L’automne est la dernière saison est le reflet sensible et bouleversant de la société iranienne d’aujourd’hui. Une histoire prodigieuse et universelle d’amour et d’amitié.

L’avis de Cassandre

En premier lieu, je remercie sincèrement l’équipe de Kube et les éditions Zulma grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman via une opération Book Club.

L’histoire se déroule en Iran et nous suivons alternativement, trois jeunes femmes et amies durant deux saisons seulement, l’été, puis l’automne. Leyla ouvre la marche. Son mari qu’elle aimait et adulait est parti pour le Canada. Elle n’a pas voulu le suivre, persuadée qu’il renoncerait à son départ pour elle. Depuis, son cœur est en miettes et elle déprime, n’a plus goût à rien. Shabaneh, quant à elle, est rêveuse, toujours la tête plongée dans un roman. Elle est ingénieure dans un cabinet. Arsalan est l’un de ses collègues de travail et souhaite l’épouser. Shabaneh est partagée, elle n’est pas sûre de l’aimer et se sent rapidement prise au piège. Cette femme m’a profondément émue. Elle porte sur elle le poids de nombreux malheurs et s’oublie elle-même. Elle s’occupe énormément de son frère, Mahan, atteint de handicap mental et dont leur mère ne tolère pas sa seule vue… Enfin, il y a Rodja, celle qui s’est inscrite en Doctorat en France et qui a fait une demande de visa étudiant. Une démarque bien plus ardue qu’il n’y paraît.

J’ai été touchée par ce récit choral porté par des femmes. Nasim Marashi parvient à nous faire ressentir le poids du régime iranien en ne l’évoquant jamais clairement. Elle mentionne juste un bombardement. Elle réussit à nous en faire prendre conscience dans l’ambiance générale du roman. Les femmes conduisent, étudient, travaillent mais il y a un tel fossé avec les hommes iraniens. Elles sont hautement diplômées mais occupent des postes nettement inférieurs à ceux des hommes. On ressent aussi le poids des traditions, le mariage, la famille, du qu’en dira-t-on. Et puis, il y a la censure, celle du journal dans lequel travaille Leyla, tel un miroir à l’auto-censure de Nasim Marashi lorsqu’elle a écrit son roman.

Ces trois femmes évoluent en quelques mois. Durant l’été (première partie), elles sont en proie aux doutes, aux hésitations, aux rêves avortés et aux désillusions. On ressent une profonde tristesse, une mélancolie voire même une forme de résignation. A l’automne, elles ont mûri, fait des choix et deviennent maîtresses de leur propre destin, dans une mesure toute relative.

Pour conclure, ce roman est une très belle découverte et un portrait réaliste de la jeunesse iranienne tiraillée par l’envie de partir et par la peur de tout quitter.

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi, paru en janvier 2023 aux éditions Zulma, 272 pages, 22€

J’en ai assez d’hésiter. D’avoir peur, d’être indécise, de trancher, de toujours me sentir coupable. De ne pas arriver à décider pour moi-même comme tout le monde. J’aimerais être Madame de Barry et que Louis XV m’épouse. Je serais bien obligée de lui obéir, c’est le roi, et personne ne s’y opposerait. Même pas moi.

Les manquants de Marie-Eve Lacasse

Résumé

Thomas est parti. Ça fait déjà deux ans. On ne sait pas où. On ne sait ni pourquoi, ni avec qui. On ne sait rien. Et de ce rien il faut bien faire quelque chose. Alerter la police ou non. En parler ou se taire. Rendre cette histoire réelle ou pas. Faire avec. Inventer un récit. Convoquer le fantôme. Vivre avec lui. Ou bien le faire sortir par la porte. L’oublier jusqu’à ce qu’il revienne en rêve. Par la fenêtre. Par la forêt. Par ce détail ou cet objet qui rappelle sa mémoire, sans cesse. Et puis un jour, Claire, sa femme, Joan et Hélène, ses amies, sont convoquées au commissariat. C’est qu’il y a quelque chose de louche autour de la disparition de Thomas Cassar. On ne disparaît pas comme ça. Il y a toujours quelque chose. Il y a toujours quelqu’un.

