Catégorie : Littérature étrangère

La petite boutique aux poisons de Sarah Penner

Résumé

« Je jure solennellement devant Dieu, Créateur de toutes choses, de ne jamais administrer de poisons… » A ce serment prêté jadis par les apothicaires, Nella ne souscrit plus depuis longtemps. Belladone, ellébore, arsenic : on peut se procurer toutes sortes de poisons dans sa boutique du 3, Back Alley – à condition qu’un homme violent en soit la victime… Et il y en beaucoup, des hommes violents, dans le Londres de 1791…
Deux siècles plus tard, une mystérieuse petite fiole ressurgit dans la boue de la Tamise aux pieds de Caroline, une Américaine au cœur brisé. Et avec elle, toute une histoire de femmes, trop longtemps oubliée…

L’avis de Cassandre

J’ai entendu beaucoup de bien de ce roman depuis sa parution en grand format. Avec une aussi jolie couverture et un titre prometteur, difficile pour moi de ne pas craquer !

Nous suivons deux femmes, à deux époques différentes et de manière alternée. D’une part, il y a Nella, une apothicaire qui vit à Londres en 1791. Sa spécialité ? Empoisonner les hommes sur demandes des femmes, en toute discrétion. D’autre part, nous rencontrons Caroline, une Américaine en séjour à Londres. Son histoire d’amour de dix ans semble se terminer d’une manière assez brutale. En balade, elle trouve une fiole, rejetée par la Tamise. Celle-ci l’obsède : elle veut à tout prix découvrir son histoire.

Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez que j’affectionne les romans mettant en scène des femmes et qui alternent les époques. La petite boutique aux poisons a fait mouche : je l’ai lu en une seule soirée et c’est assez rare pour être souligné. Les chapitres défilent rapidement et on a envie de connaître l’histoire unique de Nella. J’ai aimé les thématiques de l’apothicaire, des potions, des poisons mais aussi de la transmission. Sarah Penner parvient à captiver son lectorat avec une écriture fluide et addictive.

Pour conclure, un roman avec lequel j’ai passé un bon moment. Un premier roman prometteur !

La petite boutique aux poisons de Sarah Penner, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 416 pages, 9€

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi

Résumé

Leyla, Shabaneh et Rodja se sont rencontrées sur les bancs de l’université à Téhéran. Soudées par un lien indéfectible, elles s’efforcent, envers et contre tout, de mener une vie libre. Leyla s’est mariée avec Misagh et a débuté une carrière de journaliste. Shabaneh est habitée par ses lectures et les souvenirs de la guerre. Rodja vient d’être acceptée en doctorat à Toulouse – il ne lui manque plus que son visa. Mais cet équilibre fragile vacille quand Misagh part seul pour le Canada.

En un été et un automne, entre espoirs et déconvenues, toutes trois affrontent leurs contradictions. Suffit-il de partir pour être libre ?

L’automne est la dernière saison est le reflet sensible et bouleversant de la société iranienne d’aujourd’hui. Une histoire prodigieuse et universelle d’amour et d’amitié.

L’avis de Cassandre

En premier lieu, je remercie sincèrement l’équipe de Kube et les éditions Zulma grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman via une opération Book Club.

L’histoire se déroule en Iran et nous suivons alternativement, trois jeunes femmes et amies durant deux saisons seulement, l’été, puis l’automne. Leyla ouvre la marche. Son mari qu’elle aimait et adulait est parti pour le Canada. Elle n’a pas voulu le suivre, persuadée qu’il renoncerait à son départ pour elle. Depuis, son cœur est en miettes et elle déprime, n’a plus goût à rien. Shabaneh, quant à elle, est rêveuse, toujours la tête plongée dans un roman. Elle est ingénieure dans un cabinet. Arsalan est l’un de ses collègues de travail et souhaite l’épouser. Shabaneh est partagée, elle n’est pas sûre de l’aimer et se sent rapidement prise au piège. Cette femme m’a profondément émue. Elle porte sur elle le poids de nombreux malheurs et s’oublie elle-même. Elle s’occupe énormément de son frère, Mahan, atteint de handicap mental et dont leur mère ne tolère pas sa seule vue… Enfin, il y a Rodja, celle qui s’est inscrite en Doctorat en France et qui a fait une demande de visa étudiant. Une démarque bien plus ardue qu’il n’y paraît.

