Thomas est parti. Ça fait déjà deux ans. On ne sait pas où. On ne sait ni pourquoi, ni avec qui. On ne sait rien. Et de ce rien il faut bien faire quelque chose. Alerter la police ou non. En parler ou se taire. Rendre cette histoire réelle ou pas. Faire avec. Inventer un récit. Convoquer le fantôme. Vivre avec lui. Ou bien le faire sortir par la porte. L’oublier jusqu’à ce qu’il revienne en rêve. Par la fenêtre. Par la forêt. Par ce détail ou cet objet qui rappelle sa mémoire, sans cesse. Et puis un jour, Claire, sa femme, Joan et Hélène, ses amies, sont convoquées au commissariat. C’est qu’il y a quelque chose de louche autour de la disparition de Thomas Cassar. On ne disparaît pas comme ça. Il y a toujours quelque chose. Il y a toujours quelqu’un.
L’avis de Cassandre
Babelio m’a proposé de recevoir Les manquants dans le cadre d’une opération Masse Critique privilégiée (merci infiniment ainsi qu’aux éditions Seuil). Ce n’est pas le genre de roman que je lis habituellement et c’est pourquoi j’ai accepté, j’aime sortir des sentiers battus et faire des découvertes.
Claire est mariée depuis vingt ans à Thomas et mère de deux grands enfants. L’image de la famille parfaite se ternit quand Thomas part, sans rien laisser derrière lui. Pourquoi ? Est-il encore en vie ? Si oui, où est-il ? Tant de questions restées sans réponses. La vie de Claire est en suspens. Deux ans plus tard, Claire est conviée au commissariat de police pour répondre à des questions.
Les manquants est un roman choral où les chapitres alternent trois voix de femmes : Claire et ses amies d’enfance, Hélène et Joan. Chacune se livre dans un monologue, pas toujours linéaire. Elles racontent leurs études, leur amitié, le mariage de Claire et Thomas mais aussi leur vie intime, ce qui les a façonnées. On en oublierait parfois presque la disparition de Thomas, tant elles ont à raconter. J’ai apprécié le style d’écriture, très « parlé » et la narration sous forme de monologue. Il ne s’agit pas réellement d’un interrogatoire de police mais bien d’une confession à cœur ouvert.
J’ai trouvé ce roman surprenant dans son choix narratif, c’est le premier point positif à mes yeux. J’ai aussi apprécié l’atmosphère lourde, pesante, annonciatrice de la catastrophe à venir. Un ouvrage captivant et surprenant, une plume à découvrir !
Les manquants de Marie-Eve Lacasse, paru en mars 2023 aux éditions Seuil, 256 pages, 19€
Summer ira peut-être en enfer mais elle ira avec Charlie…
Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifsatomiques.Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle… Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin.
L’avis de Cassandre
L’histoire se déroule à Artemisia Lane, banlieue de Las Vegas, en 1952. Plusieurs familles américaines vivent sur une base militaire. A quelques kilomètres de là, les hommes réalisent des essais nucléaires en plein désert du Nevada pendant que leurs parfaites épouses leur concoctent de bons petits plats. Les week-end, on organise des barbecues et on observe les explosions, toujours plus impressionnantes. Plus le temps passe et plus Summer, la femme d’Edward, un haut gradé, s’inquiète de ces essais nucléaires. Quand Charlie, une femme sensuelle (et que chacun juge comme vulgaire) s’installe à Artemisia Lane, le quotidien de Summer se retrouve bouleversé à tout jamais.
Je ne pensais pas lire ce roman presque d’une seule traite. J’ai trouvé l’histoire captivante et l’immersion s’est faite dès les premières pages. J’ai aimé Summer, une femme passive, effacée, qui vit à travers son mari et qui va peu à peu s’émanciper. A l’inverse, Charlie n’a pas peur de grand chose, même pas des coups de son mari. Elle n’a que faire des jugements des autres, elle fume, elle conduit et porte des escarpins rouges. Si tout les oppose, le coup de cœur est pourtant presque immédiat. Charlie exerce une véritable force magnétique sur Summer, et vice-versa. Où les conduira leur soif de liberté ?
En plus de personnages attachants et captivants, j’ai aimé le côté historique du récit. Ces essais nucléaires sont un véritable scandale. Les deux femmes visitent d’ailleurs la « ville-test » située à proximité des explosions. Les maisons sont construites à l’identique que celles dans lesquelles vivent nos héroïnes et habitées par des mannequins qui fondent rapidement sous la chaleur et la radioactivité. C’est l’une des images les plus marquantes à mes yeux. Charlie et Summer semblent vivre dans un décor en carton-pâte, presque en huis clos, tellement loin de la civilisation. Je me suis sentie oppressée et mal à l’aise. En plus de cela, elles sont réduites au simple statut d’épouses ou de mères dans une société totalement patriarcale.
Ce roman est pour moi un coup de cœur, à la fois pour ses thématiques que pour la relation sulfureuse entre les deux femmes. En tant que lecteur, on assiste aux premières loges d’un drame en devenir. J’ai été conquise par l’écriture de Zoé Brisby, il s’agissait de mon tout premier roman de l’écrivaine.
Les mauvaises épouses de Zoé Brisby, paru en mars 2023 aux éditions Albin Michel, 336 pages, 20,90€
Après le décès de ses parents, Marjorie, unique héritière, pose ses valises dans la maison familiale. Dans la rue du cimetière, l’emménagement de cette jeune mère de famille et de sa fille adolescente ne passe pas inaperçu. D’autant que, dix-sept ans plus tôt, son départ précipité du village suivi de la disparition de sa sœur avaient fait grand bruit. Puis plus rien, le silence absolu. Difficile alors de revenir sans attirer les regards curieux notamment celui de Marcel, leur voisin acariâtre. Alors que Marjorie imagine une vie paisible, un mystérieux arrangement du passé refait surface. Mais est-il vraiment possible de cacher un trop lourd secret ?
L’avis de Cassandre
Je suis avec attention les parutions de la collection Instants Suspendus des éditions L’Archipel. Jusqu’à présent, toutes mes lectures étaient à la hauteur de mes attentes : de véritables rencontres, des personnages attachants et des romans qui me font du bien, tout simplement. Est-ce que celui-ci m’a plu ? C’est un grand OUI !
On fait la rencontre d’une mère et sa fille, Marjorie et Anouk. Elles s’installent dans la maison des parents de Marjorie, aujourd’hui décédés et dont cette dernière vient d’hériter. Marjorie a quitté son village natal il y a de nombreuses années, en mauvais termes avec sa famille et surtout, très jeune et enceinte, ce qui n’était pas dans ses projets. Malgré sa jeunesse, elle a consacré toute son énergie à Anouk et souhaite leur offrir un nouveau départ. Anouk, quant à elle, est une jeune fille de presque treize ans, assez singulière. Elle est passionnée par l’Art, le dessin et… les cimetières ! J’ai été touchée par leur relation fusionnelle, il y a tant d’amour entre elles !
