Catégorie : Littérature étrangère

L’hôtel des oiseaux de Joyce Maynard

Résumé

1970. Une explosion a lieu dans un sous-sol, à New York, causée par une bombe artisanale. Parmi les écologistes apprentis terroristes décédés : la mère de Joan, six ans. Dans l’espoir fou de mener une vie ordinaire, la grand-mère de la fillette précipite leur départ, loin du drame, et lui fait changer de prénom : Joan s’appellera désormais Amelia.
À l’âge adulte, devenue épouse, mère et artiste talentueuse, Amelia vit une seconde tragédie qui la pousse à fuir de nouveau. Elle trouve refuge à des centaines de kilomètres dans un pays d’Amérique centrale, entre les murs d’un hôtel délabré, accueillie par la chaleureuse propriétaire, Leila. Tout, ici, lui promet un lendemain meilleur : une nature luxuriante, un vaste lac au pied d’un volcan. Tandis qu’Amelia s’investit dans la rénovation de l’hôtel, elle croise la route d’hommes et de femmes marqués par la vie, venus comme elle se reconstruire dans ce lieu chargé de mystère. Mais la quiétude dépaysante et la chaleur amicale des habitants du village suffiront-elles à faire oublier à Amelia les tragédies du passé ? A-t-elle vraiment droit à une troisième chance ?
Dans ce roman américain foisonnant, Joyce Maynard, avec la virtuosité qu’on lui connaît, emporte les lecteurs sur quatre décennies. Riche en passions et en surprises, L’hôtel des Oiseaux explore le destin d’une femme forte et attachante, dont la soif d’aimer n’a d’égale que celle, vibrante, de survivre.

L’avis de Cassandre

Joyce Maynard fait partie des auteurs que je lis sans consulter la quatrième de couverture au préalable. Je n’ai pas lu tous ses romans mais un certain nombre et je suis admirative de son œuvre. Avec une aussi jolie couverture et un titre onirique, je ne pouvais que succomber.

Joan était une enfant lorsqu’elle a vécu un drame familial. Elle a alors dû vivre avec sa grand-mère et changer d’identité. Elle s’appellera désormais Amélia. Devenue adulte, la jeune femme est confrontée à d’autres drames qui lui donnent envie de mettre fin à ses jours. Finalement, elle se laisse porter et entame un voyage qui la mènera dans un petit pays d’Amérique centrale (fictif), au cœur d’un petit hôtel familial.

J’ai été emballée par la première partie consacrée à l’enfance et la vie aux Etats-Unis de la narratrice. J’ai retrouvé la plume caractéristique de Joyce Maynard et son talent de conteuse. Amelia, comme le lecteur, font la rencontre d’une multitude de personnages, souvent des clients de l’hôtel. Les descriptions des décors, de la faune et de la flore ont su m’émerveiller. Si ce roman a des qualités indéniables, il y a tout de même quelques points négatifs. J’ai trouvé qu’il était assez long et que les péripéties et révélations étaient inégalement réparties. J’ai aussi eu du mal à m’attacher à l’héroïne qui a pourtant vécu de nombreux drames mais que j’ai trouvé trop naïve et effacée. Il m’a manqué un ingrédient pour que je puisse ressentir plus d’empathie à son égard.

Pour conclure, il s’agit d’un bon roman mais j’ai largement préféré Où vivaient les gens heureux, un coup de cœur d’ailleurs !

L’hôtel des oiseaux de Joyce Maynard, paru en août 2024 aux éditions 10-18, 504 pages, 9,60€

La bibliothèque des petits miracles de Freya Sampson

Résumé

Les livres que l’on emprunte à la bibliothèque peuvent en dire long sur nous… Sur Mrs B., par exemple, laquelle n’est jamais satisfaite de ses lectures. Ou sur le vieux Stanley, qui n’en emprunte jamais aucun. Tout ce petit monde gravite néanmoins autour de la bibliothèque du village, leur refuge et leur paradis. Aussi quand, faute de budget, la commune annonce sa fermeture, les habitués poussent les hauts cris. Leur seul espoir réside en June, l’employée des lieux. Timide et solitaire, la jeune femme a toujours privilégié les livres à la vie. Dans le combat qui s’annonce, à eux de lui faire préférer l’inverse…

L’avis de Cassandre

June est une assistante bibliothécaire de vingt-huit ans. Elle a pris ce job quand sa mère est tombée gravement malade, laissant de côté ses rêves et ambitions. Elle mène une vie monotone et solitaire. Et quand son emploi est menacé et que la municipalité souhaite fermer la bibliothèque, le monde de June s’effondre. Mais une bande d’habitués est bien décidée à empêcher ce malheur d’arriver.