J’ai été touchée par ce récit choral porté par des femmes. Nasim Marashi parvient à nous faire ressentir le poids du régime iranien en ne l’évoquant jamais clairement. Elle mentionne juste un bombardement. Elle réussit à nous en faire prendre conscience dans l’ambiance générale du roman. Les femmes conduisent, étudient, travaillent mais il y a un tel fossé avec les hommes iraniens. Elles sont hautement diplômées mais occupent des postes nettement inférieurs à ceux des hommes. On ressent aussi le poids des traditions, le mariage, la famille, du qu’en dira-t-on. Et puis, il y a la censure, celle du journal dans lequel travaille Leyla, tel un miroir à l’auto-censure de Nasim Marashi lorsqu’elle a écrit son roman.

Ces trois femmes évoluent en quelques mois. Durant l’été (première partie), elles sont en proie aux doutes, aux hésitations, aux rêves avortés et aux désillusions. On ressent une profonde tristesse, une mélancolie voire même une forme de résignation. A l’automne, elles ont mûri, fait des choix et deviennent maîtresses de leur propre destin, dans une mesure toute relative.

Pour conclure, ce roman est une très belle découverte et un portrait réaliste de la jeunesse iranienne tiraillée par l’envie de partir et par la peur de tout quitter.

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi, paru en janvier 2023 aux éditions Zulma, 272 pages, 22€

J’en ai assez d’hésiter. D’avoir peur, d’être indécise, de trancher, de toujours me sentir coupable. De ne pas arriver à décider pour moi-même comme tout le monde. J’aimerais être Madame de Barry et que Louis XV m’épouse. Je serais bien obligée de lui obéir, c’est le roi, et personne ne s’y opposerait. Même pas moi.

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver

Résumé

Pathétique… Quand Remington, la soixantaine, annonce à sa femme son ambition de courir le marathon, Serenata n’en revient pas. Lui qui n’a jamais couru plus de dix mètres de la chambre au salon… Est-ce la peur de vieillir ? L’oisiveté de sa retraite forcée ? Peut-être la silhouette très pneumatique de Bambi, sa nouvelle coach ? Ou bien tout simplement le conformisme, ce culte du corps, de la performance, qui règne sur l’époque ? Las, la résolution de Remington n’a rien d’une lubie et leur couple s’essouffle.
Chronique d’une vie conjugale en bout de course…

L’avis de Cassandre

Après l’excellent A prendre ou à laisser, je poursuis ma découverte de la talentueuse Lionel Shriver avec ce roman au titre intriguant.

Serenata et Remington sont sexagénaires et mariés depuis des décennies. Serenata prête sa voix aux personnages de livres audio et de jeux vidéos et a toujours été une grande sportive. Elle a longtemps perçu le sport comme une véritable religion. Ses excès lui ont causé des dommages irréversibles au niveau des genoux. Forcée de troquer ses baskets contre des chaussons, elle repousse le plus possible l’opération et rumine dans son coin. Remington, quant à lui, vient d’être licencié de son emploi au service des transports. Compte-tenu de son âge, il doute sincèrement de retrouver un travail un jour. Pour occuper son temps libre, il lui prend une nouvelle lubie : courir un marathon alors qu’il n’a jamais pratiqué aucun sport. Aigrie par son handicap récent, Serenata ne le prend pas au sérieux puis, voyant qu’il persiste, lui en veut franchement de lui « voler son loisir ».