Mais de quoi parle l’intrigue ? De secrets de famille, surtout. Ceux qui empoisonnent et détruisent les liens entre les membres d’une même famille. Ceux qui durent des dizaines d’années et empêchent d’avancer. Je n’en dirai pas plus à ce sujet, je ne voudrais pas vous gâcher le suspense ! J’ai en tous cas adoré l’intrigue et ses révélations distillées au fil de la lecture. J’ai aussi adoré les personnages, aussi bien Marjorie et Anouk que Marcel, le drôle de voisin acariâtre qui ne cesse de les espionner ou Ruben, le charmant jeune homme qui réside de l’autre côté.
L’écriture de Léa Volène est très jolie. J’ai adoré sa manière de narrer son histoire et la façon dont elle dépeint ses personnages hauts en couleurs. Il m’a été très difficile de quitter les personnages de la rue du cimetière, tant j’étais bien en leur compagnie !
Pour conclure, Motus et cœurs cousus est une belle histoire, de celles qui réconfortent et apaisent.
Motus et cœurs cousus de Léa Volène, paru en janvier 2023 aux éditions L’Archipel, 384 pages, 20€
La Guadeloupe des années cinquante. Contre des parents qui semblent surtout soudés par le mensonge, contre une mère aussi dure avec les autres qu’avec elle-même, contre un père timoré, la petite Maryse prend le chemin de la rébellion. La soif de connaissance, les rêves d’autonomie et de liberté la guident vers son destin d’écrivain. Mais peu à peu les épreuves de la vie appellent l’indulgence, la nostalgie de l’âme caraïbe restitue certains bonheurs de l’enfance. Et Maryse se souvient alors de cet instant qui lui redonna l’amour des siens, de cette ultime nuit où « roulée en boule contre son flanc, dans son odeur d’âge et d’arnica, dans sa chaleur », elle retrouva sa mère en la perdant.
L’avis de Cassandre
Je n’avais jamais eu la chance de lire Maryse Condé et ce n’est pourtant pas l’envie qui me manquait mais l’occasion. La parution de cet ouvrage enrichi a été l’argument convaincant pour me plonger dans ce récit.
Maryse a grandi en Guadeloupe, dans les années 1950. Le cœur à rire et à pleurer est un roman autobiographique. Maryse revient donc sur son enfance, de sa naissance qui n’était pas planifiée, dernière-née d’une tribu de huit enfants jusqu’à la fin de son adolescence et son émancipation. Les parents de Maryse se décrivent avant tout comme Français. Chez eux, on ne parle pas le créole. Ils jouissent d’une bonne situation professionnelle et voyagent régulièrement à Paris. Maryse se sent vite différente de sa famille. Elle a du mal à trouver sa place au sein de la société et ne comprend pas pourquoi il existe des différences selon les couleurs de peau. Il faut dire que ses parents enterrent vite toutes ses tentatives de discussion à ce sujet.
Ce livre porte bien son titre, on a droit à des chapitres assez légers, teintés d’humour mêlés à des textes beaucoup plus sombres. J’ai aimé découvrir l’enfance de la petite Maryse qui deviendra une grande écrivaine à travers ses yeux d’enfant, ainsi que cette Guadeloupe d’après-Guerre.
Enfin, j’ai apprécié le côté enrichi du livre : des textes audio lus par un comédien, des illustrations explicitées, des annotations, des questions qui poussent à aller plus loin dans notre réflexion.
Le cœur à rire et à pleurer de Maryse Condé, paru en août 2022 aux éditions Pocket et Nathan, 160 pages, 5,60€
« Deux années se sont écoulées depuis l’extraordinaire coup de massue que le monde a reçu sur la tête. Ce fameux jour, l’irréversible et terrible processus s’est enclenché sur toute la surface du globe. Pendant un temps, la Terre a semblé continuer de tourner comme si de rien n’était, et puis, neuf mois plus tard, le dernier enfant naissait dans une banlieue du Caire, le tout dernier humain. À fleur de peau, l’humanité est impatiente d’entendre la véritable histoire de celle qu’elle considère comme l’unique responsable de cette extinction de masse : ma fille. […] Les faits sont incroyables, surnaturels et fantastiques, mais ils font partie de notre réalité désormais. Puisse l’histoire de Gaya nous aider à briller. Puisse l’espoir qu’elle a placé en nous se concrétiser. Puisse l’Homme renaître un jour. »
L’avis de Cassandre
C’est sur les réseaux sociaux que j’ai entendu parler de ce roman pour la première fois. Les avis, très élogieux, m’ont donné envie de le découvrir. Je remercie Anne Steiger et les éditions Exergue pour cet envoi.
Dès les premières pages, on comprend que Gaya Sharpe n’est pas une enfant ordinaire et qu’elle a provoqué un véritable cataclysme dans le monde entier. Le récit est narré par Louis Sharpe, le père de Gaya. Il revient sur sa naissance, qui a été un véritable tsunami d’émotions. Gaya est déclarée morte quelques instants après sa naissance. Pourtant, plus d’une heure après l’insoutenable, Gaya revient à la vie. La jeune mère, quant à elle, décède subitement. S’ensuivent les nombreuses semaines en réanimation, soins intensifs et rendez-vous avec des spécialistes. Si sa survie est un miracle, Gaya n’en est pas moins lourdement handicapée. Louis, ne parvient ni à accepter le décès brutal de son épouse, ni à s’attacher à Gaya, pour qui il ne ressent rien. Ses premiers pas dans la vie sont chaotiques. Louis est ramené à la réalité lorsque Gaya est autorisée à quitter l’hôpital et à rejoindre leur maison. J’ai trouvé ces passages difficiles, on se projette à la place de Louis et on souffre avec lui de la perte de sa femme et des handicaps physiques, mentaux, moteurs de Gaya et les rendez-vous médicaux où on redoute toujours le pire.
A l’occasion de son premier anniversaire et contre toute attente, l’état de santé de la petite s’améliore, on parle alors de miracle. Au fil des années, Gaya est une enfant qui surprend. Elle acquiert une intelligence hors normes et fait le bien autour d’elle. Elle protège les animaux et insectes, veille sur tous, notamment les personnages âgées du village qu’elle visite régulièrement. Il est difficile de dire si j’ai apprécié Gaya, ses facultés sont telles qu’elle impressionne autant qu’elle inquiète. On se demande jusqu’où elle ira.
J’ai trouvé ce roman merveilleusement bien écrit, je suis allée jusqu’au bout presque d’une seule traite. Ce n’est pas le genre de récit que je lis habituellement et je suis heureuse de l’avoir découverte. Anne Steiger nous parle d’écologie, de protection de la planète, de notre rapport aux autres, aux animaux, aux insectes, à la Nature mais aussi à la consommation. Ce genre d’histoire nous fait réfléchir à notre propre condition et nous fait nous interroger sur ce qui est réellement important. Je ne peux que vous recommander cette histoire singulière qui ne vous laissera pas indemne !
