A tout jamais de Colleen Hoover

Résumé

Lily, depuis que sa fille Emerson est née, lui a promis que le cycle de la violence s’arrêterait avec elles. Que jamais plus, les femmes de leur famille n’endureraient des abus. Alors elle a pris la décision de quitter son mari et père de sa petite fille. Elle ne s’attendait pas à croiser Atlas, son amour d’adolescente par hasard, et elle ne sait pas quelle place il pourrait occuper dans sa vie. A-telle seulement envie de le revoir ? D’avoir à nouveau une vie sentimentale ? De recommencer sa vie et de croire à l’amour éternel, elle qui a appris de la plus dure des façons qu’il était bien difficile à trouver. Atlas n’est plus du tout le même que l’adolescent en perdition qu’elle a connu. Il a un restaurant, a passé de longues années loin d’elle. Leur histoire peut-elle recommencer là où elle s’était arrêtée ?

L’avis de Cassandre

Dire que j’ai adoré Jamais plus, le premier opus de la duologie, serait un euphémisme. Cette histoire m’avait profondément touchée et j’étais ravie d’apprendre que Colleen Hoover écrivait une suite.

J’ai retrouvé Lily, aujourd’hui divorcée et maman de la petite Emerson qui a déjà bien grandi. Elle a un accord à l’amiable avec Ryle, son ex-mari pour se partager la garde de l’enfant. Elle reste malgré tout sur ses gardes, elle ne se sent pas à l’abri d’un nouvel accès de colère. En parallèle, nous retrouvons Atlas, l’amour de jeunesse de Lily. Leur histoire reprend là où on l’a laissée dans Jamais plus, pour notre plus grand bonheur.

J’ai adoré les protagonistes de l’histoire et en particulier, de découvrir le point de vue d’Atlas. J’ai été touchée par cet homme qui s’est retrouvé dans le dénuement le plus total et qui a su rebondir et avancer. Le mal que lui a fait sa famille m’a fait froid dans le dos. Lily, quant à elle, a connu la violence sous différentes formes. Aujourd’hui, on espère que ces souffrances sont derrière eux et qu’ils pourront enfin être heureux et vivre sereinement.

Cette duologie n’est pas facile à lire, les thématiques sont dures et peuvent heurter les plus sensibles. Pourtant, Colleen Hoover trouve les mots justes pour nous faire réagir et nous alerter sur les violences conjugales et familiales. Elle retranscrit avec réalisme l’emprise sous laquelle sont les victimes.

Pour conclure, cette duologie m’a émue et ébranlée. J’ai adoré les personnages principaux et la romance, bien entendu. Préparez vos mouchoirs, vous risquez de verser quelques larmes !

A tout jamais de Colleen Hoover, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 384 pages, 18,50€

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby

Résumé

Summer ira peut-être en enfer mais elle ira avec Charlie…

Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifs atomiques. Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle… Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin.

L’avis de Cassandre

L’histoire se déroule à Artemisia Lane, banlieue de Las Vegas, en 1952. Plusieurs familles américaines vivent sur une base militaire. A quelques kilomètres de là, les hommes réalisent des essais nucléaires en plein désert du Nevada pendant que leurs parfaites épouses leur concoctent de bons petits plats. Les week-end, on organise des barbecues et on observe les explosions, toujours plus impressionnantes. Plus le temps passe et plus Summer, la femme d’Edward, un haut gradé, s’inquiète de ces essais nucléaires. Quand Charlie, une femme sensuelle (et que chacun juge comme vulgaire) s’installe à Artemisia Lane, le quotidien de Summer se retrouve bouleversé à tout jamais.

Je ne pensais pas lire ce roman presque d’une seule traite. J’ai trouvé l’histoire captivante et l’immersion s’est faite dès les premières pages. J’ai aimé Summer, une femme passive, effacée, qui vit à travers son mari et qui va peu à peu s’émanciper. A l’inverse, Charlie n’a pas peur de grand chose, même pas des coups de son mari. Elle n’a que faire des jugements des autres, elle fume, elle conduit et porte des escarpins rouges. Si tout les oppose, le coup de cœur est pourtant presque immédiat. Charlie exerce une véritable force magnétique sur Summer, et vice-versa. Où les conduira leur soif de liberté ?