Je dois vous avouer avoir eu une crainte en démarrant ma lecture car j’ai peiné à entrer dans l’histoire. Mais une fois quelques chapitres passés, la machine se met en branle et j’ai été agréablement surprise par ce roman. J’ai aimé la thématique de la fermeture de la bibliothèque et tout ce que cela entraîne. J’ai découvert une June très investie dans son travail. J’ai adoré cette bande d’usagers qui décide de manifester et qui a plus d’un tour dans son sac. Cela crée des situations tantôt drôles tantôt touchantes.

Pour conclure, La bibliothèque des petits miracles est un roman feel good qui se lit facilement et qui met en lumière un métier aussi beau que nécessaire à la société.

La bibliothèque des petits miracles de Freya Sampson, paru en septembre 2024 aux éditions Pocket, 400 pages, 8,60€

La maison aux sortilèges d’Emilia Hart

Résumé

2019. Kate fuit Londres pour se réfugier dans une maison délabrée dont elle a hérité. Avec son lierre et son jardin envahi par les mauvaises herbes, ce havre de paix la protège de son compagnon violent. Kate sent toutefois qu’un secret s’y tapit… 1942. Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, Violet est cloîtrée dans le domaine familial, étouffée par les conventions sociales. Elle vit avec le souvenir de sa mère, dont il ne lui reste qu’un médaillon et une inscription étrange sur le mur de sa chambre. 1619. Altha connaît les secrets des plantes, savoir ancestral transmis de mère en fille. Nombreux sont les villageois à venir lui demander de l’aide. Pourtant, quand un fermier meurt piétiné par son troupeau, tous la pointent du doigt et l’accusent de sorcellerie. Trois femmes extraordinaires séparées par quatre siècles, qui puisent leurs forces dans le pouvoir de la nature.

L’avis de Cassandre

La Maison aux Sortilèges est un roman polyphonique qui met en scène trois femmes à trois époques différentes. En 2019, Kate est une jeune femme qui vit à Londres avec Simon, son conjoint violent. Elle décide de fuir et de se réfugier dans la petite maison léguée par sa grand-tante Violet, dans la campagne anglaise. En 1942, la fameuse Violet est une enfant qui ne sait rien de sa mère, décédée quand elle était bébé. Elle est bien décidée à découvrir quels secrets lui cache son père à son sujet. Enfin, en 1619, Altha est une femme qui attend son jugement, accusée de sorcellerie…

Je suis une grande fan de ce genre de récit où on suit les destins croisés de plusieurs protagonistes, à différentes époques. Emilia Hart aborde de nombreuses thématiques, en particulier celle des violences faites aux femmes. On se rend compte qu’à chaque époque, on retrouve ce même fléau sous différentes formes. Mais l’autrice ne compte pas faire de ses personnages de simples victimes mais au contraire, des héroïnes.

La nature et le vivant prennent une place prépondérante dans le récit. Les insectes et les corneilles jouent un rôle important. Il y a d’ailleurs une petite part de fantastique dans l’histoire, j’ai beaucoup apprécié.

Le style d’écriture est fluide, le roman se lit facilement et rapidement. Les chapitres sont bien équilibrés et on s’attache à ces trois femmes. Le suspense est bien entretenu jusqu’aux révélations finales. Pour conclure, j’ai passé un très bon moment de lecture et j’espère retrouver Emilia Hart dans un prochain roman.

La maison aux sortilèges d’Emilia Hart, paru en septembre 2024 aux éditions Pocket, 504 pages, 9,50€

Big Girl de Mecca Jamilah Sullivan

Résumé

Malaya Clondon, huit ans, soixante-seize kilos. Sa mère s’obstine à la traîner chaque semaine à des réunions Weight Watchers qu’elle déteste.
Partout, son corps hors norme est montré du doigt et considéré comme un problème. À la maison, les femmes de sa famille lui font subir une pression étouffante. Sur les bancs de son école pour riches Blancs de l’Upper East Side ou dans le Harlem tumultueux des années 1990, Malaya endure critiques et discriminations. La petite fille grandit au rythme du hip-hop et devra apprendre à briser les stigmates qui entourent le corps des femmes pour enfin embrasser son propre désir

L’avis de Cassandre

Malaya est une fillette de huit ans que nous rencontrons à Harlem dans les années 1980 et que nous suivrons jusqu’à l’adolescence. Elle est décrite comme une petite fille noire et obèse. Son quotidien est rythmé par les réunions Weight Watchers, le comptage de calories, les visites chez le médecin et les disputes entre ses parents. Le poids de Malaya est l’obsession de son entourage alors même que la fillette n’en a pas conscience. Derrière l’apparence physique, se cache une Malaya qui aime peindre, écouter de la musique, jouer avec ses amis.