D’invasions de sauterelles en coulées de boue, de violences en famines, jusqu’ici la vie n’a été qu’une suite de calamités pour Bella Rossa. Mais à vingt ans, elle a un tempérament de feu, des idées et des rêves de bonheur plein la tête. Alors lorsque la guerre arrive dans sa vallée, elle saisit sa chance. Embarquant son insupportable père à bord de leur vieille charrette à foin, elle part sur les routes, à travers l’Ouest américain. Grâce à la quincaillerie qu’elle vend pour subsister, elle compte bien faire fortune, et surtout retrouver sa mère qui l’a abandonnée quinze ans plus tôt. Pour ça, elle devra braver tous les dangers, y compris cette catastrophe imprévue : l’amour…
L’avis de Cassandre
J’ai découvert Anne-Laure Bondoux il y a quelques années déjà. D’elle, j’ai lu Et je danse aussi et sa suite, Oh Happy Day (écrits avec Jean-Claude Mourlevat) puis, Valentine ou la belle saison. J’ai adoré tous ces romans, alors, quand je suis tombée sur La Magnifique, je l’ai lu sans hésiter !
Dès les premières lignes, j’ai senti que ce roman serait différent des autres, à des années-lumière de l’univers « habituel » de l’écrivaine. J’ai ressenti un mélange de dépaysement et de surprise, si bien que j’ignorais si ce roman me plairait. J’ai alors poursuivi ma lecture sans attente particulière, en faisant confiance à Anne-Laure Bondoux.
Mais alors de quoi parle ce roman ? L’histoire se déroule dans l’Ouest Américain. Bella Rossa, vingt ans, en est l’héroïne. Il s’agit d’une jolie jeune femme à la crinière rousse indomptable et qui possède des attributs beaucoup trop généreux. Si bien qu’ils lui attirent des ennuis auprès des hommes du village ne sachant pas se tenir. Il faut dire que la vie de Bella Rossa n’a rien d’un conte de fée. Elle travaille dur toute la sainte journée et doit s’occuper de son père, alcoolique et diminué qui ne fait que lui balancer des insanités à la figure. Bella Rossa cumule les calamités : invasions de sauterelles, coulées de boue, sécheresse, famine, violences… Alors un beau jour, elle décide de partir avec la charrette qu’elle a fabriquée, un cheval qui s’est perdu sur ses terres, toute la camelote amassée qu’elle espère vendre de village en village et son vieux père ingrat et dégoûtant. Ce que la belle n’avait pas prévu, c’était de tomber amoureuse en chemin : une nouvelle calamité s’abat sur elle !
Vous l’aurez compris, ce récit est un véritable OVNI, bien différent de mes lectures habituelles et c’est pour cela que j’ai adoré. Bella Rossa est une femme forte qui ne se laissera pas marcher sur les pieds. J’ai adoré sa répartie, les nombreux tours qu’elle a dans son sac, son courage épatant mais aussi son côté un peu naïf lié à son jeune âge et ses faiblesses, car oui, elle en a ! J’ai aussi aimé l’humour, très présent ainsi que les rebondissements. On ne devine jamais à l’avance où Anne-Laure Bondoux va nous emmener !
Ce roman est un vrai road-trip dans l’Ouest Américain. Si vous aimez les héroïnes atypiques, les saloons, les cow-boys, les chercheurs d’or, le désert et la gnôle, ce roman est fait pour vous !
Pour conclure, La Magnifique est une belle surprise qui met en scène une héroïne inoubliable, prête à tout plaquer pour changer son destin !
La Magnifique d’Anne-Laure Bondoux, paru en octobre 2022 aux éditions Pocket, 256 pages, 7,40€
Victoria Delmas, trente-cinq ans, dirige d’une main de fer son agence de publicité. Dans son quotidien réglé comme une horloge, aucune place n’est laissée à l’improvisation, et encore moins aux relations humaines, qu’elle considère comme une perte de temps pure et simple. Jusqu’à un matin de décembre où sa vie bascule. Renversée par un bus, Victoria sombre dans le coma et atterrit dans un… centre de réhabilitation de Noël ! Cette mystérieuse organisation lui propose un marché : pour se voir accorder une seconde chance, elle devra se racheter auprès d’une personne qu’elle a fait souffrir par le passé, et ce avant le 26 décembre, minuit. Une mission qui risque de lui donner du fil à retordre. Mais s’il y a bien un moment de l’année où l’on peut espérer un miracle, c’est à Noël !
L’avis de Cassandre
Les romans de Carène Ponte font partie de ceux que je préfère lire pour les fêtes. J’étais impatiente de me plonger dans cette nouvelle histoire. Il faut dire que la jolie couverture colorée et pailletée ont renforcé mon désir !
Nous rencontrons deux femmes opposées : Victoria et Dakota. Elles se sont connues au lycée il y a une vingtaine d’années et n’étaient pas franchement amies. Victoria se moquait ouvertement de Dakota qu’elle trouvait beaucoup trop effacée. Dorénavant, Dakota anime une émission de radio tandis que Victoria est à la tête d’une agence de publicité. Elle n’a qu’une obsession : la réussite, et elle est prête à tout renverser sur son passage pour y parvenir. Victoria n’est pas un personnage qui fait preuve d’empathie et tout cela la rend assez détestable pour le lecteur. Lorsqu’elle est victime d’un accident, elle se retrouve dans un drôle d’hôpital où deux elfes l’accueillent. Ils lui proposent de récupérer sa vie d’avant sans séquelles à conditions qu’elle se rachète auprès d’une personne à qui elle a fait du mal. Bien entendu, cette personne n’est autre que Dakota.
Ce roman m’a fait du bien. J’ai adoré suivre les deux personnages féminins, diamétralement opposés et la quête farfelue de Victoria. Saura-t-elle changer et faire preuve d’altruisme et de bonne foi ? J’ai aussi aimé les chapitres où Dakota est la narratrice. Elle vit avec sa grand-mère, Antoinette, qui perd progressivement la tête. Cette dernière est une ancienne gynécologue qui n’a pas sa langue dans sa poche. Cela crée des situations drôles et loufoques !
Voilà une comédie de Noël qui se dévore en quelques heures à peine. On y trouve l’ambiance de Noël : la neige, le sapin, les films de Noël, les cookies et autres douceurs qui font du bien. Et aussi, une bonne dose de romance pour nous conquérir. Un excellent roman à lire en décembre, au coin du feu !
Archie, seize ans, est placé en institution. Sa mère, toxicomane, est incapable de s’occuper de lui. Au lieu de consentir à ce quotidien qui l’enferme, Archie lutte. Un jour, un rêve se dessine. Tout quitter pour rejoindre à pied une école où les enfants sont libres d’apprendre ce qui les intéresse vraiment. Archie entame ce périple sur le sentier des douaniers. À force de silence, son histoire se superpose au ciel, à la mer, à la falaise qui fond dans les flots. Le film de son enfance se déroule, brut et lourd de secrets. Mais aucune vie n’est perdue d’avance. Archie découvre le journal de Madeleine – l’infirmière qui l’a accueilli le jour de sa naissance –, et en chemin, ce jeune poète va se révéler.