Dès les premières lignes, j’ai été happée par l’écriture de Lionel Shriver. J’ai, à nouveau, plongé au cœur d’un foyer qui menace d’imploser. La distance qui se creuse entre nos deux personnages est plus grande encore que les kilomètres avalés par Remington. J’ai apprécié cette thématique principale du sport en général, qui ne se limite pas à la course. Ce titre m’a fait réfléchir sur les dérives, car oui, on peut faire trop de sport. L’autrice évoque notamment le culte du corps, la quête perpétuelle du challenge, le fait de comptabiliser ses pas et le fait de sans cesse se comparer aux autres comme si notre vie en dépendait. Que veut-on réellement prouver et surtout, à qui ? Ne vous méprenez pas, ce roman ne parle pas uniquement de sport. Lionel Shriver aborde la vie de couple, la vie de famille (les grands enfants du couple sont parfaitement ingrats et perchés !) mais aussi la perception de la vieillesse et son acceptation.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. L’écriture de Lionel Shriver est très corrosive. J’ai aimé ses personnages borderline aussi bien le couple central que ceux qui gravitent autour. Je note, en particulier, la fille du couple, endoctrinée et qui se réfère sans cesse à Dieu, Bambi, la coach qui ne connaît aucune limite et tous ces « malades » du sport. L’autrice parvient à nous faire rire et réfléchir en même temps. Un roman à ne pas manquer !

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver, paru en janvier 2023 aux éditions Pocket, 480 pages, 9,20€

Au bout du compte, il avait été décidé que les New-Yorkais n’étaient pas tout à fait prêts à se soumettre à l’autorité d’une voix de femme, et Serenata n’avait pas obtenu le poste. Comme le lui avait raconté Remington par la suite, après avoir réécouté son audition, un des membres de l’équipe avait déclaré qu’un passager écoutant cette voix sensuelle n’entendrait pas le message et qu’il envisagerait surtout de se faire le haut-parleur.

– C’est… carrément un Dieu.

– Crois-en mon expérience, il vaut mieux éviter de sortir avec un dieu. Ils finissent toujours par se révéler de simples mortels avec un faux-nez.

Dracula de Bram Stoker

Résumé

Le chef-d’œuvre de l’épouvante raconte l’histoire du comte Dracula, un vampire immortel qui se repaît du sang des vivants et peut les transformer à leur tour en créature démoniaque. Le récit se joue entre l’Angleterre et la Transylvanie au XIXe siècle, notamment dans un château retiré des Carpates.

L’avis de Cassandre

J’ai toujours eu envie de lire Dracula, l’œuvre de Bram Stoker. Après lecture, je me demande comment j’ai pu passer à côté si longtemps !

Jonathan Harker est le premier personnage présenté. Ce clerc de notaire anglais est envoyé dans les Carpates, en Transylvanie, afin de conseiller le Comte Dracula. Très rapidement, Jonathan ressent un profond malaise dans le grand manoir. Il a l’impression d’être seul avec Dracula. L’ambiance se fait de plus en plus inquiétante, dans quel piège est-il tombé ? En parallèle, nous suivons deux amies, Lucy et Mina qui passent l’été ensemble. Mina trouve le comportement de Lucy étrange, celle-ci semble pâlir et s’épuiser, sans que Mina ne trouve la moindre explication. Nous suivons également différents médecins dont le Docteur Seward qui essaie de soigner un patient déséquilibré et inquiétant. Quel est donc le lien entre ces différentes histoires ?

Tout d’abord, je dois dire que j’ai adoré la construction de ce roman : extraits de journaux intimes, lettres échangées entre les différents personnages principaux, entrecoupés de coupures de presse. J’aime les romans épistolaires et j’ai trouvé celui-ci très réussi. Cela permet au lecteur de suivre l’histoire à travers différents points de vue. Comment nos différents héros vont-ils parvenir à piéger le Comte rusé ?

J’ai également aimé le personnage de Dracula, absolument mystique et les thématiques abordées dans le roman : l’immortalité, la science, les maladies mentales et la superstition, entre autres. Si vous aimez le genre fantastique, vous ne serez pas déçu par ce roman, aussi immortel que son personnage emblématique.

Dracula de Bram Stoker, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 630 pages, 8,90€

Les enfants sont calmes de Kevin Wilson

Résumé

Lorsque la blonde, belle et riche Madison écrit à son amie d’enfance, Lillian, c’est pour lui demander de s’occuper des jumeaux de son mari, nés d’une première union. Petite particularité : ils prennent feu quand ils sont en colère. Lillian, qui jongle entre deux petits boulots et vit toujours chez sa mère, accepte de venir en aide à son ancienne camarade. Le temps d’un été, celle qui a cruellement manqué d’amour va apprendre à les connaître, les aimer, pour les aider à (peut-être) rester calmes.
Dans ce roman singulier, Kevin Wilson nous offre une comédie tour à tour grinçante et émouvante sur l’amour, les liens familiaux et la différence. On navigue entre incongruité, tendresse et amitié.