L’avis de Cassandre

Babelio m’a proposé de recevoir Les manquants dans le cadre d’une opération Masse Critique privilégiée (merci infiniment ainsi qu’aux éditions Seuil). Ce n’est pas le genre de roman que je lis habituellement et c’est pourquoi j’ai accepté, j’aime sortir des sentiers battus et faire des découvertes.

Claire est mariée depuis vingt ans à Thomas et mère de deux grands enfants. L’image de la famille parfaite se ternit quand Thomas part, sans rien laisser derrière lui. Pourquoi ? Est-il encore en vie ? Si oui, où est-il ? Tant de questions restées sans réponses. La vie de Claire est en suspens. Deux ans plus tard, Claire est conviée au commissariat de police pour répondre à des questions.

Les manquants est un roman choral où les chapitres alternent trois voix de femmes : Claire et ses amies d’enfance, Hélène et Joan. Chacune se livre dans un monologue, pas toujours linéaire. Elles racontent leurs études, leur amitié, le mariage de Claire et Thomas mais aussi leur vie intime, ce qui les a façonnées. On en oublierait parfois presque la disparition de Thomas, tant elles ont à raconter. J’ai apprécié le style d’écriture, très « parlé » et la narration sous forme de monologue. Il ne s’agit pas réellement d’un interrogatoire de police mais bien d’une confession à cœur ouvert.

J’ai trouvé ce roman surprenant dans son choix narratif, c’est le premier point positif à mes yeux. J’ai aussi apprécié l’atmosphère lourde, pesante, annonciatrice de la catastrophe à venir. Un ouvrage captivant et surprenant, une plume à découvrir !

Les manquants de Marie-Eve Lacasse, paru en mars 2023 aux éditions Seuil, 256 pages, 19€

Chamanes de Sébastien Baud et Corine Sombrun

Résumé

Depuis la nuit des temps, les chamanes nous fascinent. Qui sont-ils ? Quel est leur rôle ? Quels sont leurs outils ? Des premiers récits de la rencontre aux histoires de chamanes d’aujourd’hui, l’ethnologue Sébastien Baud explore les liens entre visible et invisible, humain et animal, culture et nature, tels que les sociétés à chamanes les conçoivent. Corine Sombrun, quant à elle, nous présente la recherche passionnante des liens entre transe et neurosciences.

L’avis de Cassandre

J’aime lire pour différentes raisons : envie d’évasion, évacuer mon stress quotidien, ressentir mille émotions mais parfois aussi pour me cultiver et apprendre de nouvelles choses. Avec une couverture aussi jolie et un titre très prometteur, difficile de ne pas craquer. Sébastien Baud, ethnologue et chercheur accompagné de Corine Sombrun, cofondatrice du TranceScience Research Institute nous offrent un ouvrage hautement documenté. Vous y découvrirez les origines du chamanisme, leur rôle, leurs manières d’agir, également. Les chapitres sont thématiques et s’appuient sur des éléments factuels. J’ai aimé trouver des photographies et illustrations à de multiples reprises.

J’ai trouvé l’histoire des chamanes fascinante. Ces sages à la fois thérapeutes, guérisseurs, conseillers et voyants sont les intermédiaires entre le monde visible et invisible. Leurs liens avec la nature et l’invisible me captivent. Enfin, j’ai aimé la dernière partie consacrée au chamanisme d’aujourd’hui qui bouscule nos certitudes.

Pour conclure, il s’agit d’une vraie mine d’information qui m’aura donné envie d’en savoir… encore plus !

