Catégorie : Littérature française

Black Mesa d’Ophélie Roque

Résumé

À peine le père enjambait-il le seuil que le fils, fébrilement, annonçait qu’il avait acheté une terre – à Black Mesa, Arizona – qu’il comptait fichtrement la rejoindre au plus tôt, et que si le vieux voulait pas crever, il avait tout intérêt à le suivre.
« C’est comme si c’te chienne de vie avait décidé à ma place. »
Il fallut un certain temps avant que le père ne réagisse. Titubant légèrement à travers la pièce, il s’approcha de son fils et – pour la toute dernière fois – lui mit une raclée. Les coups s’arrêtèrent aussi soudainement qu’ils avaient commencé. Le souffle court, le vieux s’adossa au chambranle incertain de la cheminée, avant d’annoncer – l’air las – qu’il partirait aussi.
« D’toute façon, y a plus rien pour nous, ici ! »
Mais la terre – là-bas, à l’Ouest – voudrait-elle bien d’eux ?

L’avis de Cassandre

1887, Franck trime à l’abattoir toute la Sainte journée, dans des conditions abjectes, pour quelques malheureuses piécettes. Un jour de trop, il se sectionne un doigt. Il voit cela comme le signe, celui de partir vers l’Ouest, vers une autre vie. D’ailleurs, il vient d’acheter des terres à Black Mesa, en Arizona. Il paraît qu’elles sont hyper fertiles et qu’il deviendra riche. Il ne pourra le vérifier qu’une fois sur place. Il emporte alors son maigre paquetage, son vieux père, Ron et partent en convoi mené par des passeurs. Parviendront-ils à traverser le désert aride, sans mourir de soif, de maladie ou se faire tuer par des bandits ou des indiens ?

Le western n’est pas mon genre de prédilection mais j’aime lire des romans différents et varier les styles. La couverture et le titre ont attiré mon attention et je ne regrette pas du tout cette immersion dans l’Ouest Américain. Ophélie Roque signe un premier roman talentueux. J’ai été happée par sa plume acérée et par ses descriptions très immersives. Elle décrit la pauvreté, le labeur, les pèquenauds, la misère, la puanteur aussi. J’ai été touchée par la relation père-fils, par la dureté, les roustes et les non-dits. Entre les lignes, on devine toutefois un lien fort qui les unit. Notre duo va sérieusement en baver et faire des rencontres saugrenues.

Black Mesa un voyage qui fait écho à tous ceux entrepris par les oubliés des États-Unis. Un récit qui prend aux tripes et qu’on ne lit que d’une seule traite.

Black Mesa d’Ophélie Roque, paru en mars 2023 aux éditions Robert Laffont, 198 pages, 19€

L’affaire Sophie M. de Lionel Abbo et Yohan Perez

Résumé

16 décembre 2022, 6h du matin. Le corps de de la chanteuse Sophie M. est retrouvé, sans vie, dans la chambre de son appartement. Victoire Miller, en charge de l’affaire, ne constate aucune effraction ou objet dérobé, pas la moindre trace ADN, juste un objet étrange qui semble n’avoir rien à faire sur une scène de crime : un exemplaire de Sophie la girafe, ce jouet en latex que mâchouillent habituellement les nourrissons…

« Est-il possible d’oublier un enfant sur le chemin de ses vacances, comme on égare une glacière ou une vulgaire valise ? Est-il concevable de vouloir un bébé puis de changer d’avis et de l’abandonner, soit qu’il ne soit pas à son goût, trop bruyant, trop envahissant, malodorant ou pire, mal voyant, soit que son enfante.ment fût le fruit du hasard ? Que dit la société des parents qui préfèrent le couple à la famille ? Pourquoi, au mois de décembre 1951, Mr et Mme Rampeau ont-ils quitté la France pour le Kenya, accompagné de leur jeune ange de neuf mois, et en sont revenus, un mois plus tard, les mains vides ? La véritable raison, nulle ne la connaît. » 

L’avis de Cassandre

Nom d’une girafe, la célèbre chanteuse, Sophie Marsault est retrouvée assassinée à son domicile ! A ses côtés, le tueur a laissé un exemplaire du non moins célèbre jouet en caoutchouc, Sophie la girafe. Pendant que la France pleure, Victoire se retrouve en charge de l’enquête criminelle.