L’avis de Cassandre

Parfois, il m’arrive de lire des romans inclassables, totalement singuliers, osés et assurément inoubliables. Je pense que la couverture annonce tout de suite la couleur. Lillian, (l’anti-)héroïne du roman mène une vie relativement déprimante. Elle a grandi sans père, sans amour de la part de sa mère et avec peu de perspectives dans la vie. Sa seule réussite fut d’obtenir une bourse au mérite dans une école privée où elle fit la rencontre de Madison, aussi jolie que riche. L’amitié est aussi improbable qu’immédiate. Mais les rêves de Lillian prennent rapidement fin. Aujourd’hui proche de la trentaine, célibataire, habitant dans les combles chez sa mère et cumulant des petits boulots inintéressants, Lillian s’ennuie ferme. Mais quand Madison reprend contact avec elle pour lui proposer un emploi, Lillian n’hésite pas une seule seconde.

Je reviens donc à la couverture de ce roman : le mystérieux emploi proposé à Lillian est de s’occuper des jumeaux du mari de Madison, âgés de dix ans : Bessie et Roland, qui viennent de perdre leur mère. Leur particularité : quand ils s’énervent ou sont contrariés, ils prennent littéralement feu. Leur père, l’époux de Madison est en passe de devenir sénateur. La présence de Lillian, dans le plus grand des secrets est alors une bénédiction.

Si l’histoire est totalement barrée, j’ai été surprise de me prendre au jeu aussi facilement. J’ai été très touchée par le personnage de Lillian qui n’a que peu d’estime pour elle-même et les enfants qui n’ont jamais reçu d’amour de leur père et sont considérés comme « gênants ». Il se pourrait que le trio ait bien plus de points communs qu’on ne le pense. Les thématiques abordées sont intéressantes : la filiation, l’éducation, l’influence, la lutte des classes sociales ou encore, l’amour.

Le roman de Kevin Wilson se lit presque d’une seule traite. J’ai aimé la manière dont l’histoire est narrée, les retours dans le passé, les liens biscornus qui unissent Madison à Lillian. Un auteur à suivre !

Les enfants sont calmes de Kevin Wilson, paru en septembre 2022 aux éditions Robert Laffont, 324 pages, 21€

A prendre ou à laisser de Lionel Shriver

Résumé

Pendant dix ans, Kay a assisté son père atteint de la maladie d’Alzheimer. À la mort de ce dernier, le soulagement l’emporte sur la tristesse et une question surgit : comment gérer sa propre fin de vie ?
Une discussion avec son mari Cyril, quelques verres de vin et les voici qui en viennent à nouer un pacte. Certes, ils n’ont que cinquante ans, sont en bonne santé et comptent bien profiter encore de leurs proches, mais pas question de faire peser sur ceux-ci et sur la société leur inéluctable déliquescence. C’est décidé, le jour de leurs quatre-vingts ans, Kay et Cyril partiront ensemble.
 
Le temps passe et voici qu’arrive la date fatidique.
 
Une date, douze possibilités et une conclusion : dans la vie, tout est à prendre ou à laisser…

L’avis de Cassandre

L’ouverture de ce roman se fait au Royaume-Uni, en 1991. Kay et Cyril, la petite cinquantaine, sont mariés depuis plusieurs décennies et parents de grands enfants qui ont quitté le nid. Kay vient d’apprendre le décès de son père. Le premier sentiment qui l’habite n’est pas la tristesse mais le soulagement. En effet, son père était atteint de la maladie d’Alzheimer depuis dix ans et lui et ses proches en ont énormément souffert. Le voir se dégrader, oublier tous ses proches et laisser la sénilité l’habiter, tout cela était beaucoup trop difficile. Kay et son mari se promettent une chose : en 2020, lorsqu’ils auront 80 ans, ils mettront fin à leur jour.