L’avis de Cassandre
J’ai découvert Alia Cardyn il y a une année seulement avec deux albums qui m’ont beaucoup touchée : Le Bébé le plus minuscule du monde et Le rêve de Mademoiselle Papillon. J’ai choisi de découvrir l’autrice à travers un roman cette fois, et mon choix s’est porté sur Archie.
Archie est le narrateur de l’histoire. Âgé de seize ans, il n’a connu que l’Aide Sociale à l’Enfance et l’institution dans laquelle il vit depuis qu’il est bébé. Archie a bien une mère mais celle-ci est toxicomane, incapable de s’occuper de lui. Leur relation est froide, distante et on comprend rapidement qu’ils ne se connaissent que très peu. Dans la vie de l’adolescent, deux personnes comptent réellement. Il y a Jean, l’éducateur prévenant, à l’écoute et qui se soucie d’Archie avec sincérité. Il y a aussi Madeleine, l’infirmière qui s’est occupé de lui lors de sa naissance et qui a maintenu un lien aussi fort qu’indescriptible avec lui. Celle-ci lui a parlé d’une école démocratique où les élèves choisissent ce qu’ils ont envie d’apprendre. Cette idée fait son cheminement dans sa tête et il prend la décision de partir, à pied, en direction de cette école et d’une nouvelle vie dont il serait enfin acteur et plus spectateur.
Que dire à part que j’ai tout aimé dans ce roman ? Tout d’abord, les personnages, auxquels je me suis attachée, même à la mère de notre héros dont on découvre la sombre histoire, au fil des pages. Archie est lumineux, poétique et déterminé. Il a vécu des choses effroyables mais a toujours un peu d’espoir pour le faire avancer. Madeleine et Jean sont touchants, ils placent le bien-être d’Archie en priorité et sont emplis de bontés et de bienveillance. J’ai adoré cette quête initiatique. Lors de son voyage, Archie lit chaque jour un chapitre, du journal que Madeleine lui a offert et qui narre l’histoire de sa mère et lui, depuis sa naissance. Il va découvrir la vérité, sa vérité, et combler les vides de son enfance. Dans ce journal, il comprendra aussi qui est sa mère et pourquoi elle en est arrivée là.
Vous vous douterez que ce récit n’est pas facile et que certains chapitres nous serrent le cœur. Ce roman met aussi en lumière le personnel soignant, en particulier celui de la maternité, qui ne voit pas toujours que de belles choses et qui doit parfois aider les bébés à se sevrer et prendre des décisions terribles sur le placement ou non d’un enfant. Alia Cardyn a une très jolie plume et nous emmène dans une belle et difficile quête d’identité.
Archie d’Alia Cardyn, paru en octobre 2022 aux éditions Pocket, 288 pages, 7,40€
Bonjour à tous, Le mois d’octobre s’achève et le moins qu’on puisse dire est qu’il aura été prolifique ! J’ai beaucoup lu, fait de belles découvertes et j’ai aussi un peu craqué en librairie (j’étais obligée !). Voici mes chroniques du mois :
Dans le bleu de Joyce Carol Oates
Jenna est une adolescente de quinze ans comme les autres jusqu’à ce qu’un accident de voiture où elle était passagère et sa mère conductrice tue cette dernière sur le coup. Jenna est grièvement blessée mais s’en sort tant bien que mal. Comment survivre lorsqu’on a perdu l’être qu’on aimait le plus au monde ? Comment redonner un sens à sa vie ? Jenna refuse de vivre chez son père qui a refait sa vie il y a quelques années et à qui elle n’a jamais pardonné d’être parti du cocon familial. C’est donc sa tante qui va la recueillir. Difficile d’accepter la situation et dans le fond, d’accepter d’être aimée. Jenna se réfugie « dans le bleu » c’est-à-dire, dans l’univers cotonneux des opiacés. Dans le bleu est un roman que j’ai trouvé réaliste. Il parle d’accident, de deuil, d’addiction et surtout, d’adolescence. Quand on est adolescent, on voit le monde à travers un filtre. On fait des choix, pas toujours bons et on peine à trouver sa place. Notre héroïne va devoir changer de lycée, tisser des liens et survivre à la tragédie qui lui tombe dessus. Elle est profondément en colère, parfois odieuse envers ceux qui l’aiment et veulent l’aider. Joyce Carol Oates tisse un portrait fidèle de l’adolescence, brute et brutale. Âmes sensibles d’abstenir, ce roman comporte des scènes difficiles mais hélas, réalistes. Un roman que j’ai aimé pour sa franchise et son côté « sans filtres ».
Dans le bleu de Joyce Carol Oates, paru en septembre 2022 aux éditions Robert Laffont, 288 pages, 18,90€
Hell de Magali Inguimbert
Lorsque nous faisons la rencontre de Jessie, l’adolescente se fait envoyer manu militari en avion chez sa tante par sa mère, dans un autre état des États-Unis. Jessie a obtenu des résultats scolaires médiocres et pour sa mère, il s’agit du dernier recours. Jessie est une jeune femme sombre, solitaire et qui préfère la compagnie de la musique à celle de ses pairs. On ressent immédiatement une profonde souffrance mais nous ignorons quels secrets elle cache en elle. Fort heureusement, notre héroïne solitaire va rencontrer Austin, un garçon de son âge qui la prend sous son aile et va l’aider à aller mieux. J’ai immédiatement accroché aux personnages, aussi bien Jessie qu’Austin. Les deux adolescents ont bien plus de points en commun qu’ils ne le pensent. J’ai aussi apprécié la tante, l’oncle et les cousins de Jessie. La cohabitation n’est pas facile et fait souvent des étincelles. Cependant, on sent qu’ils ont vraiment envie d’aider Jessie mais ne la comprennent pas. La musique prend une place importante dans ce roman et j’ai adoré cette ambiance. Enfin, Magali Inguimbert aborde des sujets difficiles avec beaucoup de délicatesse. Hell est un joli roman avec des personnages attachants et une belle romance qui prend son temps.
Hell de Magali Inguimbert, paru en août 2022 aux éditions Hugo Publishing, 398 pages, 7,90€
La maison aux miroirs de Cristina Caboni
J’adore la littérature italienne et les romans qui se déroulent dans ce pays. Ce critère et la sublime couverture m’ont convaincue de lire ce roman. Milena est une jeune femme qui n’a pas eu beaucoup de chance dans sa vie. Sa grand-mère est partie et a laissé son grand-père Michele seul avec sa fille (la mère de Milena) qui était encore bébé. La maman de Milena est décédée relativement jeune. Notre héroïne n’a donc pour famille que son grand-père qui souffre de la maladie d’Alzheimer et son père qui habite loin d’elle. Michele et Milena sont très complices et elle lui rend souvent visite à Positano dans sa villa surnommée La maison aux miroirs. Michele étant fragilisé et diminué, il fait faire des travaux, notamment dans son jardin. C’est durant le terrassement qu’ils découvrent un squelette, enfoui depuis des décennies. Que cache Michele ? Pourquoi sa femme est-elle réellement partie et qu’est-elle devenue ? Pour Milena, cette macabre trouvaille va aussi déterrer de sombres secrets. La maison aux miroirs avait tout pour me plaire : du suspense, des secrets de famille, les décors italiens et un début de romance. Pourtant, j’en ressors assez déçue. J’ai eu du mal à m’attacher à Milena, j’ai trouvé ce personnage plein de candeur et elle manquait pour moi de profondeur et de consistance. J’ai préféré Michele, ce grand-père qui a vécu trop de drames sans sa vie. J’ai aussi trouvé que le suspense ne prenait pas assez de place dans le roman. L’enquête piétine et les personnages secondaires ne cessent de dissuader Milena de déterrer les fantômes du passé. Cela manquait pour moi de crédibilité. Enfin, les thématiques sont trop nombreuses dans un roman assez court et ne sont donc que survolées, ce que je trouve vraiment dommage. Il s’agit malheureusement d’un rendez-vous manqué avec l’Italie pour moi !