L’affaire Sophie M. est un roman aussi addictif qu’original. J’ai adoré l’intrigue, absolument loufoque et l’humour des auteurs, Lionel Abbo et Yohan Perez. On y trouve de nombreux jeux de mots et des clins d’œil à des célébrités qui existent réellement. J’ai trouvé ce roman rafraîchissant. Le genre de lecture fluide et sans prise de tête !

Le personnage de Victoire m’a bien plu, en particulier son côté tête brûlée. Elle va faire équipe avec Gabriel, que j’ai trouvé énigmatique. J’ai très envie d’en savoir plus sur ce drôle de duo. La bonne nouvelle est qu’une suite est prévue pour bientôt ! En attendant, laissez-vous tenter par ce joli roman jaune. Vous ne verrez plus jamais Sophie la girafe de la même façon !

L’affaire Sophie M. de Lionel Abbo et Yohan Perez, paru en juillet 2023 aux éditions Hugo Publishing, 256 pages, 19,95€

Qui sème des graines de folie croque la vie de Charlotte Léman

Résumé

Marie court, tout le temps. Elle jongle entre l’intendance du quotidien, un travail prenant et deux ados qu’elle élève seule : Marie est une Wonder Woman des temps modernes. Mais sa mécanique s’enraye lorsqu’elle perd son emploi du jour au lendemain. Elle décide de profi ter de son infortune pour prendre un nouveau départ, loin du tumulte de la vie parisienne.
Alors que Marie commence à se demander si elle n’a pas fait une erreur en quittant ses repères, une voisine l’invite à rejoindre le Cercle des Floralies, un groupe de femmes atypiques qui cultivent la joie de vivre. Et, un événement arrivant rarement seul, elle découvre une mystérieuse missive dans sa boîte aux lettres.
Et s’il était temps pour Marie de lâcher prise et de semer « des graines de folie » ?

L’avis de Cassandre

Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je suis une inconditionnelle de la collection Instants Suspendus des éditions L’Archipel ! De surcroît, j’avais adoré le précédent roman de Charlotte Léman, La délicieuse imposture du chant des sirènes. Impossible pour moi de louper cette parution !

Dans ce nouveau roman, j’ai rencontré Marie, 45 ans, qui occupe un emploi à responsabilités dans la logistique à Paris. Mais voilà que la DRH la convoque et l’informe de son licenciement. Notre héroïne, mère-célibataire, est contrainte de quitter la capitale pour la campagne. Au programme, envoi de candidatures et rendez-vous démoralisants au Pôle Emploi. Pour couronner le tout, ses adolescents sont franchement insupportables (voire même ingrats, des ados quoi !). Heureusement, Marie va faire la connaissance d’un groupe de femmes qui se réunit chaque jeudi. L’occasion pour elle de s’intégrer !

Une nouvelle fois, il s’agit d’un roman que j’ai lu très rapidement. J’ai adoré Marie, cette femme surmenée qui a perdu confiance en elle et qui fait tellement pour les autres qu’elle s’oublie elle-même. Son groupe d’amies est juste génial, j’ai ri et été touchée par leurs rencontres hebdomadaires. Et puis, il y a l’amour bien sûr ! Marie reçoit des lettres d’un admirateur secret. Elle qui pensait que les relations amoureuses étaient loin derrière elle !

Charlotte Léman nous offre un roman réconfortant qui traite de sujets qui m’ont plu : le chômage, le manque de confiance, la charge mentale et l’amitié. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un excellent moment de lecture !

Qui sème des graines de folie croque la vie de Charlotte Léman, paru en juin 2023 aux éditions L’Archipel, 384 pages, 20€

America(s) de Ludovic Manchette et Christian Niemec

Résumé

Philadelphie, juillet 1973. Voilà un an qu’Amy est sans nouvelles de sa grande soeur partie tenter sa chance au Manoir Playboy, à Los Angeles. Inquiète, la jeune adolescente décide de la rejoindre. Pour cela, il lui faudra traverser les États-Unis. Seule.
Dans une Amérique de la contre-culture secouée par le scandale du Watergate et traumatisée par la guerre du Viêtnam, sa route sera longue, semée d’imprévus, de belles rencontres et d’individus singuliers : vétéran, couple en cavale, hippies de la dernière heure…

L’avis de Cassandre

Le premier roman de Ludovic Manchette et Christian Niemec, Alabama 1963, fut une excellente surprise. C’est donc avec une certaine impatience que je me suis plongée dans America(s).