Si ce pacte peut sembler difficile à concevoir, dans l’esprit du couple, cela est plutôt rassurant. Pas question d’être fortement diminués, malades, d’être un fardeau pour leurs enfants ou de croupir en EHPAD. Ils veulent s’en aller dignement et avoir vécu une vie plus courte mais heureuse que longue et en mauvaise santé. Mais voilà qu’à l’aube de 2020, Kay et Cyril font un constat : ils sont encore en très bonne santé. Que vont-ils finalement faire ?

A partir de ce scénario, Lionel Shriver a écrit douze chapitres qui sont en réalité douze fins possibles à l’histoire de nos personnages. J’ai aimé sa créativité foisonnante et ses dénouements parfois très futuristes et relevant parfois même de la science fiction. J’avoue avoir eu une préférence pour les chapitres mettant en scène le Docteur « Mimi », l’affreuse gériatre responsable d’une maison de retraite crapuleuse. J’ai aimé que ce roman tienne compte des actualités de l’époque : le COVID et le Brexit notamment.

Si l’humour est bien présent, l’écrivaine nous pousse à nous interroger sur le grand âge et la fin de vie. Que ferions-nous à la place de notre couple de retraités ?

Pour conclure, je suis heureuse d’avoir (enfin) découvert la talentueuse plume de Lionel Shriver à travers ce roman satirique très actuel.

A prendre ou à laisser de Lionel Shriver, paru en janvier 2023 aux éditions Belfond, 288 pages, 22€

Les soeurs du Titanic de Patricia Falvey

Résumé

Deux sœurs que tout oppose, emportées dans la grande Histoire, pour le meilleur et pour le pire…

Il est des sœurs que tout sépare. Nora est promise à devenir gouvernante dans une riche famille américaine. Delia est condamnée à n’être que l’ombre de sa sœur. Mais le jour où les deux femmes quittent leur Donegal natal pour embarquer sur le Titanic, le destin rebat soudainement les cartes.
Si Nora compte parmi les nombreuses victimes, Delia, s’en sort miraculeusement. Et si c’était sa chance d’exister enfin ? Arrivée sur les docks de New York, elle se fait passer pour son aînée. Mais alors qu’elle s’attache peu à peu à son employeur, un veuf séduisant, et à la petite fille de celui-ci, la jeune femme s’inquiète : combien de temps peut-elle vivre sur un mensonge ? Et pourquoi ce sentiment que Nora pourrait revenir à tout moment réclamer son dû ?

L’avis de Cassandre

1912, en Irlande, vivent deux sœurs, Nora et Delia. Nora est la préférée de sa mère. Delia, quant à elle, est rejetée et perçue comme un démon car son frère jumeau est décédé à la naissance et Delia est jugée comme responsable. Lorsque les parents des sœurs reçoivent un courrier tout droit venu d’Amérique leur proposant d’envoyer l’une de leurs filles pour devenir gouvernante dans une famille aisée, Nora est tout naturellement désignée. Mais le père de famille qui aime profondément Delia, décide de sacrifier ses économies pour l’envoyer également, aider une autre famille, nettement moins aisée. Les deux jeunes filles embarquent à bord du prestigieux Titanic… Des deux sœurs, seule Delia survit au naufrage du paquebot. Passé le choc, celle qui a vécu une vie de souffrance et de solitude décide d’endosser l’identité de Nora auprès de la prestigieuse famille.

Les sœurs du Titanic est un roman qui se dévore. J’ai trouvé intéressant d’alterner les points de vue des deux sœurs, si opposées. Cela permet de mieux comprendre leur histoire et leurs réactions. J’ai adoré cette époque de l’histoire, le majestueux Titanic mais aussi suivre Delia dans son arrivée sur le continent américain. On découvre le New York de l’époque et nous allons voyager jusqu’au Texas. J’ai apprécié l’intrigue générale, les personnages principaux et secondaires ainsi que les thématiques abordées. Delia m’a touchée, on lui a tellement rabâché qu’elle était le diable en personne et totalement insignifiante qu’elle a fini, injustement, par le croire. Ce voyage changera son destin à tout jamais.