La maison aux miroirsde Cristina Caboni, paru en avril 2022 aux éditions Pocket, 368 pages, 7,70€
1991 de Franck Thilliez
J’ai découvert Franck Thilliez avec Le Syndrome E en 2010. Je n’ai pas (encore) lu toute sa bibliographie mais je me suis toujours régalée avec ses romans. Franck Sharko, l’un de ses deux personnages principaux me plaît énormément, je prends un réel plaisir à le suivre dans ses enquêtes. 1991 est l’année de la première enquête de Franck Sharko au 36 quai des orfèvres. Il est à l’époque âgé de 30 ans et considéré comme un bleu. Lorsque le corps d’une femme est retrouvé, gravement mutilé et dans une macabre mise en scène, c’est l’occasion pour Sharko de montrer de quoi il est capable. Ne soyez pas impressionnés par les quelques 550 pages que contiennent ce roman, je vous garantis que vous ne verrez pas le temps passer ! J’ai adoré me replonger dans les années 1990, sans Internet, sans téléphone portable et à éplucher les relevés France Télécom avec les enquêteurs. A cette époque, on commence seulement à parler d’ADN ! J’ai trouvé l’enquête passionnante, elle parle (entre autres) de magie, de mentalisme mais aussi d’identité. L’intrigue ne contient aucun temps mort et il m’a été difficile de reposer ce livre. J’ai aimé rencontrer ce jeune Sharko en début de carrière et le voir prendre de l’assurance au fil des pages. Encore une réussite signée Franck Thilliez !
1991 de Franck Thilliez, paru en mai 2022 aux éditions Pocket, 552 pages, 8,50€
Ma réputation de Gaël Aymon
Ce qui différencie Laura, quinze ans, des autres adolescentes de son âge, c’est peut-être le fait de traîner avec les garçons. Elle a plus d’affinités avec eux qu’avec les filles. Quand Sofiane, qui fait partie de sa bande, tente de l’embrasser et que Laura repousse ses avances, son monde s’écroule. Sa bande d’amis la rejette et Sofiane répand des rumeurs terribles sur elle. Très rapidement, elle devient la risée de tous et une véritable paria au sein de son lycée. Elle se retrouve complètement seule, moquée et insultée au quotidien. Et quand d’autres rumeurs apparaissent sur les réseaux sociaux, la situation devient rapidement incontrôlable. Chaque lycéen peut être confronté de près ou de loin au harcèlement scolaire. Ce roman, très court, en parle de manière concrète. On s’identifie aisément à Laura et ce qu’elle vit nous serre le cœur. Elle m’a fait beaucoup de peine et j’ai été touchée par le fait qu’elle ne parvient pas à parler à ses parents ni à ses professeurs. Gaël Aymon cerne bien les différentes catégories d’élèves confrontés aux problèmes : les harceleurs, les victimes et les lâches qui préfèrent se rallier aux harceleurs pour ne pas être harcelés. Un roman coup de poing qui dénonce le harcèlement scolaire !
Ma réputation de Gaël Aymon, paru en août 2022 aux éditions Gallimard, 144 pages, 6,40€
Napoli mon amour d’Alessio Forgione
La littérature italienne a toujours su me faire voyager et rien que la couverture de ce roman était un dépaysement. Amoresano, le narrateur, que tout le monde appelle par son nom de famille est âgé de 30 ans et a été marin pendant plusieurs années. Il s’est enrichi mais la terre napolitaine lui manquait trop. De retour chez ses parents, Amoresano se laisse vivre. Son pécule se réduit comme peau de chagrin. Il jette un œil nonchalant sur les offres d’emploi et préfère faire des grasses matinées, écumer les bars avec son ami Russo et assister à des matchs de football. Il déambule dans Naples, ville qui le captive jusqu’à rencontrer une jolie jeune femme, Nina, où le coup de foudre est réciproque. Je dois avouer avoir eu du mal à m’attacher au narrateur, désabusé et sans aucun projet personnel et professionnel. J’ai trouvé le récit trop plat et relativement déprimant. Si je n’ai pas apprécié l’histoire d’Amoresano, j’ai néanmoins apprécié Naples, une ville que je rêve de découvrir pour ses ruelles, ses monuments et sa gastronomie.
Napoli mon amour d’Alessio Forgione, paru en août 2022 aux éditions Pocket, 264 pages, 7,40€
L’amour de ma vie de Rosie Walsh
Emma et Leo forment un couple très uni. Ils sont mariés depuis plusieurs années et les heureux parents d’une adorable petite fille. Emma est une biologiste reconnue et Leo, un journaliste spécialisé dans la rédaction de nécrologies de personnes célèbres. Quand la maladie touche Emma, Leo décide de conjurer le sort en rédigeant la nécrologie anticipée de son épouse. Rapidement, Leo détecte des incohérences dans le passé d’Emma. Qui est réellement la femme qu’il a épousée ? Si l’histoire peut sembler assez classique en reposant sur des secrets et des mensonges, ce roman cache en réalité des thématiques singulières que je ne citerai pas, pour ne pas gâcher le suspense. J’ai adoré suivre nos deux personnages, Leo dans sa quête de la vérité et Emma qui porte sur ses épaules des secrets douloureux et indicibles. En parallèle, j’ai apprécié découvrir leurs univers et notamment leurs professions atypiques. L’amour de ma vie est un roman qui se dévore, notamment grâce à son suspense et à son alternance de points de vue. La fin est à la hauteur de mes attentes et de l’intrigue. J’ai passé un excellent moment de lecture ! Je remercie Babelio et les éditions Les Escales pour cette découverte !