Juillet 1973, Amy est une adolescente qui quitte le domicile familial et décide de faire du stop (et de parfois prendre le bus) pour rallier Philadelphie à Los Angeles. Si vous n’êtes pas très géographie, comme moi : les deux villes sont à l’opposé et il y a une sacrée trotte ! Amy a en tout et pour tout un sac à dos et douze dollars pour seuls bagages. Son bagout et son intrépidité vont lui permettre de traverser le pays et de faire des rencontres inattendues. Le plus important n’est pas la destination mais le voyage (comme souvent).

J’ai été émue par le personnage d’Amy, qui a vécu un événement traumatisant il y a peu et qui a une famille absente et décevante à la fois. Certains passages m’ont mise en colère voire révoltée. C’est comme si elle avait atterri dans la mauvaise famille, elle qui est si solaire. On a envie de la prendre en stop, parcourir des miles en sa présence. Ses rencontres (pas toujours bonnes !) sont généralement lumineuses. Les voyages forment la jeunesse et ce road-trip est avant tout un moyen pour elle de se découvrir et de se tourner vers l’avenir.

America(s) est un roman émouvant mais jamais larmoyant. Le duo d’auteurs traite de sujets difficiles avec pudeur et espoir. Enfin, j’ai aimé les rencontres avec des personnages bien réels comme Bruce Springsteen ! A la fin du roman, vous trouverez d’ailleurs de jolis clichés de cette époque. Pour conclure, ce roman m’a fait énormément bien et m’a aussi donné envie de voyager ! Une vraie bouffée d’air frais !

America(s) de Ludovic Manchette et Christian Niemec, paru en mars 2023 aux éditions Pocket, 304 pages, 8,30€

Belles à tout prix de Valérie Pineau-Valencienne

Résumé

Au Spa Alfonso, niché au cœur de l’Andalousie, une équipe de professionnels de la santé prend soin d’une clientèle cosmopolite grâce à des techniques vivifiantes.

Marie-Claude Le Goff, sexagénaire active, énarque et autoritaire, y rumine sa rage d’avoir été plaquée par son mari. Elle se lie d’amitié avec une autre curiste, Isabelle Kurland, veuve inconsolable, rêveuse et romantique. Les deux femmes vont s’apercevoir qu’au lieu de rajeunir certains clients y laissent leur peau. Elles s’improvisent alors détectives pour dénicher le responsable de ces mystérieuses disparitions… Crime et comédie font vite bon ménage au pays d’Almodovar, d’autant que la coriace Marie-Claude a l’œil aux aguets !

L’avis de Cassandre

Bienvenue au Spa Alfonso, en plein cœur de L’Andalousie. Au programme, du repos dans un cadre idyllique, cure minceur, massages et même, un programme novateur pour rajeunir. Que rêver de mieux ? La clientèle y est très sélect. Marie-Claude et Isabelle vont se rencontrer là-bas et ont, à priori, pas grand chose en commun. Mais lorsqu’un client décède brutalement, les deux femmes vont s’allier pour faire lumière sur cette dramatique histoire.

L’été, j’aime lire des romans de saison. Belles à tout prix me faisait de l’oeil pour ses aspects comédie et enquête qui sont étroitement liés. Si le début m’a plu, en particulier l’humour de Valérie Pineau-Valencienne et ses personnages hauts en couleur, je n’ai pas su entrer pleinement dans l’histoire. Je dirais que cela est dû à une trop grande palette de personnages, parfois trop caricaturaux. Je n’ai finalement pas su m’attacher à eux. L’intrigue en elle-même est sympathique mais un peu trop longue à se mettre en place.

Malgré quelques points négatifs, j’ai apprécié la thématique de la jeunesse et des sacrifices que nous sommes prêts à faire pour y accéder. Jusqu’où pouvons-nous aller ? Et l’éthique dans tout ça ? Voilà qui donne à réfléchir !

