Étiquette : femme

La Reine du noir de Julia Bartz

Résumé

Bienvenue à Blackbriar !

Pour beaucoup de lectrices, Roza Vallo est une romancière de génie, et peut-être plus encore, une sorte de gourou. Grâce à elle et à son livre La Langue du démon, nombre de jeunes filles et de femmes ont cessé de se considérer comme de petites créatures fragiles pour explorer leur côté sombre, pulsionnel, sexuel. Aussi, quand la grande prêtresse du roman d’horreur féministe décide d’offrir à cinq d’entre elles un séminaire d’écriture dans son manoir de Blackbriar, isolé au milieu des monts Adirondacks, les candidatures affluent. Peu importe que Vallo soit une figure controversée et que l’endroit traîne une sinistre réputation. Lorsqu’elle est sélectionnée, Alex, une jeune autrice, y voit la chance de sa vie. Mais quand Roza Vallo décide d’instaurer une compétition acharnée, les tensions sont rapidement exacerbées entre les concurrentes. Jusqu’au jour où l’une d’entre elles disparaît…

L’avis de Cassandre

A tout juste trente ans, Alex rêve de publier son premier roman. Depuis de nombreuses années, elle est très investie dans la sphère littéraire et multiplie les ateliers d’écriture, les soirées de lancement etc.. Mais depuis un an, à la suite d’un fâcheux incident survenu avec sa meilleure amie Wren, Alex souffre du syndrome de la page blanche. Quand notre héroïne se voit proposer une retraite littéraire avec Roza Vallo, romancière à succès qu’elle admire, elle n’hésite pas à sauter sur l’occasion.

Alex et quatre autres jeunes femmes sont invitées à Blackbriar, le manoir isolé de Roza Vallo. Celui-ci a été le théâtre d’une affaire meurtrière non résolue, il y a de nombreuses années. Alex et ses concurrentes devront écrire un roman en un mois, la meilleure se verra publiée et récompensée grassement. Mais rapidement, on sent qu’il y a quelque chose de pas net dans l’atmosphère.

J’étais impatiente de débuter ce roman dont le résumé me faisait furieusement envie. J’ai trouvé cette lecture très addictive et j’ai eu du mal à le reposer. J’ai ressenti de la sympathie pour Alex, une jeune femme qui souffre et se sent très seule. Roza Vallo n’a suscité que mon aversion. Cette femme, totalement imbue de sa personne souffle le froid et le chaud. On se demande ce qu’elle a derrière la tête. J’ai aimé l’ambiance gothique et l’univers de la littérature qui est omniprésent. Le suspense s’installe progressivement et nous nous sentons de plus en plus oppressés dans ce lieu sordide. J’ai cependant été moins convaincue par la tournure que prenaient les événements. J’ai trouvé certains points trop peu crédibles et que l’histoire partait parfois trop loin. J’ai toutefois aimé les toutes dernières lignes qui clôturent le roman avec noirceur.

Pour conclure, certains points m’ont chagrinée mais j’ai trouvé cette lecture addictive et j’ai apprécié l’univers de Blackbriar. Un premier roman plutôt prometteur !

Je remercie Babelio et les éditions Sonatine pour cet envoi, dans le cadre d’une opération Masse Critique.

La Reine du noir de Julia Bartz, paru en novembre 2023 aux éditions Sonatine, 448 pages, 24,50€

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi

Résumé

Leyla, Shabaneh et Rodja se sont rencontrées sur les bancs de l’université à Téhéran. Soudées par un lien indéfectible, elles s’efforcent, envers et contre tout, de mener une vie libre. Leyla s’est mariée avec Misagh et a débuté une carrière de journaliste. Shabaneh est habitée par ses lectures et les souvenirs de la guerre. Rodja vient d’être acceptée en doctorat à Toulouse – il ne lui manque plus que son visa. Mais cet équilibre fragile vacille quand Misagh part seul pour le Canada.

En un été et un automne, entre espoirs et déconvenues, toutes trois affrontent leurs contradictions. Suffit-il de partir pour être libre ?

L’automne est la dernière saison est le reflet sensible et bouleversant de la société iranienne d’aujourd’hui. Une histoire prodigieuse et universelle d’amour et d’amitié.

L’avis de Cassandre

En premier lieu, je remercie sincèrement l’équipe de Kube et les éditions Zulma grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman via une opération Book Club.

L’histoire se déroule en Iran et nous suivons alternativement, trois jeunes femmes et amies durant deux saisons seulement, l’été, puis l’automne. Leyla ouvre la marche. Son mari qu’elle aimait et adulait est parti pour le Canada. Elle n’a pas voulu le suivre, persuadée qu’il renoncerait à son départ pour elle. Depuis, son cœur est en miettes et elle déprime, n’a plus goût à rien. Shabaneh, quant à elle, est rêveuse, toujours la tête plongée dans un roman. Elle est ingénieure dans un cabinet. Arsalan est l’un de ses collègues de travail et souhaite l’épouser. Shabaneh est partagée, elle n’est pas sûre de l’aimer et se sent rapidement prise au piège. Cette femme m’a profondément émue. Elle porte sur elle le poids de nombreux malheurs et s’oublie elle-même. Elle s’occupe énormément de son frère, Mahan, atteint de handicap mental et dont leur mère ne tolère pas sa seule vue… Enfin, il y a Rodja, celle qui s’est inscrite en Doctorat en France et qui a fait une demande de visa étudiant. Une démarque bien plus ardue qu’il n’y paraît.