L’amour de ma vie de Rosie Walsh, paru en octobre 2022 aux éditions Les Escales, 448 pages, 22€
Pour que chantent les montagnes de Nguyễn Phan Quế Mai
J’ai reçu ce titre dans le cadre de la Rentrée Littéraire organisée par Lecteurs.com, je remercie donc leur équipe ainsi que les éditions Charleston pour cet envoi. L’Histoire n’a jamais été mon point fort, je me rattrape donc en lisant régulièrement des romans historiques. Celui-ci me faisait de l’oeil depuis sa sortie, je n’avais encore jamais lu de roman sur le Vietnam. Nous faisons la rencontre de Huong, douze ans dans les années 1970 et de sa grand-mère, Diêu-Lan. Celles-ci tentent de survivre aux bombardements et espèrent le retour de leur famille (dont les parents de Huong), partie combattre sur le front. Nous suivons les deux personnages féminins dans les années 1970 mais ces chapitres sont entrecoupés par des passages sur la jeunesse de Diêu-Lan, racontés à sa petite-fille. Ces périodes concernent les années 1930 à 1950 en particulier. Ces retours dans le passé permettent de mieux comprendre l’Histoire du Vietnam. Nguyễn Phan Quế Mai nous expose les conflits, la famine, la réforme agraire et la guerre du Vietnam. Je ne vous le cache pas, ce récit, bien que fictif, repose sur des faits historiques et il s’agit donc d’un texte difficile et parfois éprouvant. Le peuple vietnamien a vécu une succession d’atrocités dont j’ignorais la plupart. Huong et sa grand-mère sont des personnages très attachants et pleins de bonté et de sagesse. Même quand advint le pire, elles sont capables de faire preuve de pardon et de reconnaissance. Nguyễn Phan Quế Mai est une écrivaine talentueuse, une véritable conteuse d’histoire. Je recommande ce roman qui ne vous laissera pas indemne.
Les affinités sélectives de Julie Courtney Sullivan (avis d’Audrey)
En commençant cette lecture, je dois avouer que je n’étais pas sûre du tout d’apprécier ce roman. Nous découvrons Elisabeth, une écrivaine, mariée et jeune maman d’un adorable petit garçon, Gil. Les premiers mois sont difficiles, éreintants et notre héroïne se sent déprimée. Désireuse de reprendre l’écriture de son troisième roman et de soulager sa charge mentale, elle recrute Sam, une étudiante, en tant que baby-sitter. Ces deux femmes n’ont pas le même âge, pas le même quotidien ni le même « statut social ». Pourtant, elles se lient rapidement d’amitié. Chacune arrive à un tournant de sa vie, en proie à des doutes et leurs présences mutuelles vont leur permettre de se confier. J’ai trouvé le début de ce roman assez long, c’est l’arrivée de Sam qui va heureusement donner une dynamique au récit. Les affinités sélectives n’est pas juste un roman d’amitié. Il parle de l’Amérique au sens large et de la lutte des classes. Les plus pauvres sont toujours plus pauvres et vice versa avec les plus riches. Le rêve américain n’existe plus depuis bien longtemps. L’époque actuelle est à l’uberisation et aux influenceurs des réseaux sociaux. Finalement, j’ai beaucoup aimé ce roman, d’une grande lucidité et avec un final réaliste.
Les affinités sélectives de Julie Courtney Sullivan, paru en mai 2022 aux éditions Les Escales, 560 pages, 23€
Hack ton cerveau… Et celui des autres ! de Charlie Haid
Je ne connaissais pas Charlie Haid avant de lire cet ouvrage. Le mentalisme est une pratique qui m’a toujours intriguée et je n’ai pas hésité à me plonger dedans, afin d’en savoir plus ! Mon souhait a été exaucé, ce titre est une vraie mine d’informations. On y parle de mentalisme, de tours de magie, d’astuces pour booster sa mémoire (et enfin retenir des numéros de téléphone, par exemple). On a une partie plutôt théorie et une autre, basée sur la pratique. Vous pourrez tester des expériences avec vos proches. Celles-ci sont simples et bien détaillées. Vous allez pouvoir bluffer votre entourage, en un claquement de doigts ! Enfin, j’ai aimé l’humour de Charlie Haid et le côté ludique de son livre. Un ouvrage accessible et utile !
Keith Haring, Le street art ou la vie de Paolo Parisi
Keith Haring, le street art ou la vie, est le second roman graphique de la nouvelle collection de Hugo Publishing que je lis (le premier étant Looking for Banksy). Keith Haring est un artiste connu et je suis certaine que vous connaissez, a minima, ses petits bonhommes colorés, sans visages et en mouvements. Dans ce roman graphique, nous suivons Keith Haring de son enfance jusqu’à la fin de sa vie. L’artiste est né dans une petite ville de Pennsylvanie, à la fin des années 1950. Il a toujours adoré dessiner et l’art, en général. Dans sa jeunesse, il a côtoyé une secte religieuse puis, la drogue, avant de reprendre le « droit chemin » en partant pour New York et son école d’art. Il y fait des rencontres décisives et inspirantes. Keith va multiplier les expositions et les performances et commencer à être connu. A la fin des années 1980, il est frappé par une maladie qui explose aux Etats-Unis : le SIDA. Il décède en 1990, des complications liées à la maladie, à l’âge de 31 ans. Keith Haring a eu une carrière aussi courte que foisonnante. Paolo Parisi lui rend un très bel hommage à travers un roman graphique ultra coloré. L’univers graphique de l’auteur colle parfaitement avec l’univers de l’artiste. Un titre à découvrir !
Maria Montessori, l’école de vie de Caroline Lepeu et Jérôme Mondoloni
Tout le monde a déjà entendu parler de méthode Montessori, de jouets ou encore d’école. En revanche, trop peu de personnes connaissent Maria Montessori. Elle est née en 1870, en Italie. A cette époque, peu de femmes travaillent et lorsqu’elles le font, elles exercent essentiellement des professions d’enseignantes, leurs perspectives étant très limitées. Maria est très intelligente et avant-gardiste. Elle n’a que faire des critiques et veut devenir médecin. Évidemment, le chemin sera semé d’embûches mais à 26 ans, elle est diplômée en médecine, et plus spécialement, en psychiatrie. Elle va travailler dans différentes cliniques et se rendre compte que ce qui l’anime, c’est de venir en aide aux enfants déficients mentaux. Quand ses pairs voient en eux des causes perdues et les isolent, Maria, invente, crée des outils et des jeux et une véritable pédagogie. Son but est de leur faire apprendre à leur rythme et à leur initiative et les amener vers la réussite. Maria Montessori ne s’arrête jamais, elle apprend constamment, fabrique, forme, voyage et ouvre de nombreuses écoles à travers le monde, jusqu’à la fin de sa vie. Cette femme est épatante et un véritable modèle. Elle a consacré sa vie aux droits des femmes et des enfants et n’a jamais cédé face aux difficultés. Cette biographie est absolument captivante et contient de très jolies illustrations.
Maria Montessori, l’école de vie de Caroline Lepeu et Jérôme Mondoloni, paru en septembre 2022 aux éditions Marabout, 176 pages, 20,95€
J’écoute, je trouve : Halloween de Sam Taplin
J’écoute, je trouve, est une collection des éditions Usborne qui nous plaît beaucoup. Mon fils de dix-huit mois adore les livre et est en pleine période des « livres sonores ». Celui-ci ne déroge pas à la règle, on l’aime beaucoup. L’histoire se déroule le jour d’Halloween. Les personnages, qui sont des animaux, se déguisent et se réunissent pour faire la fête. Sur chaque double-page, nous rencontrons un nouvel animal déguisé et une pastille sonore permet de leur faire faire un bruit : un hululement, un cri de sorcière ou encore, un hurlement de loup. Cet album est très amusant et nous avons apprécié l’univers de la nuit. En plus, il y a un petit jeu qui consiste à retrouver les citrouilles cachées sur les différentes pages. Un bel album sonore !