Belles à tout prix de Valérie Pineau-Valencienne, paru en juin 2023 aux éditions Albin Michel, 352 pages, 21,90€

Le souffle des rêves de Clarisse Sabard

Résumé

New York, 1987. Entre son emploi de chroniqueuse musicale et les pressions de son mari pour avoir un enfant, Abigail suffoque. Pourquoi ne pas faire un tour en Irlande, le pays de sa grand-mère, décédée quelques mois plus tôt ? Celui de sa mère, aussi, une comédienne qui ne l’a pas élevée…
Là-bas, à Cork, Abby fait bientôt la découverte d’un lot de cassettes audio enregistrées naguère par Granny : la vieille dame y raconte son passé méconnu, trouble, son arrivée à New York en 1910, la prohibition, la guerre des gangs… Et en filigrane, ce qui unit ces trois femmes d’un même sang : un seul et même rêve, et qui souffle encore.

L’avis de Cassandre

J’ai lu de nombreux romans de Clarisse Sabard et ceux-ci me plaisent tellement que je les débute sans même lire le résumé !

En 1987, nous rencontrons Abby, une journaliste qui vit à New York avec son mari Michael, un éminent avocat. Ce dernier et la belle-famille d’Abby exercent sur elle une forte pression et attendent d’elle le Graal : un enfant. Abby, elle, rêve surtout de faire carrière et de donner du sens à sa vie. Leur mariage bat de l’aile et sur un coup de tête, elle prend le premier vol direction l’Irlande. Ce voyage n’est pas anodin, sa mère s’y trouve et Abby va pouvoir renouer avec ses racines irlandaises. Ce roman choral s’étend sur plusieurs époques, des années 1910 à nos jours.

Il s’agit d’une saga familiale sur trois générations de femmes. Lucy, la grand-mère de notre héroïne, aujourd’hui disparue, lui a laissé une valise pleine de cassettes et de lettres lui racontant sa vie. La jeune femme va découvrir l’extraordinaire histoire de sa Granny. Lucy a grandi en Irlande et a émigré aux Etats-Unis en 1910, à l’âge de dix ans. Là-bas, ils vont connaître la pauvreté, la violence, les gangs. Le rêve américain est déjà bien loin. J’ai aimé découvrir cette époque et les suivantes. Clarisse Sabard nous captive et nous fait voyager, de la campagne irlandais à la Grosse Pomme. Le côté historique m’a plu : le naufrage du Titanic, la Prohibition, le conflit Nord-Irlandais etc..

Je me suis fortement attachée à ces femmes fortes, qui se sont battues pour s’élever et s’affranchir. J’ai été particulièrement touchée par les liens entre elles et par la thématique de la transmission.
Clarisse Sabard signe un roman très réussi, êtes-vous prêts pour le voyage ?

Le souffle des rêves de Clarisse Sabard, paru en mars 2023 aux éditions Pocket, 528 pages, 9,20€

Le gardien de l’inoubliable de Marie-Laure de Cazotte

Résumé

Doté d’une imagination débordante, menteur invétéré, enfant révolté et fugueur, Tristan vit avec monsieur Kurosawa, son ami intérieur, et porte à son cou « le gardien de l’inoubliable », un galet prodigieux découvert sur une plage. Devenu étudiant, chargé de faire des recherches dans les archives d’un artiste disparu depuis un siècle, il se lance imprudemment sur les traces d’un étrange faussaire.

L’avis de Cassandre

Tristan est enfant lorsque nous faisons sa rencontre au début du livre. Il souffre de solitude et d’un manque d’attention et d’amour de la part de ses parents. Pour compenser le vide, il a un ami imaginaire japonais et surtout, il ment comme il respire. Devenu adulte, Tristan ment toujours (mais moins) et s’intéresse à l’art. Il va trouver un job étudiant dans une galerie et étudier le travail d’un artiste appelé Lorme. Rapidement, il se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond…

Le moins qu’on puisse dire est que cette lecture est très singulière. J’ai été touchée par Tristan, un garçon puis un jeune homme qui souffre et qui est incompris. J’ai aimé les personnages secondaires, en particulier sa grand-mère chez qui il s’installe pour ses études ainsi que ses voisins parisiens. L’histoire est pleine de surprises et de rebondissements, on ne devine pas où Marie-Laure de Cazotte nous emmènera.