En plus de personnages attachants et captivants, j’ai aimé le côté historique du récit. Ces essais nucléaires sont un véritable scandale. Les deux femmes visitent d’ailleurs la « ville-test » située à proximité des explosions. Les maisons sont construites à l’identique que celles dans lesquelles vivent nos héroïnes et habitées par des mannequins qui fondent rapidement sous la chaleur et la radioactivité. C’est l’une des images les plus marquantes à mes yeux. Charlie et Summer semblent vivre dans un décor en carton-pâte, presque en huis clos, tellement loin de la civilisation. Je me suis sentie oppressée et mal à l’aise. En plus de cela, elles sont réduites au simple statut d’épouses ou de mères dans une société totalement patriarcale.

Ce roman est pour moi un coup de cœur, à la fois pour ses thématiques que pour la relation sulfureuse entre les deux femmes. En tant que lecteur, on assiste aux premières loges d’un drame en devenir. J’ai été conquise par l’écriture de Zoé Brisby, il s’agissait de mon tout premier roman de l’écrivaine.

Les mauvaises épouses de Zoé Brisby, paru en mars 2023 aux éditions Albin Michel, 336 pages, 20,90€

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver

Résumé

Pathétique… Quand Remington, la soixantaine, annonce à sa femme son ambition de courir le marathon, Serenata n’en revient pas. Lui qui n’a jamais couru plus de dix mètres de la chambre au salon… Est-ce la peur de vieillir ? L’oisiveté de sa retraite forcée ? Peut-être la silhouette très pneumatique de Bambi, sa nouvelle coach ? Ou bien tout simplement le conformisme, ce culte du corps, de la performance, qui règne sur l’époque ? Las, la résolution de Remington n’a rien d’une lubie et leur couple s’essouffle.
Chronique d’une vie conjugale en bout de course…

L’avis de Cassandre

Après l’excellent A prendre ou à laisser, je poursuis ma découverte de la talentueuse Lionel Shriver avec ce roman au titre intriguant.

Serenata et Remington sont sexagénaires et mariés depuis des décennies. Serenata prête sa voix aux personnages de livres audio et de jeux vidéos et a toujours été une grande sportive. Elle a longtemps perçu le sport comme une véritable religion. Ses excès lui ont causé des dommages irréversibles au niveau des genoux. Forcée de troquer ses baskets contre des chaussons, elle repousse le plus possible l’opération et rumine dans son coin. Remington, quant à lui, vient d’être licencié de son emploi au service des transports. Compte-tenu de son âge, il doute sincèrement de retrouver un travail un jour. Pour occuper son temps libre, il lui prend une nouvelle lubie : courir un marathon alors qu’il n’a jamais pratiqué aucun sport. Aigrie par son handicap récent, Serenata ne le prend pas au sérieux puis, voyant qu’il persiste, lui en veut franchement de lui « voler son loisir ».

Dès les premières lignes, j’ai été happée par l’écriture de Lionel Shriver. J’ai, à nouveau, plongé au cœur d’un foyer qui menace d’imploser. La distance qui se creuse entre nos deux personnages est plus grande encore que les kilomètres avalés par Remington. J’ai apprécié cette thématique principale du sport en général, qui ne se limite pas à la course. Ce titre m’a fait réfléchir sur les dérives, car oui, on peut faire trop de sport. L’autrice évoque notamment le culte du corps, la quête perpétuelle du challenge, le fait de comptabiliser ses pas et le fait de sans cesse se comparer aux autres comme si notre vie en dépendait. Que veut-on réellement prouver et surtout, à qui ? Ne vous méprenez pas, ce roman ne parle pas uniquement de sport. Lionel Shriver aborde la vie de couple, la vie de famille (les grands enfants du couple sont parfaitement ingrats et perchés !) mais aussi la perception de la vieillesse et son acceptation.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. L’écriture de Lionel Shriver est très corrosive. J’ai aimé ses personnages borderline aussi bien le couple central que ceux qui gravitent autour. Je note, en particulier, la fille du couple, endoctrinée et qui se réfère sans cesse à Dieu, Bambi, la coach qui ne connaît aucune limite et tous ces « malades » du sport. L’autrice parvient à nous faire rire et réfléchir en même temps. Un roman à ne pas manquer !

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 480 pages, 9,20€

Au bout du compte, il avait été décidé que les New-Yorkais n’étaient pas tout à fait prêts à se soumettre à l’autorité d’une voix de femme, et Serenata n’avait pas obtenu le poste. Comme le lui avait raconté Remington par la suite, après avoir réécouté son audition, un des membres de l’équipe avait déclaré qu’un passager écoutant cette voix sensuelle n’entendrait pas le message et qu’il envisagerait surtout de se faire le haut-parleur.