Chamanes de Sébastien Baud et Corine Sombrun, paru en janvier 2023 aux éditions Michel Lafon, 235 pages, 7,20€

A tout jamais de Colleen Hoover

Résumé

Lily, depuis que sa fille Emerson est née, lui a promis que le cycle de la violence s’arrêterait avec elles. Que jamais plus, les femmes de leur famille n’endureraient des abus. Alors elle a pris la décision de quitter son mari et père de sa petite fille. Elle ne s’attendait pas à croiser Atlas, son amour d’adolescente par hasard, et elle ne sait pas quelle place il pourrait occuper dans sa vie. A-telle seulement envie de le revoir ? D’avoir à nouveau une vie sentimentale ? De recommencer sa vie et de croire à l’amour éternel, elle qui a appris de la plus dure des façons qu’il était bien difficile à trouver. Atlas n’est plus du tout le même que l’adolescent en perdition qu’elle a connu. Il a un restaurant, a passé de longues années loin d’elle. Leur histoire peut-elle recommencer là où elle s’était arrêtée ?

L’avis de Cassandre

Dire que j’ai adoré Jamais plus, le premier opus de la duologie, serait un euphémisme. Cette histoire m’avait profondément touchée et j’étais ravie d’apprendre que Colleen Hoover écrivait une suite.

J’ai retrouvé Lily, aujourd’hui divorcée et maman de la petite Emerson qui a déjà bien grandi. Elle a un accord à l’amiable avec Ryle, son ex-mari pour se partager la garde de l’enfant. Elle reste malgré tout sur ses gardes, elle ne se sent pas à l’abri d’un nouvel accès de colère. En parallèle, nous retrouvons Atlas, l’amour de jeunesse de Lily. Leur histoire reprend là où on l’a laissée dans Jamais plus, pour notre plus grand bonheur.

J’ai adoré les protagonistes de l’histoire et en particulier, de découvrir le point de vue d’Atlas. J’ai été touchée par cet homme qui s’est retrouvé dans le dénuement le plus total et qui a su rebondir et avancer. Le mal que lui a fait sa famille m’a fait froid dans le dos. Lily, quant à elle, a connu la violence sous différentes formes. Aujourd’hui, on espère que ces souffrances sont derrière eux et qu’ils pourront enfin être heureux et vivre sereinement.

Cette duologie n’est pas facile à lire, les thématiques sont dures et peuvent heurter les plus sensibles. Pourtant, Colleen Hoover trouve les mots justes pour nous faire réagir et nous alerter sur les violences conjugales et familiales. Elle retranscrit avec réalisme l’emprise sous laquelle sont les victimes.

Pour conclure, cette duologie m’a émue et ébranlée. J’ai adoré les personnages principaux et la romance, bien entendu. Préparez vos mouchoirs, vous risquez de verser quelques larmes !

A tout jamais de Colleen Hoover, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 384 pages, 18,50€

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby

Résumé

Summer ira peut-être en enfer mais elle ira avec Charlie…

Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifs atomiques. Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle… Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin.

L’avis de Cassandre

L’histoire se déroule à Artemisia Lane, banlieue de Las Vegas, en 1952. Plusieurs familles américaines vivent sur une base militaire. A quelques kilomètres de là, les hommes réalisent des essais nucléaires en plein désert du Nevada pendant que leurs parfaites épouses leur concoctent de bons petits plats. Les week-end, on organise des barbecues et on observe les explosions, toujours plus impressionnantes. Plus le temps passe et plus Summer, la femme d’Edward, un haut gradé, s’inquiète de ces essais nucléaires. Quand Charlie, une femme sensuelle (et que chacun juge comme vulgaire) s’installe à Artemisia Lane, le quotidien de Summer se retrouve bouleversé à tout jamais.

Je ne pensais pas lire ce roman presque d’une seule traite. J’ai trouvé l’histoire captivante et l’immersion s’est faite dès les premières pages. J’ai aimé Summer, une femme passive, effacée, qui vit à travers son mari et qui va peu à peu s’émanciper. A l’inverse, Charlie n’a pas peur de grand chose, même pas des coups de son mari. Elle n’a que faire des jugements des autres, elle fume, elle conduit et porte des escarpins rouges. Si tout les oppose, le coup de cœur est pourtant presque immédiat. Charlie exerce une véritable force magnétique sur Summer, et vice-versa. Où les conduira leur soif de liberté ?

