Résumé
Lysiane pense qu’elle a encore l’âge de tous les possibles, la légèreté de toutes les illusions, l’assurance des promesses. Pas question de reprendre l’auberge des Flandres tenue par sa famille, elle veut être chanteuse, elle en est sûre. Prête à tout pour cela, Lysiane se laisse engloutir dans un espace-temps défragmenté que la musique et l’alcool cristallisent, abandonnant sa fille aux bons soins de ses parents. Jusqu’à ce que cette quête de gloire ne tourne court. Alors Lysiane décide que cette enfant qui grandit sans elle sera finalement sa revanche sur la vie. Mais il y a des revanches bien cruelles…
L’avis de Cassandre
A l’encre rouge est le troisième roman de Marjorie Tixier et le troisième que je lis. L’écrivaine nous dresse à chaque fois un portrait de femme(s) qui traverse de terribles épreuves. Celui-ci ne déroge pas à la règle.
Lysiane est la fille d’un couple d’aubergistes, Pierre et Jeanne. Ils vivent tous les trois à Cassel, dans le Nord de la France. Le couple travaille beaucoup et vient d’un milieu modeste, il n’a hélas que trop peu de temps à consacrer à Lysiane. Cette dernière, âgée de dix-sept ans, s’amourache d’un chanteur en devenir qui la quitte en lui laissant une surprise non-désirée : un enfant. Jeanne supplie sa fille de garder l’enfant, elle accepte, à contrecœur. A la naissance, Lysiane confie sa fille, Jolene à sa mère et part à Lille. Elle a un rêve en vue : devenir chanteuse et briller. Sa carrière tournera vite court…
Si on peut comprendre que Lysiane ait besoin de rattraper sa jeunesse perdue, l’absence de ses parents durant l’enfance, il y a des choses qu’on ne peut accepter. Lysiane délaisse sa fille qui n’a d’ailleurs pas le droit de l’appeler « maman ». Elle est cruelle, infâme, et quand elle n’est pas indifférente à sa fille, elle se sert d’elle. Certaines scènes sont psychologiquement difficiles parfois même insoutenables. Comment peut-on gâcher la vie de son enfant par pure vengeance ? Marjorie Tixier aborde parfaitement les relations toxiques et les maltraitances psychologiques.
A l’encre rouge se lit facilement, la plume de l’écrivaine est toujours aussi agréable. Le titre est d’ailleurs bien choisi et très évocateur des sentiments dévastateurs qu’il renferme. Une histoire qui nous tient en haleine jusqu’au dénouement qu’on espère plus lumineux.
A l’encre rouge de Marjorie Tixier, paru en janvier 2024 aux éditions Pocket, 336 pages, 8,30€