Mississippi, 1927. Gonflé par les pluies diluviennes, le fleuve menace de détruire les digues qui protègent la région et d’engloutir le petit hameau de Hobnob, où les agents fédéraux Ted Ingersoll et Ham Johnson enquêtent sur la disparition de deux collègues venus arrêter un trafiquant d’alcool.
Au cœur de ce paysage d’apocalypse, ils découvrent un bébé abandonné, qu’Ingersoll – lui-même orphelin – confie par hasard à Dixie Clay Holliver. Sans se douter que la jeune femme est le plus grand bootlegger du comté, et peut-être la dernière aussi à avoir vu les deux agents en vie…
Chantre de la littérature du Sud, Tom Franklin, auteur de La Culasse de l’enfer, unit ici sa voix à celle de son épouse, la poétesse Beth Ann Fennelly. Dans le contexte dramatique de la Prohibition et de l’une des plus grandes catastrophes naturelles de l’histoire des Etats-Unis, ce roman est tout autant la fresque d’une époque que d’un lieu où la beauté côtoie chaque jour le danger.
L’avis de Cassandre
L’histoire se déroule en 1927, dans la bourgade fictive nommée Hobnob, dans le Mississippi. Nous sommes en plein dans la prohibition, et qui dit interdiction de commercialiser de l’alcool dit aussi enfreindre la loi. On trouve donc des bootleggers un peu partout qui fabriquent eux-mêmes de l’alcool et le commercialisent. Les agents du fisc sont bien déterminés à les trouver et à démanteler leurs réseaux. Dans ce roman, nous suivons Dixie Clay, un petit bout de femme d’une vingtaine d’années, mariée à Jesse, un sale type. Quelques temps après son mariage, elle a compris d’où provenait l’argent de son mari et, résignée, lui a proposé de fabriquer l’alcool pendant que lui, se chargerait de la commercialisation. Mais, parallèlement, deux agents du fisc sont chargés d’enquêter à Hobnob et de débusquer les bootleggers…
Même si je sais de quoi il s’agit, j’avoue ne pas trop connaître la période de la prohibition aux États-Unis. Étant de nature curieuse, il me tardait d’en apprendre davantage à travers ce roman. Il y a une certaine ironie d’ailleurs, car les agents doivent absolument arrêter les trafiquants d’alcool et, pendant ce temps, suite aux intempéries, l’eau du Mississippi monte et menace de tout inonder. On chasse l’alcool et on repousse l’eau !
Si la ville et les personnages sont fictifs, l’époque et la crue du Mississippi sont bel et bien réelles ! Il s’agit de la pire inondation de l’histoire des États-Unis qui a touché pas moins de 6 états ! Dans le roman, l’eau monte et la pluie ne s’arrête pas. Tout est boueux et on sent les tensions qui montent, la peur qui s’insinue chez les habitants. On se doute que la catastrophe est imminente…
(Image : l’Arkansas, vue du ciel en 1927)
Dans la colère du fleuve est un roman absolument magnifique. J’ai été conquise par l’histoire et ravie d’apprendre des choses que j’ignorais. Mais, par dessus tout, ce sont les personnages que j’ai adorés. Dixie Clay est jeune, petite mais forte. Elle n’a pas peur de réaliser le travail d’un homme, elle sait tirer au fusil et ne se laisse pas faire. Elle m’a touchée par son histoire. Celle d’une femme mariée à seize ans avec l’homme qu’elle croyait idéal et qui est tout simplement une ordure incapable de la rendre heureuse. Il ne l’écoute pas, se fiche que leur bébé soit mort, la trompe sans regrets et j’en passe. Son destin va changer quand elle va rencontrer l’agent du fisc Ingersoll qui est bien sûr sous couverture et qui ne se doute pas non plus qu’il vient de croiser celle qui distille l’alcool… Ingersoll est un homme qui a vécu la première guerre mondiale en France et qui a gardé sa sensibilité. Il sera partagé entre les sentiments et le sens du devoir, un affreux dilemme…
Je ressors de cette lecture époustouflée. J’ai tout aimé, l’aspect historique, les personnages, la pression du fleuve qui commence à déborder. J’ai été immergée dans cette histoire, me demandant comment les personnages se sortiraient de cette situation mais aussi s’ils s’en sortiraient tout simplement ! J’espérais pour eux une fin heureuse. L’écriture est splendide et ce récit à quatre mains est plus que réussi. Un roman que je n’oublierai pas, lisez-le, je vous en conjure !
Dans la colère du fleuve de Tom Franklin et Beth Ann Fennelly, paru le 3 mars 2015 aux éditions Albin Michel, 432 pages, 22,90€
La période me tente bien mais l’intrigue un peu moins. Toutefois, je me laisse convaincre avec ta belle chronique !
Je suis très curieuse de découvrir ce livre !!
Ah celui-là est sur ma wish list. Ta chronique me confirme qu’il faut absolument que je le lise !
Oh que oui 😀
Comment dire en un commentaire ? Ta chronique est magnifique <3
Merci Léa <3
J’ai envie d’une seule chose : aller l’acheter 😀 Il a l’air vraiment top top !
Je ne suis pas vraiment tenté ^^