Résumé

Depuis l’enfance, Ailey passe ses étés dans la petite ville de Chicasetta, en Géorgie, là où la famille de sa mère vit depuis l’arrivée de leurs ancêtres esclaves. Ailey s’est toujours battue pour son identité, combat compliqué par des traumatismes transgénérationnels, ainsi que par des chuchotements de femmes – ceux de sa mère, Belle, de sa sœur, Lydia, et d’une longue lignée matriarcale – qui poussent Ailey à accomplir ce qui leur a été refusé.

Pour se réconcilier avec qui elle est, Ailey embarque pour un voyage dans le passé de sa famille, dévoilant les récits poignants de générations d’ancêtres – autochtones, Africains, Européens – dans le Grand Sud. Ce faisant, Ailey doit apprendre à accepter son héritage, une histoire d’oppression et de résistance, de servitude et d’indépendance, de cruauté et de résilience qui cristallise l’identité même des États-Unis.

L’avis d’Audrey

Les chants d’amour de Wood Place est un roman que j’avais hâte de lire et que j’appréhendais tout autant. Du haut de ses 900 pages, il a de quoi impressionner. Mais dès les premières pages, j’ai su qu’il me plairait. Et encore, c’est un euphémisme.

Le personnage principal s’appelle Ailey. Elle est née aux Etats-Unis, en 1973. Nous allons la suivre de son enfance jusque dans les années 2000. Mais avant de connaître Ailey, le lecteur va remonter plusieurs siècles en arrière, quand les Creeks ont été dépossédés de leurs terres et que l’esclavage s’est progressivement mis en place… L’histoire d’Ailey est entrecoupée de Chants qui sont des chapitres plus poétiques sur l’histoire de ses ancêtres.

Il est difficile de résumer un roman aussi dense mais je peux vous expliquer pourquoi je l’ai tant aimé. Je me suis fortement attachée à Ailey, une femme Noire en colère, féministe, qui porte en elle un double-fardeau : les violences qu’on lui a faites personnellement et celles qu’on a pu faire à sa famille et à ses ancêtres. Ailey est la petite dernière d’une famille de trois filles. J’ai particulièrement aimé Lydia, la grande sœur cabossée et malmenée. Mais aussi le père aimant, ou encore Oncle Root et sa mémoire d’éléphant. Les thématiques sont difficiles et et peuvent heurter le lectorat mais les sujets sont extrêmement bien maîtrisés et abordés brillamment.

Les chants d’amour de Wood Place est un roman puissant qui pousse à réfléchir sur l’histoire des afro-américains mais aussi sur la condition des Noirs et surtout des femmes noires dans la société. J’ai été ébranlée par ce roman, je ne parviens pas à sortir de Chicasetta, cette bourgade fictive de Géorgie. Je ressors étourdie de cette lecture et je salue Honorée Fanonne Jeffers pour ce premier roman brillant, à lire à tout prix.

Les chants d’amour de Wood Place de Honoré Fanonne Jeffers, paru en septembre 2023 aux éditions Les Escales, 912 pages, 27€

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