La mère et la grand-mère de Malaya ont elles-mêmes des problèmes de poids et ont subi les moqueries. Elles projettent sur Malaya leurs propres craintes et plus elles insistent, plus la petite fille se réfugie dans la nourriture. Mais Big Girl est avant tout un roman social qui parle de différentes formes de discriminations : la grossophobie et le racisme essentiellement. On s’attache à ce personnage principal qui essaie de trouver sa place dans une société étroite d’esprit. J’ai particulièrement aimé son père qui l’aime pour ce qu’elle est et voit en sa fille toute la lumière qu’elle dégage.

Big Girl est un roman immersif dans le Harlem des années 80-90. Mecca Jamilah Sullivan brosse des portraits de femmes étoffés et un personnage principal lumineux et déterminé.

Big Girl de Mecca Jamilah Sullivan, paru en août 2024 aux éditions Pocket, 432 pages, 9€

Dans la forêt des larmes de Glendy Vanderah

Résumé

Quand Ellis était enfant, c’est ici qu’elle courait se réfugier. Par un passage dans les buissons, elle se faufilait vers la rivière. Ce petit bois, c’était son royaume à elle. Sa Forêt Sauvage.
Aussi est-ce tout naturellement qu’elle y revient se ressourcer, bien des années plus tard, après avoir découvert l’infidélité de son mari. Est-ce sa fébrilité, le tapage des jumeaux, le cri des corbeaux ? Au moment du départ, elle oublie sur le parking la nacelle où dort sa fille. À son retour, Viola a disparu. La forêt s’est refermée sur le bébé, ne laissant, sous les branches, que des larmes. Rongée par la culpabilité, Ellis entame un long exil au coeur du bois pour se reconstruire. Car la nature est le seul remède qu’elle ait jamais connu…

L’avis de Cassandre

Ellis est mariée à un fils de Sénateur. Ils ont trois enfants : des jumeaux de quatre ans et un bébé de deux mois prénommé Viola. Leur vie vole en éclats quand Ellis oublie son bébé sur un parking et que lorsqu’elle fait demi-tour, Viola s’est volatilisée. Ellis sombre dans une profonde dépression et décide de quitter sa famille et de retourner sur les traces de sa propre enfance, à proximité de la forêt. En parallèle, nous suivons Raven, une enfant très proche de la nature, elle aussi. Deux personnages qui évoluent en parallèle, deux histoires aussi captivantes l’une que l’autre.

Quand je débute un pavé (620 pages cette fois), j’ai toujours une appréhension. Celle-ci a vite été balayée quand j’ai lu presque la moitié d’un seul coup. L’écriture de Glendy Vanderah me plaît toujours autant. J’adore sa plume, pleine de sensibilité et de délicatesse. On aborde des sujets complexes tels que la maternité, l’enfance, les adieux mais aussi la beauté et les ressources de la nature. Les descriptions des paysages m’ont fait voyager, cela m’a donné envie de partir aux Etats-Unis et de camper !

La seule retenue que j’ai pu avoir, c’est pour son dénouement un peu trop convenu qui contraste avec la dureté de la première partie.

En définitive, Dans la forêt des larmes est un beau roman qui a su me captiver du début à la fin !

Dans la forêt des larmes de Glendy Vanderah, paru en août 2024 aux éditions Pocket, 624 pages, 10,30€

Tes mots la nuit de Claire Daverley

Résumé

Josh et Rosie sont jumeaux. Leur quotidien est calme, bien réglé, ils vont au lycée dans leur petite ville du comté de Norfolk. Mais leur existence va être bouleversé lorsqu’ils rencontrent Will, un jeune garçon à la vie pas toujours facile. Will et Josh passent de plus en plus de temps ensemble – à faire leurs devoirs, à se raconter leurs secrets – et Rosie gravite autour des deux garçons, attirée malgré elle par les yeux et les paroles de l’ami de son frère. Rosie et Will sont opposés en tous points et pourtant ils vont tomber amoureux : musique des années 1990, couchers de soleil, et conversations nocturnes. Ils sont sur le point de commencer quelque chose de merveilleux. Jusqu’au jour où une tragédie les frappe et où toute possibilité d’être ensemble s’effondre.