Faire découvrir un grand compositeur à un bébé ? Je suis totalement pour ! Cet album s’adresse aux tout-petits de 10 mois et plus. On y suit un orchestre d’animaux qui jouent des œuvres de Bach. Nous avons en tout cinq extraits que l’enfant peut écouter librement en appuyant sur une puce ronde. Les extraits choisis sont diversifiés et plairont au plus grand nombre. Les illustrations sont superbes, c’est toujours un plaisir pour l’enfant de reconnaître les animaux. Cet album plaira également aux enfants plus âgés car les personnages donnent des informations sur Bach. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il existe d’autres albums sur d’autres compositeurs comme Beethoven et Mozart !
Bonjour à tous, Le mois de septembre représente pour moi un tournant dans l’année, c’est le mois de la reprise, de la rentrée (dont littéraire), de l’automne également. Pour une raison que j’ignore, j’ai toujours trouvé cette période un peu stressante. Mais c’est aussi l’occasion de repartir sur de bonnes bases, de se lancer de nouveaux objectifs. Pour ma part, je me suis réinscrite au sport et je me rends compte que cela m’avait beaucoup manqué durant le COVID. Côté lecture, ma résolution est d’être plus assidue, notamment sur Instagram (@romansurcanape) et de vous parler davantage littérature via ce réseau. Trêve de bavardages, place à mes lectures du mois :
Le champion nu de Barry Graham
Je n’avais pas entendu parler du roman Le champion nu lors de sa parution à la rentrée littéraire 2021. De nature curieuse, j’ai eu envie de le découvrir à sa sortie en format de poche. Billy est le narrateur de l’histoire. Ancien boxeur écossais, il est devenu journaliste, spécialisé dans cette discipline. Billy a un projet : écrire un livre sur son ami et il l’espère, futur champion, Ricky Mallon. Billy va le suivre durant toute sa préparation jusqu’au fameux combat catégorie poids plumes. Le champion nu n’est pas seulement roman sur la boxe mais avant tout un roman sur la vie. Notre personnage principal fuit son quotidien, en particulier sa compagne qui souffre d’une maladie mentale grave. Il s’échappe de sa propre vie, rêve d’une relation amoureuse avec sa voisine. La boxe est finalement une métaphore de la vie courante : les combats, les coups, les victoires et les défaites. Le champion nu est un roman captivant, court mais avec des personnages profonds malgré tout. J’ai aimé le style d’écriture, brut, incisif, un véritable uppercut.
Le champion nu de Barry Graham, paru en août 2022 aux éditions Pocket, 216 pages, 7,10€
Oona et le sens de la vie de Margarita Montimore
Le 31 décembre 1982, Oona va célébrer le Nouvel An et son dix-neuvième anniversaire, simultanément. Elle participe à une soirée, entourée de son petit-ami et de ses amis. Rien ne se passe comme on le pourrait penser car, lorsqu’elle rouvre les yeux, elle se réveille dans le corps d’une Oona de cinquante et un ans, en 2015. A ses côtés, Kenzie, son assistant lui explique qu’à chaque anniversaire, Oona se réveille dans le passé ou dans le futur, durant une année. Cette situation relève purement et simplement du cauchemar. Nous allons donc suivre Oona, Kenzie et Madeleine, la mère de notre héroïne à différents stades de leur vie. Si j’ai eu un peu de mal à m’attacher à Oona, en particulier car je l’ai trouvée distante du lecteur et profondément seule, j’ai adoré la thématique du roman. A chaque anniversaire, comme Oona, on ne sait pas dans quelle année nous allons atterrir et encore moins, ce qu’elle nous réserve. Chaque année réserve son lot de surprises, bonnes comme mauvaises. Oona essaye de modifier son destin mais finalement, est-ce réellement bien nécessaire ? Chaque action apporte des résultats en conséquence mais rien n’est jamais « parfait », on ne peut pas faire d’omelette sans casser d’œufs. Ce titre est une belle leçon de vie qui nous pousse à profiter de l’instant présent et à retenir le positif.
Oona et le sens de la vie de Margarita Montimore, paru en août 2022 aux éditions de l’Archipel, 512 pages, 22€
Riposte de Louisa Reid
Lorsque Babelio m’a proposé de recevoir Riposte de Louisa Reid dans le cadre d’une opération Masse critique privilégiée, je n’ai pas hésité une seule seconde. Il y a trois raisons à cela : un résumé alléchant qui promettait une histoire forte sur une thématique importante, la couverture très jolie qui révèle une héroïne qui se bat et enfin, le fait que Clémentine Beauvais en soit la traductrice. Aussitôt reçu, aussitôt commencé. Le style du roman n’est pas traditionnel, il s’agit de textes courts en vers libres aux titres évocateurs. Lily en est la principale autrice bien qu’on suive en parallèle le point de vue de sa mère, Bernadette. Lily est une adolescente de seize ans très malheureuse. Elle vit dans un foyer modeste où on survit plus qu’on ne vit. En surpoids, elle est la risée de son lycée et ne peut compter sur personne d’autre qu’elle-même. Elle est victime de harcèlement scolaire et ne peut plus sortir de chez elle sans se faire insulter et même pire. Lorsque la goutte de trop fait déborder le vase, le père de Lily l’inscrit à la boxe pour qu’elle puisse à la fois se défendre et retrouver confiance en elle. On pourrait penser qu’avec aussi peu de texte, on ne pourrait pas s’attacher pleinement à Lily. Et bien, il n’en est rien. Le choix de Louisa Reid est judicieux, chaque mot a son importance et nous nous attachons immédiatement à Lily. Je me suis sentie très en colère durant cette lecture. En colère contre la bêtise humaine, le système scolaire dans lequel elle évolue et cette terrible injustice. Ce roman comporte des scènes difficiles que vivent malheureusement de nombreux élèves. Louisa Reid aborde avec sensibilité le harcèlement scolaire et la grossophobie. J’ai également été très touchée par Benardette, cette mère aimante qui culpabilise d’exister et par son mari qui fera l’impossible pour protéger sa fille. Riposte est un roman important qui permettra, je l’espère, de changer les mentalités et prouver aux filles qu’elles existent et doivent se battre. Je remercie Babelio et les éditions Bayard pour cette touchante découverte.