– C’est… carrément un Dieu.

– Crois-en mon expérience, il vaut mieux éviter de sortir avec un dieu. Ils finissent toujours par se révéler de simples mortels avec un faux-nez.

Nous étions les reines de Laurie Elizabeth Flynn

Résumé

Il y a dix ans, quelqu’un avait payé le prix fort de leurs jeux malsains.Aujourd’hui, c’est à elles de rendre des comptes.

À l’université, Ambrosia aurait fait n’importe quoi pour impressionner Sloane, cette amie fascinante. Sous son influence, elle s’est laissé entraîner dans les fêtes endiablées et s’est prêtée à des jeux cruels. Mais un soir, ce qui devait n’être qu’une plaisanterie a tourné au drame…

Dix ans plus tard, Ambrosia mène une vie rangée, très loin de ces mauvais souvenirs. Elle n’a donc nullement l’intention de répondre à l’invitation à des retrouvailles d’anciens élèves qui arrive par la poste. Mais elle réalise que ses secrets ne sont plus en sécurité quand elle reçoit aussi une note anonyme: «Nous devons parler de ce que nous avons fait cette nuit-là.»

L’avis de Cassandre

La narratrice du roman se nomme Ambrosia, mais ses proches la surnomment Amb. Un jour, elle reçoit un carton d’invitation à un week-end de retrouvailles entre les anciens étudiants de la promotion 2007 de son université. Notre héroïne n’a aucune envie d’y aller, loin de là. Manque de chance, son mari découvre l’invitation et elle ne peut plus reculer.

Le récit alterne entre aujourd’hui et il y a quatorze ans, en 2007. Que s’est-il passé cette année-là ? Rapidement, on pressent qu’un grand malheur est arrivé et qu’Ambrosia n’y est pas pour rien… On rencontre différents protagonistes tels que Sully, une jeune femme malsaine mais qui attire Amb comme un aimant. A l’inverse, Flora, sa colocataire, est une personne joviale, généreuse et d’une grande bonté. Elle donnerait tout ce qu’elle a à Ambrosia, sans rien attendre en retour. J’avoue avoir eu du mal à m’attacher à l’héroïne qui cumule les mauvais choix et qui ne regrette jamais. On a le sentiment qu’elle n’a jamais mauvaise conscience et qu’elle est prête à tout pour briller, surtout aux yeux de Sully.

Si le sujet n’est pas novateur, j’avoue être entrée très rapidement dans l’histoire. Les chapitres s’enchaînent aisément et on ne peut qu’avoir envie de découvrir la vérité. Attachez vos ceintures, ce roman secoue et remue. L’écrivaine met en scène un sacré jeu de manipulation. Qui tire réellement les ficelles ? J’ai grandement apprécié la fin, osée et surprenante à la fois.

Pour conclure, un roman qui se lit facilement avec des personnages féminins qui n’ont aucune limite. Mais attention, tôt ou tard, il faudra répondre de leurs actes !

Nous étions les reines de Laurie Elizabeth Flynn, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 512 pages, 8,90€

Les savoirs inutiles de Néon

Résumé

Certes, savoir que le coeur bat 36 millions de fois par an, que Lara Croft a fait la Une de Libé en 1997 ou encore que Asatru est le nom d’une spiritualité viking ne vous servira sans doute pas à grand-chose dans la vie de tous les jours. Et pourtant, voulez-vous vraiment passer à côté de toute cette science ?

Depuis 2013, Les Savoirs Inutiles Néon vous servent la crème de l’inutilité, maintenant réunis en un volume, pour votre plus grand plaisir. Mots anciens, Histoire, animaux et amour, corps humain, espace… il y en a pour tous les goûts.

L’avis de Cassandre

Le magazine Néon, je l’ai connu à ses débuts, en 2013 et j’y ai été abonnée un long moment. C’était pour moi le seul magazine que j’avais envie de lire de A à Z, des sujets toujours captivants, insolites, des articles hors des sentiers battus. Sa fin en 2021 m’a beaucoup peinée !

Mais alors quel est le rapport entre le magazine Néon et ce livre ? C’est tout simple, à chaque numéro, nous pouvions retrouver une section « Les savoirs inutiles », aussi transparente que son nom l’indique. Lorsque j’ai été sélectionnée par Babelio lors de sa dernière masse critique, j’étais très heureuse de pouvoir retrouver Néon ! Je les remercie chaleureusement, ainsi que les éditions First pour cet envoi.