L’avis de Cassandre

J’en lis peu mais de temps à autre, j’aime me plonger dans une romance. Avec une couverture aussi jolie et un titre énigmatique, il me tardait de me plonger dans celui-ci.

Rosie est une jeune fille de dix-sept ans. Elle a un frère jumeau, Josh avec lequel elle est fusionnelle. Elle est calme, introvertie, passionnée par la musique. Josh est plutôt sensible et travaille dur pour intégrer l’université de ses rêves. Pour y parvenir, son ami Will l’aide à réviser. Will est plutôt bad boy, il fait de la moto, fume, collectionne les relations sans lendemains. Mais quand il rencontre Rosie, ses certitudes vacillent. Nous suivons Rosie et Will sur une quinzaine d’années environ. Sur ce laps de temps, les chemins de nos héros s’entrecroisent sans réellement se percuter. Quand parviendront-ils à laisser éclore leur amour ?

Le style d’écriture de Claire Daverley est assez particulier, il n’y a pas de tirets pour les dialogues, ils s’imbriquent dans les descriptions, de même que les pensées de nos personnages. Cela est un peu déstabilisant au début mais on finit par s’habituer.

Côté intrigue, j’ai trouvé cette romance assez longue, notamment la première partie, quand nos personnages sont adolescents. J’ai préféré l’âge adulte, peut-être car je m’identifiais davantage à eux. De même, j’aurais aimé plus de rebondissements, peut-être plus de dynamisme et de passion. Il s’agit plutôt d’une romance nostalgique où on s’attarde sur le côté psychologique de Rosie et Will. J’ai d’ailleurs été touchée par leurs souffrances respectives, leurs fêlures qui les empêchent d’avancer.

Pour conclure, il s’agit d’une lecture dont je ressors assez déçue, j’aurais souhaité ressentir plus d’émotions, des frissons qui n’étaient pas au rendez-vous.

Tes mots la nuit de Claire Daverley, paru en mai 2024 aux éditions Robert Laffont, 528 pages, 22,50€

Babetta de Nina Wähä

Résumé

Katja et Lou se sont rencontrées à l’école de théâtre de Södra Latin. Meilleures amies du monde, elles rêvent d’un avenir sous les feux des projecteurs. Mais alors que Lou devient une véritable star de cinéma après le succès de la superproduction Babetta, Katja doit abandonner ses propres rêves d’actrice et suivre de loin le succès de son amie. Pourtant, leur amitié reste inchangée : les années passent et, chaque fois que Lou appelle, Katja accourt. Sous un soleil de plomb, dans une somptueuse villa du sud de la France, Katja se laisse cette fois entraîner dans les jeux de Lou et de son compagnon. Une étrange pièce de théâtre semble se mettre en place… Mais que se passera-t-il si le décor s’effondre ?

L’avis de Cassandre

Lou et Katja sont meilleures amies depuis l’enfance. Devenues trentenaires, les deux femmes ont pris des trajectoires différentes mais leur amitié persiste. Lou a eu la chance de percer dans le milieu du cinéma en interprétant le personnage principal de Babetta dans le film éponyme. Depuis, elle mène une vie luxueuse. Katja, la narratrice, est restée une personne « ordinaire » qui s’est inscrite dans un Doctorat (tout de même !). Quand Lou lui propose de quitter la Suède et de passer l’été chez elle, dans sa villa en France.

Dès le départ, nous plongeons dans une ambiance particulière. L’été est chaud, pesant (presque poisseux), les journées sont longues et s’étirent à l’infini. Dans la villa, il ne se passe finalement pas grand chose. Le roman est d’ailleurs assez contemplatif, Katja revient régulièrement sur l’histoire de leur amitié, les moments forts, les divergences, les ambiguïtés. Les chapitres sont entrecoupés par des scènes du film Babetta. Cela donne une histoire très cinématographique.

J’aime la thématique de l’amitié, surtout entre deux femmes. J’ai apprécié la manière dont Nina Wähä traite la complexité des sentiments humains, où l’amitié surfe avec l’amour, l’envie, la jalousie, l’idolâtrie. J’ai été moins convaincue par le personnage de Katja, j’aurais souhaité plus d’action de sa part, notamment face à des comportements inacceptables.