En plus de personnages attachants et captivants, j’ai aimé le côté historique du récit. Ces essais nucléaires sont un véritable scandale. Les deux femmes visitent d’ailleurs la « ville-test » située à proximité des explosions. Les maisons sont construites à l’identique que celles dans lesquelles vivent nos héroïnes et habitées par des mannequins qui fondent rapidement sous la chaleur et la radioactivité. C’est l’une des images les plus marquantes à mes yeux. Charlie et Summer semblent vivre dans un décor en carton-pâte, presque en huis clos, tellement loin de la civilisation. Je me suis sentie oppressée et mal à l’aise. En plus de cela, elles sont réduites au simple statut d’épouses ou de mères dans une société totalement patriarcale.

Ce roman est pour moi un coup de cœur, à la fois pour ses thématiques que pour la relation sulfureuse entre les deux femmes. En tant que lecteur, on assiste aux premières loges d’un drame en devenir. J’ai été conquise par l’écriture de Zoé Brisby, il s’agissait de mon tout premier roman de l’écrivaine.

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby, paru en mars 2023 aux éditions Albin Michel, 336 pages, 20,90€

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver

Résumé

Pathétique… Quand Remington, la soixantaine, annonce à sa femme son ambition de courir le marathon, Serenata n’en revient pas. Lui qui n’a jamais couru plus de dix mètres de la chambre au salon… Est-ce la peur de vieillir ? L’oisiveté de sa retraite forcée ? Peut-être la silhouette très pneumatique de Bambi, sa nouvelle coach ? Ou bien tout simplement le conformisme, ce culte du corps, de la performance, qui règne sur l’époque ? Las, la résolution de Remington n’a rien d’une lubie et leur couple s’essouffle.
Chronique d’une vie conjugale en bout de course…

L’avis de Cassandre

Après l’excellent A prendre ou à laisser, je poursuis ma découverte de la talentueuse Lionel Shriver avec ce roman au titre intriguant.

Serenata et Remington sont sexagénaires et mariés depuis des décennies. Serenata prête sa voix aux personnages de livres audio et de jeux vidéos et a toujours été une grande sportive. Elle a longtemps perçu le sport comme une véritable religion. Ses excès lui ont causé des dommages irréversibles au niveau des genoux. Forcée de troquer ses baskets contre des chaussons, elle repousse le plus possible l’opération et rumine dans son coin. Remington, quant à lui, vient d’être licencié de son emploi au service des transports. Compte-tenu de son âge, il doute sincèrement de retrouver un travail un jour. Pour occuper son temps libre, il lui prend une nouvelle lubie : courir un marathon alors qu’il n’a jamais pratiqué aucun sport. Aigrie par son handicap récent, Serenata ne le prend pas au sérieux puis, voyant qu’il persiste, lui en veut franchement de lui « voler son loisir ».

Dès les premières lignes, j’ai été happée par l’écriture de Lionel Shriver. J’ai, à nouveau, plongé au cœur d’un foyer qui menace d’imploser. La distance qui se creuse entre nos deux personnages est plus grande encore que les kilomètres avalés par Remington. J’ai apprécié cette thématique principale du sport en général, qui ne se limite pas à la course. Ce titre m’a fait réfléchir sur les dérives, car oui, on peut faire trop de sport. L’autrice évoque notamment le culte du corps, la quête perpétuelle du challenge, le fait de comptabiliser ses pas et le fait de sans cesse se comparer aux autres comme si notre vie en dépendait. Que veut-on réellement prouver et surtout, à qui ? Ne vous méprenez pas, ce roman ne parle pas uniquement de sport. Lionel Shriver aborde la vie de couple, la vie de famille (les grands enfants du couple sont parfaitement ingrats et perchés !) mais aussi la perception de la vieillesse et son acceptation.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. L’écriture de Lionel Shriver est très corrosive. J’ai aimé ses personnages borderline aussi bien le couple central que ceux qui gravitent autour. Je note, en particulier, la fille du couple, endoctrinée et qui se réfère sans cesse à Dieu, Bambi, la coach qui ne connaît aucune limite et tous ces « malades » du sport. L’autrice parvient à nous faire rire et réfléchir en même temps. Un roman à ne pas manquer !