J’ai été touchée par ce récit choral porté par des femmes. Nasim Marashi parvient à nous faire ressentir le poids du régime iranien en ne l’évoquant jamais clairement. Elle mentionne juste un bombardement. Elle réussit à nous en faire prendre conscience dans l’ambiance générale du roman. Les femmes conduisent, étudient, travaillent mais il y a un tel fossé avec les hommes iraniens. Elles sont hautement diplômées mais occupent des postes nettement inférieurs à ceux des hommes. On ressent aussi le poids des traditions, le mariage, la famille, du qu’en dira-t-on. Et puis, il y a la censure, celle du journal dans lequel travaille Leyla, tel un miroir à l’auto-censure de Nasim Marashi lorsqu’elle a écrit son roman.

Ces trois femmes évoluent en quelques mois. Durant l’été (première partie), elles sont en proie aux doutes, aux hésitations, aux rêves avortés et aux désillusions. On ressent une profonde tristesse, une mélancolie voire même une forme de résignation. A l’automne, elles ont mûri, fait des choix et deviennent maîtresses de leur propre destin, dans une mesure toute relative.

Pour conclure, ce roman est une très belle découverte et un portrait réaliste de la jeunesse iranienne tiraillée par l’envie de partir et par la peur de tout quitter.

L’automne est la dernière saison de Nasim Marashi, paru en janvier 2023 aux éditions Zulma, 272 pages, 22€

J’en ai assez d’hésiter. D’avoir peur, d’être indécise, de trancher, de toujours me sentir coupable. De ne pas arriver à décider pour moi-même comme tout le monde. J’aimerais être Madame de Barry et que Louis XV m’épouse. Je serais bien obligée de lui obéir, c’est le roi, et personne ne s’y opposerait. Même pas moi.

La Magnifique d’Anne-Laure Bondoux

Résumé

D’invasions de sauterelles en coulées de boue, de violences en famines, jusqu’ici la vie n’a été qu’une suite de calamités pour Bella Rossa. Mais à vingt ans, elle a un tempérament de feu, des idées et
des rêves de bonheur plein la tête. Alors lorsque la guerre arrive dans sa vallée, elle saisit sa chance. Embarquant son insupportable père à bord de leur vieille charrette à foin, elle part sur les routes, à travers l’Ouest américain. Grâce à la quincaillerie qu’elle vend pour subsister, elle compte bien faire fortune, et surtout retrouver sa mère qui l’a abandonnée quinze ans plus tôt. Pour ça, elle devra braver tous les dangers, y compris cette catastrophe imprévue : l’amour…

L’avis de Cassandre

J’ai découvert Anne-Laure Bondoux il y a quelques années déjà. D’elle, j’ai lu Et je danse aussi et sa suite, Oh Happy Day (écrits avec Jean-Claude Mourlevat) puis, Valentine ou la belle saison. J’ai adoré tous ces romans, alors, quand je suis tombée sur La Magnifique, je l’ai lu sans hésiter !

Dès les premières lignes, j’ai senti que ce roman serait différent des autres, à des années-lumière de l’univers « habituel » de l’écrivaine. J’ai ressenti un mélange de dépaysement et de surprise, si bien que j’ignorais si ce roman me plairait. J’ai alors poursuivi ma lecture sans attente particulière, en faisant confiance à Anne-Laure Bondoux.

Mais alors de quoi parle ce roman ? L’histoire se déroule dans l’Ouest Américain. Bella Rossa, vingt ans, en est l’héroïne. Il s’agit d’une jolie jeune femme à la crinière rousse indomptable et qui possède des attributs beaucoup trop généreux. Si bien qu’ils lui attirent des ennuis auprès des hommes du village ne sachant pas se tenir. Il faut dire que la vie de Bella Rossa n’a rien d’un conte de fée. Elle travaille dur toute la sainte journée et doit s’occuper de son père, alcoolique et diminué qui ne fait que lui balancer des insanités à la figure. Bella Rossa cumule les calamités : invasions de sauterelles, coulées de boue, sécheresse, famine, violences… Alors un beau jour, elle décide de partir avec la charrette qu’elle a fabriquée, un cheval qui s’est perdu sur ses terres, toute la camelote amassée qu’elle espère vendre de village en village et son vieux père ingrat et dégoûtant. Ce que la belle n’avait pas prévu, c’était de tomber amoureuse en chemin : une nouvelle calamité s’abat sur elle !

Vous l’aurez compris, ce récit est un véritable OVNI, bien différent de mes lectures habituelles et c’est pour cela que j’ai adoré. Bella Rossa est une femme forte qui ne se laissera pas marcher sur les pieds. J’ai adoré sa répartie, les nombreux tours qu’elle a dans son sac, son courage épatant mais aussi son côté un peu naïf lié à son jeune âge et ses faiblesses, car oui, elle en a ! J’ai aussi aimé l’humour, très présent ainsi que les rebondissements. On ne devine jamais à l’avance où Anne-Laure Bondoux va nous emmener !

Ce roman est un vrai road-trip dans l’Ouest Américain. Si vous aimez les héroïnes atypiques, les saloons, les cow-boys, les chercheurs d’or, le désert et la gnôle, ce roman est fait pour vous !

Pour conclure, La Magnifique est une belle surprise qui met en scène une héroïne inoubliable, prête à tout plaquer pour changer son destin !

La Magnifique d’Anne-Laure Bondoux, paru en octobre 2022 aux éditions Pocket, 256 pages, 7,40€