Pour conclure, il s’agit d’un roman qui se dévore sur l’amitié et sur les coulisses de la vie des stars du cinéma, pas bien reluisante ! À lire idéalement sous un soleil de plomb !

Babetta de Nina Wähä, paru en mai 2024 aux éditions Robert Laffont, 304 pages, 21€

Jeunes filles à la volière d’Eve Chase

Résumé

Lauren, Kat et Flora sont trois demi-sœurs qui partagent un père, artiste célèbre, et un terrible secret. Au fil des ans, elles se sont éloignées et mènent des vies désormais très différentes que chacune semble avoir réussie. Mais voilà que leur père doit leur faire une « annonce » et les invite en Cornouailles, à Rock Point, sa maison sur la falaise qui abritait les étés de leur enfance. C’est là que leur père a peint son tableau le plus célèbre, le portrait de ses trois filles, Jeunes filles à la volière, le fameux été de l’éclipse solaire. L’été où le pire est arrivé, où la meilleure amie de Lauren  a été retrouvée morte dans la volière. Vingt ans plus tard, au cœur de l’hiver, dans des paysages grandioses balayés par les vents, les souvenirs de cet été-là rodent. Quelqu’un dans l’ombre surveille chacun de leurs mouvements. Quelqu’un qui se souvient de ce qu’ont fait les filles du tableau. La vérité va devoir éclater, peu importe le prix à payer.
Un texte riche en rebondissements, en sombres secrets, qu’on ne lâche pas qui nous transporte dans les somptueux paysages de Cornouailles, entre lande et océan.
Le récit sans complaisance de la cruauté dont peuvent faire preuve les enfants mais aussi d’une famille qui essaie de se retrouver.

L’avis de Cassandre

Après Un manoir en Cornouailles et Les filles du manoir Foxcote que j’avais adorés, j’étais impatiente de lire ce nouveau roman d’Eve Chase.

Lauren, Flora et Kat sont demi-sœurs et partagent le même père. Lauren a été difficilement (voire peu) acceptée par ses sœurs, elle est arrivée « tardivement » dans la famille et est issue d’un milieu social plus défavorisé. Elles se voyaient donc l’été chez leur père, artiste, dans l’imposante demeure nommée Rock Point, en Cornouailles. Mais depuis le dramatique été 1999, quelque chose s’est brisé. Vingt ans après, les sœurs, devenues adultes, sont réunies par leur père qui a quelque chose à leur annoncer. Mais très rapidement, l’atmosphère se fait pesante…

J’adore les histoires mettant en scène des femmes et encore plus quand on y mêle secrets de famille et grandes demeures. C’est d’ailleurs ce que j’ai tant apprécié dans ses autres romans. Malheureusement, j’ai été moins conquise, cette fois. J’ai peiné à entrer dans l’histoire, j’ai trouvé la première moitié relativement longue et je n’ai pas su m’attacher aux héroïnes. J’ai toutefois trouvé cette histoire addictive et j’avais envie de connaître les sombres secrets de Rock Point. En terminant ce roman, j’ai ressenti une pointe de déception pour ces fameux secrets qui ne sont finalement pas très surprenants. J’aurais aimé plus d’intensité dans cette lecture.

Pour conclure, une lecture qui reste agréable mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Jeunes filles à la volière d’Eve Chase, paru en avril 2024 aux éditions Robert Laffont, 396 pages, 22€

La prochaine fois, peut-être… de Cesca Major

Résumé

Un lundi de décembre, Emma rentre épuisée dans sa maison londonienne. Entre son travail d’agent littéraire, ses enfants et ses activités multiples, elle passe ses journées à courir, et Dan, son mari, se sent de plus en plus délaissé. D’autant plus que ce lundi en question est le jour de l’anniversaire de leur rencontre. Une date importante pour Dan, mais Emma semble l’avoir oubliée…
Dan, homme d’ordinaire très calme, est à bout de nerfs et décide de sortir prendre l’air plutôt que de laisser exploser sa colère. Et ce soir-là, un drame va arriver. Rien ne sera plus jamais comme avant. Le lendemain matin, Emma se réveille, et c’est à nouveau lundi. Le jour suivant, encore ce même lundi…
Passée la stupéfaction, Emma va voir en cet étrange phénomène un moyen de changer son destin et celui de sa famille. Parviendra-t-elle enfin à devenir qui elle veut être vraiment, et à vivre en harmonie avec son mari la vie qu’ils s’étaient promise ?