Pour conclure, j’ai apprécié cette histoire, très différente de mes lectures habituelles, presque mystique.

Le gardien de l’inoubliable de Marie-Laure Cazotte, paru en mai 2023 aux éditions Albin Michel, 288 pages, 20,90€

La vie ne se danse jamais seul de Marie Joudinaud

Résumé

Se dressant sur une île bretonne, la Kea est une maison qui a abrité les jours heureux d’une famille unie. Au fil des années, ses pierres se sont érodées, et le foyer s’est disloqué.
Il ne reste entre ses murs que la fille cadette, Susanne, et son enfant, Clara. L’autre sœur, Thaïs, est partie depuis longtemps vivre ses rêves de danseuse étoile à Paris.
Le jour où l’Opéra contraint Thaïs à quitter la scène en prenant des vacances forcées, elle décide de revenir dans la demeure de son enfance. Mais vingt ans de rancœurs devront être dénoués, et la passion de sa nièce pour la danse, tempérée.
Les deux sœurs se retrouvent face à face jusqu’à ce que les fatalités de la vie les rattrapent…

L’avis de Cassandre

L’histoire se déroule à Saint-Guirec, une petite île des Côtes d’Armor. Dans une grande bâtisse familiale surnommée La Kea, vivent Suzanne, enseignante et sa fille, Clara, une collégienne douce et rêveuse. Les parents de Suzanne sont décédés brutalement il y a cinq ans et malgré les importants travaux de rénovation qu’elle ne peut se permettre de financer, elle tient à rester dans cette maison le plus longtemps possible. Thaïs, elle, vit à Paris et est une danseuse étoile de renom. Mise à l’écart en raison d’un désaccord avec le metteur en scène du prochain ballet, Thaïs décide de retourner à Saint-Guirec, où elle n’a pas posé ses ballerines depuis de longues années.

La vie ne se danse jamais seul est un roman qui met les femmes sur le devant de la scène. Suzanne et Thaïs sont des sœurs qui ne se sont ni vues ni adressé la parole depuis bien longtemps. Leurs retrouvailles risquent d’être houleuses. Quels secrets dissimulent-elles ? Vous ne le saurez qu’en lisant ce roman.

Je me suis beaucoup attachée aux deux sœurs, qui ne sont pas si différentes qu’on pourrait le penser. Clara est une adolescente curieuse, lumineuse et passionnée par la danse comme sa tante qu’elle va apprendre à connaître. Les personnages secondaires apportent aussi de la chaleur au roman : Henry, l’ami de la famille, Jing, le partenaire de danse et meilleur ami de Thaïs. Enfin, Marie Joudinaud a choisi de personnifier La Kea qui s’exprime à plusieurs moments du récit, j’ai adoré.

Si vous pensez qu’il ne s’agit « que » d’un roman sur les rancœurs familiales et la sororité, vous vous trompez. L’écrivaine nous réserve quelques surprises dont un passage très imprévisible. Pour conclure, cette histoire prend pleinement sa place au sein de la superbe collection « Instants suspendus ». J’ai adoré l’écriture, les personnages, l’histoire mais aussi le côté nostalgique qu’elle a fait remonter en moi. Petite confidence : j’ai versé ma petite larme à la fin ! 

La vie ne se danse jamais seul de Marie Joudinaud, paru en avril 2023 aux éditions L’Archipel, 336 pages, 20€

Les jours heureux ne s’oublient pas de Gavin’s Clemente Ruiz

Résumé

Lorsqu’il débarque en Espagne, où son père est censé avoir refait sa vie, Gontran découvre un veuf esseulé, écrasé par le poids des souvenirs et du chagrin. Le fils décide d’aider le père. Mais comment le soutenir et combler le vide laissé par la femme qui rendait à l’un et à l’autre la vie si extraordinaire ?