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 480 pages, 9,20€

Au bout du compte, il avait été décidé que les New-Yorkais n’étaient pas tout à fait prêts à se soumettre à l’autorité d’une voix de femme, et Serenata n’avait pas obtenu le poste. Comme le lui avait raconté Remington par la suite, après avoir réécouté son audition, un des membres de l’équipe avait déclaré qu’un passager écoutant cette voix sensuelle n’entendrait pas le message et qu’il envisagerait surtout de se faire le haut-parleur.

– C’est… carrément un Dieu.

– Crois-en mon expérience, il vaut mieux éviter de sortir avec un dieu. Ils finissent toujours par se révéler de simples mortels avec un faux-nez.

Les savoirs inutiles de Néon

Résumé

Certes, savoir que le coeur bat 36 millions de fois par an, que Lara Croft a fait la Une de Libé en 1997 ou encore que Asatru est le nom d’une spiritualité viking ne vous servira sans doute pas à grand-chose dans la vie de tous les jours. Et pourtant, voulez-vous vraiment passer à côté de toute cette science ?

Depuis 2013, Les Savoirs Inutiles Néon vous servent la crème de l’inutilité, maintenant réunis en un volume, pour votre plus grand plaisir. Mots anciens, Histoire, animaux et amour, corps humain, espace… il y en a pour tous les goûts.

L’avis de Cassandre

Le magazine Néon, je l’ai connu à ses débuts, en 2013 et j’y ai été abonnée un long moment. C’était pour moi le seul magazine que j’avais envie de lire de A à Z, des sujets toujours captivants, insolites, des articles hors des sentiers battus. Sa fin en 2021 m’a beaucoup peinée !

Mais alors quel est le rapport entre le magazine Néon et ce livre ? C’est tout simple, à chaque numéro, nous pouvions retrouver une section « Les savoirs inutiles », aussi transparente que son nom l’indique. Lorsque j’ai été sélectionnée par Babelio lors de sa dernière masse critique, j’étais très heureuse de pouvoir retrouver Néon ! Je les remercie chaleureusement, ainsi que les éditions First pour cet envoi.

Dans ce titre, vous retrouverez une belle compilation de savoirs inutiles, classées par thèmes. Ces informations ne vous permettront peut-être pas de briller en société mais je suis certaine que vous serez très surpris par leur contenu. Ces savoirs inutiles sont insolites, drôles, absurdes et souvent décalés. Et c’est clairement pour cela qu’on les adore. Saviez-vous qu’il y a plus de décès dus à une chute de noix de coco qu’à une attaque de requin ? Et que Mick Jagger voulait être comptable ? Ou encore, que le colibri a une langue bifide, c’est-à-dire fendue en deux ? Et bien maintenant, vous savez !

Pour conclure, j’ai adoré ce titre, il m’a rappelé de chouettes souvenirs. Cet ouvrage est idéal pour se détendre et partager ces savoirs à la maison ! Amusement garanti !

Les savoirs inutiles de Néon, paru en octobre 2022 aux éditions First, 224 pages, 15,95€

Dracula de Bram Stoker

Résumé

Le chef-d’œuvre de l’épouvante raconte l’histoire du comte Dracula, un vampire immortel qui se repaît du sang des vivants et peut les transformer à leur tour en créature démoniaque. Le récit se joue entre l’Angleterre et la Transylvanie au XIXe siècle, notamment dans un château retiré des Carpates.

L’avis de Cassandre

J’ai toujours eu envie de lire Dracula, l’œuvre de Bram Stoker. Après lecture, je me demande comment j’ai pu passer à côté si longtemps !

Jonathan Harker est le premier personnage présenté. Ce clerc de notaire anglais est envoyé dans les Carpates, en Transylvanie, afin de conseiller le Comte Dracula. Très rapidement, Jonathan ressent un profond malaise dans le grand manoir. Il a l’impression d’être seul avec Dracula. L’ambiance se fait de plus en plus inquiétante, dans quel piège est-il tombé ? En parallèle, nous suivons deux amies, Lucy et Mina qui passent l’été ensemble. Mina trouve le comportement de Lucy étrange, celle-ci semble pâlir et s’épuiser, sans que Mina ne trouve la moindre explication. Nous suivons également différents médecins dont le Docteur Seward qui essaie de soigner un patient déséquilibré et inquiétant. Quel est donc le lien entre ces différentes histoires ?