Pour conclure, il s’agit d’un roman avec lequel on ne voit pas le temps passer.

Les sœurs du Titanic de Patricia Falvey, paru en octobre 2022 aux éditions Pocket, 432 pages, 9€

Frankenstein de Mary Shelley

Résumé

Emporté par sa soif de découverte, un jeune scientifique, Victor Frankenstein, réussit à insuffler la vie à un assemblage de corps inertes, mais bientôt, il abandonne la créature. Repoussé de tous, le monstre ainsi créé n’a plus qu’un seul but : se venger de son créateur

L’avis de Cassandre

L’un de mes objectifs en matière de littérature, est de lire davantage de classiques. Frankenstein ou le Prométhée moderne est un roman qui m’a toujours intriguée. La superbe couverture de cette nouvelle édition m’a totalement convaincue.

Victor Frankenstein est un jeune homme brillant, passionné par les sciences et tant d’autres sujets. Sa soif de connaissances le pousse à expérimenter. Très vite, nait une créature immense et horriblement laide qui dégoûte immédiatement Frankenstein. Il rejette immédiatement la créature ou « le monstre » auquel il ne donne même pas de nom. Pourtant, ce dernier est doté d’intelligence et de sentiments. Abandonné par son créateur et souffrant d’une immense solitude, il décide de se venger de lui…

J’ai trouvé ce roman très accessible et prenant. Dans cette histoire, on se demande finalement qui est le véritable monstre. J’ai trouvé Victor Frankenstein absolument égoïste et lâche tandis que la créature a su m’émouvoir.

Enfin, j’ai beaucoup aimé l’écriture de Mary Shelley qui à l’époque, n’a pas pu publier le roman sous son nom. Deux siècles après sa publication, Frankenstein nous fascine toujours autant…

Frankenstein de Mary Shelley, paru en janvier 2023 aux éditions Hugo Publishing, 352 pages, 6,90

Layla de Colleen Hoover

Résumé

Lorsque Leeds fait la connaissance de Layla lors du mariage de la soeur de la jeune femme, c’est le coup de foudre. L’alchimie est parfaite entre eux. Ils s’aiment tout simplement.
Mais leur belle histoire va vite tourner au drame lorsque Layla est grièvement blessée par arme à feu.
Elle se remet lentement et lorsqu’elle sort de l’hôpital, Leeds lui propose de séjourner dans le lieu de leur rencontre, là où tout a commencé. Son atmosphère paisible sera parfaite pour la jeune femme encore fragile et leur permettra se retrouver.
Car Layla a changé. Sans doute à cause de ce qui s’est passé.
Mais loin d’apporter à Leeds la sérénité qu’il attendait, cet endroit le trouble. Il s’y produit des évènements étranges, qui remettent en cause toutes ses certitudes.
Sur Layla et sur qui elle est vraiment.

L’avis de Cassandre

Colleen Hoover est une écrivaine qui sait à chaque fois me transporter avec ses histoires d’amour inoubliables et ses personnages hauts en couleurs. Je n’ai pas eu l’occasion de la lire depuis quelques années, j’étais alors impatiente et curieuse de me plonger dans Layla.

Dans ce roman, nous suivons un seul point de vue, celui de Leeds. Le jeune homme est bassiste dans un groupe assez peu connu. Un soir, il joue pour un mariage lorsqu’il rencontre Layla, la sœur de la mariée. Le coup de foudre est immédiat et réciproque. Si bien que Layla décide d’accompagner Leeds dans le cadre de ses tournées et de ne plus le quitter ! Si c’est le début d’une belle histoire, on comprend rapidement que quelque chose a mal tourné. Dans le prologue, Layla est attachée dans leur chambre à l’étage et Leeds est au rez-de-chaussée avec un homme qui lui demande d’expliquer tous les « problèmes » survenus dans leur maison. On sent qu’il y a un sérieux malaise entre eux et on se demande comment ils ont pu en arriver là.

Layla est un roman très différent de ce que je peux lire habituellement. L’intrigue est très originale et Colleen Hoover a su m’emmener là où je ne m’y attendais absolument pas. J’ai adoré les révélations distillées au fil du récit et encore plus le final qui est une vraie et bonne surprise. L’autrice se renouvelle clairement avec ce type de récit.