L’avis de Cassandre

Gontran, marié et papa d’un adolescent prénommé Léo a presque tout pour être heureux. Presque, car il y a six ans, sa mère est décédée, laissant un manque immense. Quant à son père, depuis le décès, leurs liens se sont distendus. Lorsque Gontran reçoit un appel lui indiquant que la santé de son père est inquiétante, il prend le premier avion en partance pour l’Espagne. Dès son arrivée, leurs rapports sont immédiatement conflictuels. Ils ne se comprennent pas et ne semblent pas avoir grand chose en commun…

J’ai été surprise de lire ce roman aussi vite, presque sans prendre le temps de respirer ! L’écriture de Gavin’s Clemente Ruiz est très prenante, les chapitres défilent à toute allure. J’ai été touchée par les thèmes abordés : les rapports père-fils, le deuil, le poids des non-dits. Le père de Gontran est difficilement appréciable de prime abord : il est casanier, bourru, ne fait pas beaucoup d’efforts. Gontran a le sentiment de n’avoir aucun point commun avec lui, et pourtant… Sous ses airs d’ours mal léché, son père pourrait bien dissimuler de profonds sentiments. Le problème est qu’il ne sait pas les verbaliser.

Avec ce roman, vous allez rire, sourire, être ému (et peut-être pleurer ?). Derrière un humour certain et des tirades dignes de punchlines, se cachent de réels questionnement. Pourquoi craint-on de ressembler à ses parents ? Que sait-on vraiment d’eux, eux qui savent (presque) tout de nous ? Pourquoi est-ce si difficile de parler d’amour ? En bref : un roman qui fait beaucoup de bien.

Les jours heureux ne s’oublient pas de Gavin’s Clemente Ruiz, paru en avril 2023 aux éditions Albin Michel, 18,90€

Elle m’avait dit : « Lis. Tu comprendras quand tu seras grand. » Aujourd’hui je comprends, mais il est trop tard.

Elle a tes yeux mon amour de Typhanie Moiny

Résumé

La vie d’Amandine, 34 ans, est bouleversée à la mort d’Olivier, son compagnon. Il emporte avec lui leur dernier espoir de fonder une famille.
Seuls restent la peine, les regrets et le souvenir de cet homme plus âgé et bienveillant. Amandine tente de survivre au deuil comme elle le peut lorsqu’elle fait la connaissance de Mathilde, fi le du défunt, de douze ans sa cadette, qu’elle croise pour la première fois aux funérailles d’Olivier. Un caractère de cochon, mais les yeux de son père.
À chaque rencontre, des étincelles. Et pourtant, ces deux femmes devront apprendre à communiquer car, bien qu’elles ne le sachent pas encore, elles sont liées… et pas au bout de leurs surprises !

L’avis de Cassandre

Quand j’ai envie de me faire du bien avec un roman, c’est souvent vers la collection Instants suspendus que je me tourne. C’est clairement une valeur sûre !

Amandine est une trentenaire qui vit une histoire d’amour forte avec Olivier, un papa divorcé plus âgé qu’elle. Leur relation n’est pas facile, elle n’a jamais pu rencontrer ses grands enfants, a le sentiment de vivre un peu dans l’ombre de son ex-femme et surtout, elle souhaite un enfant et pas lui. Mais nos deux protagonistes s’aiment et sont prêts à affronter bien des tempêtes ensemble. Celle qu’Amandine n’avait pas prévu, c’est le décès brutal d’Olivier. Le monde de notre héroïne s’effondre. Elle a tout perdu et va devoir apprendre à se reconstruire.

Ce roman n’est pas facile et aborde le douloureux sujet du deuil : le choc, l’injustice, l’incompréhension, la colère et puis, l’acceptation. J’ai adoré le personnage d’Amandine, je l’ai trouvée tellement humaine. Elle est à la fois simple, franche, aimante et souvent drôle à ses dépens. Beaucoup peuvent se reconnaître à travers cette héroïne attachante. Sa famille est clairement azimutée, surtout les femmes qui n’ont aucun filtre ! Les personnages secondaires apportent un vent de fraîcheur à l’histoire et nous amusent beaucoup.

L’intrigue n’est pas forcément très surprenante mais j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. Pour conclure, Typhanie Moiny parvient à aborder un sujet difficile et à faire du bien à ses lecteurs dans un seul roman. Pari réussi !

Elle a tes yeux mon amour de Typhanie Moiny, paru en février 2023 aux éditions L’Archipel, 400 pages, 20€

Tu devrais manger davantage, Amandine ! Tu es sec comme un haricot et blanche comme un cul de Parisien sur la plage le premier jour des congés payés.