Dans ce titre, vous retrouverez une belle compilation de savoirs inutiles, classées par thèmes. Ces informations ne vous permettront peut-être pas de briller en société mais je suis certaine que vous serez très surpris par leur contenu. Ces savoirs inutiles sont insolites, drôles, absurdes et souvent décalés. Et c’est clairement pour cela qu’on les adore. Saviez-vous qu’il y a plus de décès dus à une chute de noix de coco qu’à une attaque de requin ? Et que Mick Jagger voulait être comptable ? Ou encore, que le colibri a une langue bifide, c’est-à-dire fendue en deux ? Et bien maintenant, vous savez !

Pour conclure, j’ai adoré ce titre, il m’a rappelé de chouettes souvenirs. Cet ouvrage est idéal pour se détendre et partager ces savoirs à la maison ! Amusement garanti !

Les savoirs inutiles de Néon, paru en octobre 2022 aux éditions First, 224 pages, 15,95€

Si je n’existe pas de Cat Kueva

Résumé

« EX SISTERE. Littéralement se manifester, se montrer.
C’est de là que vient le mot existence. »

Camille aime les livres plus que tout. Ils sont son refuge dans le fracas du monde. À vrai dire, le monde, elle le fuit.
Tout bascule lorsque, dès son premier jour au service des archives des bibliothèques de la ville, elle découvre un mystérieux roman dans lequel apparaît mot pour mot un texte tiré de son journal intime.
En réalité, le roman entier semble raconter la vie de Camille, incarnée par le personnage d’Alice. Profondément chamboulée, la jeune femme se lance à la recherche de l’auteur du roman, au risque de s’y perdre…

L’avis de Cassandre

Camille est une jeune femme qui arrive dans une nouvelle ville, avec sa petite valise. Elle va intégrer une colocation et un nouvel emploi. Son travail consiste à archiver des livres en bout de course, ceux dont les bibliothèques ne veulent plus. Alors qu’elle classe des ouvrages, Camille tombe sur un roman, intitulé « Si je n’existe pas ». En le feuilletant, elle remarque que certains passages ont été consignés dans son propre journal intime. Plus troublant encore, le roman semble parler de sa propre vie. Camille va embarquer dans une histoire rocambolesque.

Le moins qu’on puisse dire est que ce roman est parfaitement déroutant. Camille est un personnage singulier. Solitaire, voire parfois hostile à toute forme de socialisation, la jeune femme est rêveuse, toujours la tête plongée dans un livre. On la suit dans sa quête mouvementée de la vérité. Rapidement, l’atmosphère change, on sent que quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans cette histoire. Qu’est-ce qui est réel dans ce roman ? Existe ou n’existe pas ? Pour le savoir, il faudra le lire !

Si je n’existe pas est un roman labyrinthique original. J’ai aimé les retournements de situation, les références littéraires, les personnages et la construction atypique du roman. Si la fin apporte des éléments de réponse, elle reste aussi relativement ouverte. Cela permet au lecteur de choisir le dénouement qui lui convient le mieux. Une lecture addictive, difficile à reposer !

Si je n’existe pas de Cat Kueva, paru en février 2023 aux éditions Robert Laffont, 304 pages, 18,50€

L’éveil d’Erica Strange de Cassie Gustafson

Résumé

Lorsqu’au lendemain d’une fête Erica se réveille le corps recouvert d’insultes écrites au marqueur, elle comprend qu’elle a été agressée pendant son sommeil. Pire, elle réalise que son petit ami Thomas a participé à cette ignominie.
Pour s’en sortir, elle convoque dans son esprit une héroïne de comics qu’elle a inventée. Que ferait Erica Strange ? Se taire ou se battre : elle va devoir choisir !
Erica Walker sera-t-elle la super-héroïne qu’elle a toujours voulu être ?

L’avis de Cassandre

Erica a emménagé il y a quelques mois avec sa mère à Bay City. Sans être populaire, elle est plutôt bien intégrée : elle a une amie proche, Caylee et un petit-ami, Thomas. En-dehors du lycée, Erica adore dessiner, elle s’imagine en Erica Strange, super héroïne dotée d’une cape et qui vit de grandes aventures. La vie de notre héroïne était plutôt banale jusqu’à cette terrible fête alcoolisée où elle se réveille nue, le corps criblé d’inscriptions faites au marqueur : insultes, dessins vulgaires. Que s’est-il réellement passé ? Thomas a-t-il participé à l’agression ?