L’avis de Cassandre

Après avoir lu de nombreuses chroniques positives, je ne pouvais faire qu’une chose : me ruer en librairie et me l’offrir !

Emma et Dan se sont rencontrés il y a quinze ans, dans le métro londonien. Après quelques rendez-vous, une véritable histoire d’amour est née. Nous retrouvons le couple désormais quadragénaire, marié et parents de deux enfants. Chaque année, le 6 décembre, ils célèbrent le jour de leur rencontre et s’écrivent mutuellement une lettre. C’est l’occasion de rappeler à l’autre qu’on l’aime et revenir sur l’année écoulée. Mais aujourd’hui, Emma, agent littéraire overbookée a clairement oublié cet anniversaire, le soir-même, un drame survient. Et le lendemain, Emma revit cette fameuse journée, encore et encore…

Si les romans (et films) sur les boucles temporelles sont assez répandus, Cesca Major parvient à nous surprendre avec cette histoire inoubliable. J’ai été conquise par nos deux personnages. Nous suivons exclusivement le point de vue d’Emma où les chapitres sont entrecoupés par les lettres que Dan lui a adressée, d’année en année. Cela permet de retracer l’histoire du couple, les premiers émois, l’attachement, la passion, la vie de famille, les discordes et puis, la routine qui s’installe. L’écrivaine retranscrit ce que chaque couple peut vivre. Elle dépeint notamment une héroïne submergée, qui s’oublie et qui oublie sa famille. Ce roman nous rappelle qu’on passe souvent à côté de l’essentiel et qu’on ne profite pas assez de l’instant présent, à juste titre.

Que dire de plus si ce n’est que j’ai dévoré ce roman en un après-midi et qu’il a su me faire verser quelques larmes ? Ce texte est poignant, bouleversant et a su me prendre aux tripes jusqu’aux toutes dernières lignes. Je vous le confie, c’est un coup de cœur !

La prochaine fois, peut-être… de Cesca Major, paru en février 2024 aux éditions Le Cherche-Midi, 456 pages, 22,50€

Le Réseau Jane de Heather Marshall

Résumé

Trois femmes. Trois époques. Un seul combat.
Evelyn, elle, n’a pas eu le choix. Dans les pieuses années 1960, les filles-mères étaient envoyées en foyer où, après avoir accouché, leur bébé leur était retiré. Vingt ans plus tard, c’est à un réseau clandestin, le réseau Jane, que Nancy, jeune étudiante de Toronto, se voit contrainte de s’adresser. Et puis il y a Angela, qui ne peut pas avoir d’enfants dans un monde où l’avortement est enfin devenu un droit… Mais pour combien de temps ?
Ces trois femmes l’ignorent encore, mais elles partagent plus que des convictions : une histoire commune…

L’avis de Cassandre

Le Réseau Jane est l’histoire de trois Canadiennes aux destins croisés. Nous rencontrons d’abord Evelyn Taylor, en 1960. La jeune femme est enceinte et son fiancé étant décédé, ses parents la placent dans un foyer religieux. Elle y passera sa grossesse, devra accoucher et confier l’enfant à l’adoption et pourra rentrer chez elle par la suite. Mais rien ne se passe comme prévu et les jeunes femmes (ou filles) vivent dans des conditions révoltantes. Plusieurs années plus tard, nous retrouvons Evelyn, devenue médecin. En parallèle, nous suivons Nancy dans les années 1980 qui fera la rencontre d’Evelyn. Enfin, en 2017, Angela découvre une lettre perdue depuis dix ans à l’attention de Nancy qu’elle ne connaît pas.

Si l’avortement est l’une des thématiques du roman, ce sujet n’en est cependant pas le principal. Le Réseau Jane est un roman sur la maternité et sur les femmes. On y parle du droit des femmes, de celui de disposer de leur propre corps, de choisir ou non la maternité et de s’affranchir du patriarcat. Le destin de ces femmes est terrible et m’a fait réfléchir sur les combats d’hier et ceux d’aujourd’hui. Elles ont vécu dans un passé pas si lointain et qui est si révoltant ! Je me suis attachée aux trois femmes et j’ai été émue par leur histoire.

Le Réseau Jane est un récit fictif qui s’appuie toutefois sur des témoignages, notamment concernant les foyers où les femmes n’étaient pas pensionnaires mais détenues ou encore la légalisation de l’avortement. Un roman poignant et bouleversant !

Le Réseau Jane de Heather Marshall, paru en mars 2024 aux éditions Pocket, 448 pages, 9€