Riposte de Louisa Reid, paru en septembre 2022 aux éditions Bayard, 256 pages, 14,90€
C’est auprès d’elle de Dorothée Catoune
Tout commence par un bête accident. Une jeune femme entre dans une boulangerie en laissant son bébé dans la voiture, elle n’en a que pour cinq minutes. Pendant ces cinq malheureuses minutes, un véhicule va percuter le sien, stationné et le bébé sera grièvement blessé. Ce roman est scindé en deux parties. Dans la première, nous suivons tous les protagonistes touchés de près ou de loin par l’accident : la boulangère, le pompier, l’infirmier, l’assistante sociale, l’ex-compagnon, et bien d’autres. Chacun a son point de vue, souvent péjoratif concernant la jeune femme, prénommée Marie. Ils ne connaissent pas Marie ou alors très peu et apportent un jugement, tel une sentence. D’autres ont joué un rôle dans la vie de la jeune femme, sans jamais vraiment la connaître. Il faut dire que Marie est une femme mystérieuse, d’une grande beauté et les personnages, tour à tour, mettent leur petit grain de sel. Moins on connaît la personne et plus on a de préjugés envers elle ! Dans la seconde partie, c’est Marie qui parle. Elle narre son enfance, ses premiers émois, ses choix de vie qui font qu’elle est là aujourd’hui. Il s’agit presque d’un roman miroir car elle parle d’une majorité des personnages présents dans la première partie. En tant que lecteur, nous rassemblons les deux versions afin de nous constituer notre propre avis. Marie est une femme touchante qui a vécu des événements difficiles et qui a subi plutôt que d’avoir été actrice de sa propre vie. Les pages se tournent avec une rapidité déconcertante. J’ai trouvé ce roman choral original et captivant et j’ai adoré son dénouement !
C’est auprès d’elle de Dorothée Catoune, paru en septembre 2022 aux éditions de l’Archipel, 272 pages, 18€
Six ans vingt huit jours d’Antoine Raccat
Caroline et Valentin, deux trentenaires, ont formé un couple durant six ans. Séparés depuis deux ans, ils ont pratiquement coupés les ponts. Mais un beau jour, Valentin propose à Caroline de partir en voyage, en Grèce, en souvenir du bon vieux temps. Intriguée, Caroline accepte rapidement. Ce roman contient plusieurs parties. La première est consacrée au voyage, nos personnages renouent, le temps y est comme suspendu. Dans un second temps, nous faisons marche arrière et nous nous attardons sur la rencontre du couple, les premiers émois, la passion et puis, la routine, la lassitude, la distanciation avant l’inévitable rupture. Enfin, la dernière partie concerne le retour de Grèce, l’Après. J’ai aimé suivre ces deux personnages, pleins de qualités et de défauts découvrir ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre, dans les bons comme les mauvais moments. Caroline et Valentin m’ont plu, j’ai su m’identifier à eux et à ce qu’ils traversent. Ce roman n’est pas simplement une histoire d’amour, il parle de sujets graves et bien amenés. Je ne m’attendais pas à ce que l’histoire prenne une telle tournure et je dois dire avoir apprécié les choix de l’auteur qui sortent des sentiers battus. Un roman qui a su me conquérir !
Six ans vingt huit jours d’Antoine Raccat, paru en avril 2021 aux éditions Robert Laffont, 324 pages, 20€
Looking for Banksy de Francesco Matteuzzi et Marco Maraggi
Banksy est une véritable énigme contemporaine. Depuis la fin des années 90, l’artiste (ou groupe d’artistes ?) crée des œuvres urbaines. S’il y a plusieurs hypothèses plausibles, on ignore encore sa véritable identité. Looking for Banksy est un roman graphique qui se penche sur ce mystère. On rencontre une jeune femme, passionnée par Banksy qui arpente les rue londoniennes le soir, dans l’espoir de le démasquer. Un soir, ce n’est pas Banksy qu’elle rencontre mais un jeune tagueur. Ils se font arrêter par la police et écopent de travaux d’intérêt général. Nos deux héros se lient par la force des choses et la jeune femme va tout apprendre à son comparse sur l’artiste. Ce roman graphique permet à ses lecteurs de découvrir l’artiste de street art, en particulier ses techniques innovantes et ses engagements forts. J’ai trouvé très intéressant de découvrir des œuvres que je ne connaissais pas de l’artiste ainsi que le message qu’il a souhaité faire passer derrière. J’ai particulièrement aimé Slave Labour qui dénonce le travail des enfants et Flower Thrower où on voit un manifestant qui ne lance ni un projectile, ni un cocktail Molotov mais un bouquet de fleurs. Cette œuvre est un appel à la paix. Côté illustrations, j’ai trouvé qu’elles s’adaptaient parfaitement à l’univers de Banksy, un univers sombre et nocturne ainsi que des personnages qui rappellent les Comics. Pour conclure, une très belle découverte qui renforce mon attrait pour cet artiste hors normes.
Looking for Banksy de Francesco Matteuzzi et Marco Maraggi, paru en septembre 2022 aux éditions Hugo Publishing, 123 pages, 19,95€
L’unique goutte de sang d’Arnaud Rozan
J’ai lu de nombreux titres qui parlent de la Ségrégation et c’est une thématique qui m’intéresse fortement. J’ai découvert L’unique goutte de sang grâce à sa parution en format de poche. La fameuse « goutte de sang » fait référence à l’une des sordides lois Jim Crow qui part du principe qu’une seule personne de couleur noire dans l’arbre généalogique suffit à condamner toute la descendance à être considérée comme « colored » même si on a la peau blanche. Cette loi montre clairement la haine, l’absurdité et le profond racisme de cette Amérique de 1917. Sidney est un brave adolescent noir de Chattanooga. Il est victime d’une fausse accusation provenant de deux jeunes filles blanches. L’occasion est toute trouvée pour lyncher l’ensemble de la famille. Ses parents et ses sœurs meurent dans d’atroces souffrances tandis que lui réchappe à un destin funeste, grâce à un shérif qui n’approuve pas la Ségrégation. L’épopée de Sidney ne fait que commencer et elle sera semée d’embûches. L’unique goutte de sang est un roman difficile qui comprend des scènes insoutenables et malheureusement, elles ont existé. Le racisme n’a jamais disparu et le combat pour l’égalité n’est pas encore gagné. J’ai apprécié ce texte et certaines de ses scènes poétiques malgré leur noirceur. Un récit utile, pour ne jamais oublier…
L’unique goutte de sang d’Arnaud Rozan, paru en août 2022 aux éditions Pocket, 272 pages, 7,40€
Faites votre glucose révolution de Jessie Inchauspé
Vous allez peut-être vous dire « tiens, encore un livre sur les régimes ? » et bien, pas du tout ! Jessie Inchauspé est biochimiste et chercheuse en nutrition. Elle a mené des expériences sur le glucose, notamment grâce à un capteur de glucose implanté à l’arrière du bras et qui permet d’indiquer son taux de glycémie à l’instant T. Ce merveilleux outil a permis de mieux comprendre ce que le sucre provoque dans notre corps. J’ai appris des choses pertinentes sur le sujet comme le fait que l’ordre dans lequel on mange nos aliments a un impact sur notre glycémie. Ou encore, comment réaliser un bon petit-déjeuner qui permet d’éviter les pics de glycémie et nous donner de l’énergie. Ces conseils sont intéressants et on peut les mettre en application très facilement. Ce livre m’a permis de prendre conscience de l’impact du sucre sur mon quotidien et comment faire pour améliorer mon alimentation sans restrictions particulières. Un titre très utile et pas du tout rébarbatif !