Le récit est partagé entre la voix d’Erica et celle de Thomas. Dès le début, on a froid dans le dos et on ressent un profond malaise. On craint pour Erica et on a de la peine pour elle. Elle est une victime et à l’heure des réseaux sociaux, son calvaire ne fait que commencer. Je me suis profondément attachée à cette jeune fille, rêveuse, assez naïve en raison de son âge et de sa bonté. On espère à tout prix qu’elle fera lumière sur cette terrible nuit et saura se relever.

J’ai nettement moins ressenti d’empathie pour Thomas. On se demande quel rôle il a joué cette nuit-là et on le maudit pour sa passivité. Il ne se met pas à la place de celle qu’il prétend aimer. Il préfère se mentir à lui-même et défendre ses propres intérêts. Et encore, c’est le « moins pire » des personnages. Ceux qui ont participé à la soirée sont absolument abjects. Ils banalisent les faits, s’en amusent et à mille lieues d’en mesurer les conséquences. L’écrivaine parvient à retranscrire l’histoire d’une agression à travers les yeux des différents acteurs : la victime, les coupables et les personnes qui gravitent autour. Il y a ceux qui enfoncent davantage Erica, ceux qui en rient, mais aussi (fort heureusement), ceux qui agissent dans l’intérêt de la jeune femme. Les adultes seront aussi présents, au fil du roman, à l’image de leurs enfants.

Vous l’aurez compris, le sujet central du roman tourne autour de l’agression sexuelle. L’autrice parvient à traiter la thématique avec transparence et sensibilité. Elle nous pousse à réfléchir sur la définition d’un viol et ses contours souvent mal définis. Elle parle aussi d’autres sujets importants : l’amitié, le respect, la trahison, la pauvreté et aussi du fait de porter plainte et des difficultés qui en découlent.

Pour conclure, j’ai été très touchée par ce roman et par son personnage principal. Une fois commencé, il est difficile de s’arrêter même si on redoute parfois la suite des événements. J’ai adoré les planches de bandes dessinées intercalées entre les chapitres représentant Erica Strange. Enfin, je dirais que ce récit est difficile, qu’il peut heurter la sensibilité de certains lecteurs mais qu’il est très important.

L’éveil d’Erica Strange de Cassie Gustafson, paru en octobre 2022 aux éditions Pocket Jeunesse, 448 pages, 18,90€

Dracula de Bram Stoker

Résumé

Le chef-d’œuvre de l’épouvante raconte l’histoire du comte Dracula, un vampire immortel qui se repaît du sang des vivants et peut les transformer à leur tour en créature démoniaque. Le récit se joue entre l’Angleterre et la Transylvanie au XIXe siècle, notamment dans un château retiré des Carpates.

L’avis de Cassandre

J’ai toujours eu envie de lire Dracula, l’œuvre de Bram Stoker. Après lecture, je me demande comment j’ai pu passer à côté si longtemps !

Jonathan Harker est le premier personnage présenté. Ce clerc de notaire anglais est envoyé dans les Carpates, en Transylvanie, afin de conseiller le Comte Dracula. Très rapidement, Jonathan ressent un profond malaise dans le grand manoir. Il a l’impression d’être seul avec Dracula. L’ambiance se fait de plus en plus inquiétante, dans quel piège est-il tombé ? En parallèle, nous suivons deux amies, Lucy et Mina qui passent l’été ensemble. Mina trouve le comportement de Lucy étrange, celle-ci semble pâlir et s’épuiser, sans que Mina ne trouve la moindre explication. Nous suivons également différents médecins dont le Docteur Seward qui essaie de soigner un patient déséquilibré et inquiétant. Quel est donc le lien entre ces différentes histoires ?

Tout d’abord, je dois dire que j’ai adoré la construction de ce roman : extraits de journaux intimes, lettres échangées entre les différents personnages principaux, entrecoupés de coupures de presse. J’aime les romans épistolaires et j’ai trouvé celui-ci très réussi. Cela permet au lecteur de suivre l’histoire à travers différents points de vue. Comment nos différents héros vont-ils parvenir à piéger le Comte rusé ?

J’ai également aimé le personnage de Dracula, absolument mystique et les thématiques abordées dans le roman : l’immortalité, la science, les maladies mentales et la superstition, entre autres. Si vous aimez le genre fantastique, vous ne serez pas déçu par ce roman, aussi immortel que son personnage emblématique.

Dracula de Bram Stoker, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 630 pages, 8,90€

Où est mon camion de pompiers ?

