Résumé
Le Sud n’a pas changé. Ce constat, Titus Crown y est confronté au quotidien. Ancien agent du FBI, il est le premier shérif noir à avoir été élu à Charon County, la terre de son enfance. Mais pour la communauté qu’il a juré de servir, la ligne Mason-Dixon existe toujours bel et bien, et Charon County est au sud de celle-ci. Et si l’élection de Titus a fait la fierté de son père, elle a surtout provoqué la colère des Blancs, qui ne supportent pas de le voir endosser l’uniforme, et la défiance des Noirs, qui le croient à la solde de l’oppresseur. Bravant les critiques, Titus tente de faire régner la loi dans un comté rural frappé par la crise des opioïdes et les tensions raciales. Jusqu’au jour où Lattrel, un jeune Noir, tire sur M. Spearman, le prof préféré du lycée, avant de se faire abattre par la police. Fanatisme terroriste, crient les uns. Énième bavure policière, ripostent les autres. À mesure que les dissensions s’exacerbent, Titus est lancé dans une course contre la montre pour découvrir la vérité.
L’avis de Cassandre
On ne tarit pas d’éloges sur S. A. Cosby et après avoir refermé Le sang des innocents, j’en comprends les raisons.
Dans le comté fictif de Charon, au Sud des États-Unis, nous rencontrons Titus, premier shérif noir des lieux. Sa nomination a suscité de nombreuses réactions, haine de la part des Blancs racistes, dédain de la part de certains Noirs qui l’accusent d’avoir « changé de camp » et pour d’autres encore, l’indifférence. Il règne donc un climat poisseux à Charon et chaque action de Titus entraine son lot de conséquences. Alors, quand une fusillade éclate au lycée, notre shérif n’aura pas le droit à l’erreur. Et quand il tire sur le fil de cette « presque banale » fusillade, c’est toute une pelote de purin qui vient avec…
Je ne m’attendais pas à aimer autant ce roman. En premier lieu, son personnage principal est admirable. Titus est un ex-agent du FBI qui est retourné sur sa terre natale pour épauler son père en convalescence. Est-ce bien la seule et unique raison de ce changement radical de carrière ? Titus est un homme qui se bat pour sa ville du Sud où Blancs et Noirs peinent toujours à cohabiter. A Charon, vivent des détraqués, des alcooliques, des fanatiques religieux, des péquenauds. Et pourtant, on perçoit l’espoir qu’il y place et son envie de faire le bien derrière l’insigne étoilé. Titus est un homme fort, intelligent, qui dissimule des fêlures, ne le rendant que d’autant plus attachant. Et sans oublier ses réparties dont je me suis délectée.
Le second point positif, c’est l’écriture immersive de Cosby. J’ai cru en cette ville, criante de vérité. Elle symbolise ce que les hommes ont de pire et de meilleur en eux. C’est aussi le reflet d’une Amérique fracturée qui porte les stigmates de l’esclavage et de la ségrégation. L’auteur arrive à retranscrire énormément cette ambiance particulière et moite.
Enfin, j’ai aimé ce mélange de roman noir, polar mais aussi roman social. Pour toutes ces raisons, Le sang des innocents est un coup de cœur. Il ne me reste plus qu’à découvrir les précédents romans de l’auteur !
Le sang des innocents de S. A. Cosby, paru en janvier 2025 aux éditions Pocket, 496 pages, 9,50€