Des hivers rudes et immaculés du Canada au Londres frémissant des sixties, la destinée de trois membres d’une famille malmenée par les drames. Après Le Choix des Morrison, Mary Lawson signe un roman tout en finesse, plein de tendresse, de colère et d’amour.
Rien ne va plus chez les Cartwright. Alors qu’Emily s’apprête à donner naissance à son huitième enfant, qu’Edward, le père, cherche dans son bureau une échappatoire au chaos ambiant, que Tom, le fils aîné, s’enferme dans la dépression, Megan, fille unique de la fratrie et mère de substitution de chacun, décide de voler de ses propres ailes. À vingt et un ans, l’heure est venue pour la jeune fille de se libérer des siens. Adieu le Grand Nord canadien, bonjour le swinging London !
Pendant que Megan se cherche dans la Vieille Europe, les Cartwright, eux, tentent de survivre. Qui pour s’occuper du foyer, désormais ? Pour remplir le frigo ? Pour protéger Adam, quatre ans, et ses frères de la folie douce d’Emily, uniquement absorbée par son nourrisson et négligeant tout le reste ? Qui pour arracher Edward aux ruminations d’un passé qui le hante ?
Accablé par la culpabilité depuis le décès de son meilleur ami, Tom, brillant étudiant, renonce chaque jour un peu plus à ses rêves… Et si le moment était venu pour lui d’assumer son rôle d’aîné ?
Le silence qui étouffe les Cartwright peut-il être conjuré ? Et si le plus difficile, parfois, était l’espoir ?
L’avis de Cassandre
Tout d’abord, j’aimerais remercier les éditions Belfond et Babelio pour cet envoi car c’était LE titre que je voulais absolument lors de cette opération Masse critique !
Un hiver long est rude est un roman qui se centre sur une famille, les Cartwright que l’on suivra de 1966 à 1969. Ils vivent au Canada dans une petite bourgade où les hivers sont difficiles. Cette famille est composée d’un couple à la dérive : Edward, directeur de banque et Emily, qui sombre peu à peu dans la folie. Ensemble, ils ont huit enfants dont le dernier va seulement naître. La cadette de la famille, Megan, s’est toujours occupée de tout, remplaçant sa mère et mettant sa propre vie au second plan. A vingt et un ans, la jeune femme décide de partir pour l’Angleterre et enfin, de commencer sa vie.
Dans ce récit, nous suivons Edward, le père, Tom, l’aîné et Megan. Chacun de ces membres a ses préoccupations. Tout débute par le départ de Megan pour Londres. Très vite, c’est le chaos chez les Cartwright car Megan veillait sur tout, ses frères ne manquaient de rien, la maison était en ordre. Tom et Edward vont peu à peu prendre conscience que plus rien ne va depuis. Emily n’est plus capable de cuisiner, ne s’occupe que de son nouveau né et laisse se débrouiller les autres, aussi jeunes soient ils. Cela m’a choquée qu’il ait fallu tant de temps aux personnages pour voir dans quel état se trouvait leur foyer. Montagne de vaisselles, placards vides, plus de vêtements propres. Et personne ne fait rien, bien sûr. Edward n’assume pas son rôle de père, ferme les yeux sur les problèmes et préfère mettre des vêtements sales que de les laver. Le plus choquant, c’est le petit Adam, quatre ans, qu’on ne nourrit pas, qu’on ne lave pas et qui est livré à lui-même. J’étais outrée ! Ce roman reflète une époque où la femme devait assumer toutes les tâches domestiques et où le mari mettait les pieds sous la table en rentrant du travail.
Malgré tout, il y a des éléments qui nous font comprendre combien les personnages masculins sont perdus. Tom fait une dépression et n’a pas de but dans la vie. Edward, son père, a subi de graves événements, notamment la guerre et doit supporter la folie de sa femme et le nombre important d’enfants à la maison. J’ai été mal pour lui, son mariage malheureux, ses enfants délinquants, sa propre enfance dévastatrice et le désordre sans fin qui règne chez lui. J’ai aussi eu pitié pour Megan qui aura bien des désillusions dans ce pays qui la faisait rêver. Je l’ai adorée, elle est à la fois forte et faible. Forte de partir loin sans rien, de travailler d’arrache-pied mais aussi faible de par ses sentiments.
Si ce roman m’a fait hérisser le poil, je ne l’en ai pas moins adoré. Il ne faut pas le lire pour de l’action, loin de là. Un hiver long est rude est une chronique familiale, récit d’une chute sans fond dont on espère qu’il y aura tout de même de la lumière au final.
Un hiver long et rude de Mary Lawson, paru le 8 janvier 2015 aux éditions Belfond, 432 pages, 21€
Découvrez l’avis de notre partenaire Léa
Un livre très fort en émotion, une très belle chronique 😉
ça ne me tente pas ^^’
Tu me donnes bien envie de le découvrir 😀
Il me tente de plus en plus celui-ci justement pour le côté traitement des liens familiaux 🙂
Je l’ai acheté tout récemment. J’ai hâte de m’y plonger !
Je suis sûre que tu vas aimer !
Belle chronique! J’ai vraiment envie de le lire!