Résumé

Les tout-petits seront séduits par les camions de pompier qui remplissent les pages de ce livre aux pages cartonnées conçues pour les petites mains. Ils apprécieront les matières à toucher et la petite souris blanche à rechercher au fil des pages.

L’avis de Cassandre

Je suis avec attention la collection Les tout-doux des éditions Usborne et nous en possédons déjà beaucoup. Ce titre nous intéressait énormément, notre enfant est fan des véhicules, notamment le fameux camion de pompiers.

J’ai trouvé cet album superbe. La couverture en relief, les belles couleurs et la tranche des pages colorée en rouge attirent immédiatement l’oeil. Le contenu est tout aussi réussi. Le tout-petit peut toucher l’échelle rugueuse et métallisée du camion, les roues toutes molles et caoutchouteuses ou encore, observer les phares étincelants. La petite souris blanche est à retrouver sur chaque double-page.

Les illustrations et le choix des couleurs et des textures attirent immédiatement l’oeil. Cet album est idéal pour les tout-petits, tant pour les couleurs que pour les textures. Le format s’adapte parfaitement aux petites mains. Un ouvrage qui plaira au plus grand nombre !

Où est mon camion de pompiers ? de Fiona Watt et Rachel Wells, paru en février 2023 aux éditions Usborne, 10 pages, 7,95€

Les Gentils de Michaël Mention

Résumé

Ça hurle, ça cogne dans la tête de Franck. Six mois que sa fille est morte dans un braquage à Belleville. Six mois qu’il attend l’arrestation du coupable. Mais rien, aucun suspect, aucune piste, et les flics semblent avoir lâché l’affaire.
Alors Franck ratisse les bas-fonds de Paris, finit par trouver un vague indice. Il largue tout et embarque dans sa R5 pour un trip halluciné à la recherche de sa proie : un tox’ avec un tatouage « Anarchie ».
Jusqu’où iriez-vous pour venger la mort de votre enfant ? Franck, lui, va loin, très loin, jusqu’en Amazonie, pour traquer un meurtrier parti racheter sa conscience dans un mystérieux camp de hippies. Mais dans cette jungle où la violence est partout, la folie de Franck va se heurter à des âmes plus extrêmes encore…   

L’avis de Cassandre

J’ai découvert Michaël Mention en 2017 avec son roman La voix secrète, paru dans la collection Grands Détectives des éditions 10-18. J’en garde un excellent souvenir et je suis ravie de retrouver l’auteur dans un tout autre registre. Je remercie les éditions Belfond et Babelio pour cet envoi.

Franck est le personnage principal de l’histoire. Le lecteur le découvre dans son entièreté : sa vie, ses intentions, ses pensées, toutes ses pensées. A Paris, en 1978, Franck est trentenaire et vient de vivre ce qui peut arriver de pire : sa fille de six ans a été tuée, victime collatérale d’un braquage qui a mal tourné. Six mois ont passé, la police n’a aucune piste concernant le braqueur. Franck bout intérieurement. Dans sa tête, la cocote-minute se met en route. S’il ne peut pas compter sur les forces de l’ordre, alors il fera la loi lui-même, quoi qu’il en coûte. Et cette soif de vengeance va le mener très loin de Paris.

Ce roman noir est essentiellement centré sur Franck et sa quête acharnée. On s’attache à ce personnage détruit qui sombre chaque jour un peu plus. On se demande jusqu’où il ira, non sans une certaine inquiétude. J’ai adoré la plume de Michaël Mention qui retranscrit avec brio les émotions qui traversent son héros meurtri. Le style d’écriture est particulier, les phrases sont courtes, les pensées s’emmêlent, le tout est hautement corrosif. J’ai trouvé que cela rendait Franck d’autant plus vivant.

L’auteur nous immerge en 1978, une année particulière sur bien des plans. Il mêle à son histoire fictive, des événements qui ont marqué la France et le monde. Le tout est rythmé par de la bonne musique rock (Franck était disquaire avant de tout plaquer !). Enfin, je salue Michaël Mention et sa fin qui est une vraie bonne surprise. L’auteur a su m’entraîner là où je ne m’attendais pas, en nous assénant une claque monumentale.

Pour conclure, j’ai adoré Les Gentils, un excellent roman noir et un sujet entièrement maîtrisé. Et vous, jusqu’où iriez-vous pour vous venger ?

Les Gentils de Michaël Mention, paru en février 2023 aux éditions Belfond, 352 pages, 20,50€