Concernant les personnages, j’ai été très touchée par Layla qui subit des événements difficiles et marquants. J’ai moins accroché avec Leeds, je l’ai trouvé opportuniste et je n’ai pas adhéré à ses (mauvais) choix.

Pour conclure, j’ai moins aimé le personnage masculin de cette histoire mais j’ai adoré l’intrigue et les rebondissements. Colleen Hoover se renouvelle, pour notre plus grand plaisir !

Layla de Colleen Hoover, paru en novembre 2022 aux éditions Hugo & Cie, 395 pages, 7,90€

Ellie et Dan de Hazel Prior

Résumé

Dan a besoin de paix et d’ordre. Il aime sa vie calme, prévisible, à l’abri des dangers et des surprises. Il a perdu confiance en lui et a choisi de vivre en reclus, dans sa grange-atelier, où il fabrique des harpes.
Ellie est une rêveuse. Ou plutôt, elle l’était, avant que son existence ne rétrécisse aux dimensions d’une vie de couple banale et étriquée. Ses journées, elle les passe à tenir une maison parfaite pour son mari, Clive, et à s’efforcer de le rendre heureux.
Un jour, le hasard conduit Ellie dans l’atelier de Dan. Ils ne peuvent se douter que leur vie est sur le point de changer à tout jamais…

L’avis de Cassandre

Je n’ai pas encore eu la chance de découvrir « Comment les pingouins ont sauvé Veronica », précédent roman de Hazel Prior mais ce sont bel et bien les critiques élogieuses qui m’ont donné envie de me plonger dans Ellie et Dan.

Ellie est une femme qui célébrera bientôt ses trente-six ans. Elle se présente comme Ellie, la femme au foyer de l’Exmoor et épouse de Clive. Cela est assez révélateur de la manière dont elle se perçoit. Elle voit Clive comme son « roc », son quotidien tournant autour de lui presque exclusivement. Ellie est une femme plutôt solitaire, qui n’a qu’une amie, Christina, dans sa vie, ainsi qu’une sœur et une mère, sénile, qui habitent loin d’elle. Son seul vrai loisir est de se balader dans les campagnes anglaises et écrire des poèmes que personne ne lira jamais. Son quotidien réglé comme du papier à musique est bouleversé par une rencontre inattendue. Au cours d’une promenade, Ellie découvre une grange-atelier occupée par Dan, facteur de harpes. Et très vite, elle est prise d’une certitude : elle veut jouer de la harpe.

Dan, quant à lui, est un personnage hautement singulier. Il vit seul et fabrique des harpes toute la journée. Il aime les sandwiches, l’odeur du café et dénombrer tout ce qui est présent autour de lui. Dan se décrit comme une personne qui « n’est pas dotée des bons ingrédients » pour s’intégrer, que ce soit en matière d’amour, d’amitié ou de vie quotidienne. Il ne perçoit pas le second degré et ne trouve pas toujours de sens à des choses qui ne sont pas très concrètes comme l’argent, le fait de devoir monétiser ses harpes pour vivre. Si la maladie n’est pas clairement énoncée dans le roman, il semblerait que Dan souffre d’un trouble du spectre autistique. Cette « différence » ne le rend que plus attachant.

Entre Ellie et Dan, c’est une vraie tendresse qui se crée au fil des pages. Les chapitres sont bercés par les sons mélodieux de la harpe qu’Ellie apprend à jouer. La nature prend aussi une place prépondérante : les feuilles d’automne, la beauté du bois, les animaux, en particulier un faisan qui deviendra un personnage à part entière. Ce roman rend vraiment hommage aux plaisirs simples de la vie et nous apprend à nous recentrer sur l’essentiel.

Ce roman comporte bien sûr son lot de péripéties et de surprises. J’ai aimé la manière dans Hazel Prior aborde certains sujets comme la différence, les relations toxiques, l’emprise ou encore, la confiance en soi. Ce roman est indéniablement une très belle surprise.

Ellie et Dan de Hazel Prior, paru en novembre 2022 aux éditions de L’Archipel, 416 pages, 21€