Tout d’abord, je dois dire que j’ai adoré la construction de ce roman : extraits de journaux intimes, lettres échangées entre les différents personnages principaux, entrecoupés de coupures de presse. J’aime les romans épistolaires et j’ai trouvé celui-ci très réussi. Cela permet au lecteur de suivre l’histoire à travers différents points de vue. Comment nos différents héros vont-ils parvenir à piéger le Comte rusé ?

J’ai également aimé le personnage de Dracula, absolument mystique et les thématiques abordées dans le roman : l’immortalité, la science, les maladies mentales et la superstition, entre autres. Si vous aimez le genre fantastique, vous ne serez pas déçu par ce roman, aussi immortel que son personnage emblématique.

Dracula de Bram Stoker, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 630 pages, 8,90€

Les enfants sont calmes de Kevin Wilson

Résumé

Lorsque la blonde, belle et riche Madison écrit à son amie d’enfance, Lillian, c’est pour lui demander de s’occuper des jumeaux de son mari, nés d’une première union. Petite particularité : ils prennent feu quand ils sont en colère. Lillian, qui jongle entre deux petits boulots et vit toujours chez sa mère, accepte de venir en aide à son ancienne camarade. Le temps d’un été, celle qui a cruellement manqué d’amour va apprendre à les connaître, les aimer, pour les aider à (peut-être) rester calmes.
Dans ce roman singulier, Kevin Wilson nous offre une comédie tour à tour grinçante et émouvante sur l’amour, les liens familiaux et la différence. On navigue entre incongruité, tendresse et amitié.

L’avis de Cassandre

Parfois, il m’arrive de lire des romans inclassables, totalement singuliers, osés et assurément inoubliables. Je pense que la couverture annonce tout de suite la couleur. Lillian, (l’anti-)héroïne du roman mène une vie relativement déprimante. Elle a grandi sans père, sans amour de la part de sa mère et avec peu de perspectives dans la vie. Sa seule réussite fut d’obtenir une bourse au mérite dans une école privée où elle fit la rencontre de Madison, aussi jolie que riche. L’amitié est aussi improbable qu’immédiate. Mais les rêves de Lillian prennent rapidement fin. Aujourd’hui proche de la trentaine, célibataire, habitant dans les combles chez sa mère et cumulant des petits boulots inintéressants, Lillian s’ennuie ferme. Mais quand Madison reprend contact avec elle pour lui proposer un emploi, Lillian n’hésite pas une seule seconde.

Je reviens donc à la couverture de ce roman : le mystérieux emploi proposé à Lillian est de s’occuper des jumeaux du mari de Madison, âgés de dix ans : Bessie et Roland, qui viennent de perdre leur mère. Leur particularité : quand ils s’énervent ou sont contrariés, ils prennent littéralement feu. Leur père, l’époux de Madison est en passe de devenir sénateur. La présence de Lillian, dans le plus grand des secrets est alors une bénédiction.

Si l’histoire est totalement barrée, j’ai été surprise de me prendre au jeu aussi facilement. J’ai été très touchée par le personnage de Lillian qui n’a que peu d’estime pour elle-même et les enfants qui n’ont jamais reçu d’amour de leur père et sont considérés comme « gênants ». Il se pourrait que le trio ait bien plus de points communs qu’on ne le pense. Les thématiques abordées sont intéressantes : la filiation, l’éducation, l’influence, la lutte des classes sociales ou encore, l’amour.

Le roman de Kevin Wilson se lit presque d’une seule traite. J’ai aimé la manière dont l’histoire est narrée, les retours dans le passé, les liens biscornus qui unissent Madison à Lillian. Un auteur à suivre !

Les enfants sont calmes de Kevin Wilson, paru en septembre 2022 aux éditions Robert Laffont, 324 pages, 21€