je ferai de toiRésumé

Norvège, 1960 : la modernité s’empare enfin des foyers et les corvées des mères de famille se voient simplifiées grâce à l’arrivée de l’eau courante, du réfrigérateur, des machines à laver…
La bien nommée « Cité de l’Avenir » a su s’accorder à son époque : ici règnent – en apparence, du moins – la joie de vivre et le contrôle social. Huit familles y vivent très proches les unes des autres. Les femmes au foyer ne se gênent pourtant pas pour se critiquer mutuellement sur leur façon de se vêtir ou le mode de vie des uns et des autres. Ici, les voisines se font mutuellement leurs permanentes à domicile, ça papote dans tous les coins, – et avec un peu de chance, on peut apercevoir la dame du troisième étage qui fait le ménage chez elle, chaque vendredi, complètement nue.
Et voilà qu’un jour, un jeune homme se présente et propose d’installer des judas aux portes…

L’avis de Cassandre

Je ferai de toi un homme heureux ou les chroniques de huit familles vivant dans un immeuble norvégien. En 1960, l’électroménager s’installe peu à peu dans les foyers.  Du rez-de-chaussée au troisième étage, nous avons des portraits très différents des ménages. Chacun vit très différemment les changements liés aux sixties. Il faut dire que cette décennie a marqué un grand tournant dans la société occidentale. On y retrouve le stéréotype de la femme au foyer qui se charge de toutes les corvées possibles et imaginables de la maison, s’occupe des gamins et se plie en quatre pour le plaisir de l’époux. L’homme était le sexe fort, il travaillait donc ramenait l’argent qui faisait vivre la famille. Forcément, la femme n’avait rien à dire…

J’ai trouvé ce titre très réaliste, reflet d’une société machiste en plein bouleversement. La plupart des hommes voient leurs femmes comme des procréatrices et fées du logis. On ne les imagine pas travailler, c’est très mal vu. Se cultiver, dans quel but ? Pas utile pour récurer le sol. Ne parlons même pas de plaisir sexuel féminin ! Après tout, la pilule contraceptive et le droit d’avortement n’arrive qu’à partir de ces années et c’est encore très tabou. Tout comme on tait la pédophilie. Les enfants n’avaient pas de prévention à ce sujet et pouvaient penser que cela était normal. Je pense à l’une des petites filles de l’immeuble qui m’a profondément émue.

Dans cet immeuble norvégien, on ne s’ennuie pas. Les ragots vont de bon train, les nouvelles circulent vite, on s’observe, on se scrute. Mais il y a tout de même du positif avec une certaine entraide entre certains résidants. Nous avons aussi une habitante, archétype de la femme fatale et de la femme libérée qui offre un certain optimiste à la condition féminine.

J’ai apprécié cette découverte d’Anne Ragde, bien qu’il n’y ait pas ou peu d’action, elle nous dresse un portrait très réaliste de l’époque.

Je ferai de toi un homme heureux d’Anne Ragde, paru le 2 janvier 2014 aux éditions 10-18, 312 pages, 8,10€

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